Catégorie : Africa business

  • Sonatrach : La raffinerie d’Augusta améliore ses performances

    Sonatrach : La raffinerie d’Augusta améliore ses performances

    La raffinerie d’Augusta (Italie) a enregistré un chiffres d’affaires de 7,2 milliards d’euros en 2022 pour un volume de production qui a atteint durant la même période 7,9 millions de tonnes de carburants et d’autres produits pétroliers, a indiqué ce mardi un communiqué du groupe Sonatrach, à l’occasion de la visite de travail effectuée par son PDG, Toufik Hekkar, ayant duré deux jours.

    «Au cours du premier jour de la visite, les opérateurs de la raffinerie de pneus ont fait une présentation détaillée des réalisations enregistrées en 2022, où le niveau de production a atteint 7,9 millions de tonnes de carburant et autres produits pétroliers, et un chiffre d’affaires de 7,2 milliards d’euros, par rapport à des coûts d’exploitation qui se sont élevés à 6,8 milliards d’euros », lit-on dans le communiqué de Sonatrach, propriétaire de cette raffinerie en Sicile depuis 2018.

    Le chiffre d’affaires de la raffinerie était de 4,3 milliards d’euros en 2021 et de 2,3 milliards d’euros l’année d’avant

    «La raffinerie a également atteint des indicateurs de performance positifs dans les domaines de l’exploitation, de la sécurité et de la préservation de l’environnement, ce qui a amélioré son classement en ce qui concerne l’indice de durabilité », se félicite les dirigeants du groupe national, dont la visite était l’occasion d’examiner «les projets inscrits dans le plan de développement de la raffinerie liés à la préservation de l’environnement et du climat, notamment un projet de traitement et de réutilisation de l’eau résultant des opérations de raffinage, ainsi qu’un projet de remplacement des anciens équipements utilisant du gaz par des équipements électriques modernes en afin de réduire les émissions de carbone ».

    D’une capacité de production de 9,1 millions de tonnes par an, la raffinerie d’Augusta a été rachetée par Sonatrach au groupe américain Exxon Mobil pour la somme de un milliard de dollars.

    Ce complexe est composé de plusieurs unités de raffinage primaire et de transformation de produits semi-finis, ainsi que d’une capacité de stockage de 3 millions de mètres cubes, grâce aux 280 réservoirs dont dispose la raffinerie. La capacité de stockage de trois dépôts de produits pétroliers installés dans cet immense complexe est d’environ 140 000 mètres cubes.

    Sophia Rais

  • Prix des produits énergétiques : L’Algérie 2ème pays au monde où le gaz est moins cher et 3ème pour les carburants

    Prix des produits énergétiques : L’Algérie 2ème pays au monde où le gaz est moins cher et 3ème pour les carburants

    Dans un contexte où les tensions s’exacerbent sur les prix des carburants à la pompe, notamment en Europe, l’Algérie se distingue dans le peloton de tête des pays où les prix des produits énergétiques dans leur diversité sont parmi les plus bas à l’échelle mondiale, à l’exception de l’électricité.

    C’est ce qu’indique la plateforme spécialisée dans le suivi des prix de l’énergie dans le monde Global Petrol Prices (GPP) dans son nouveau baromètre basé sur les prix relevé dans près de 170 pays, publié au courant de ce mois de septembre.

    Pour le GPL (gaz de pétrole liquéfié), c’est l’Algérie qui pratique ainsi le tarif le moins cher au monde, estimé à à 0,66 dollar/litre, alors que le classement est clôturé par des pays européens comme l’Espagne, la France, l’Allemagne, la Suède et la Suisse où les prix de ce type de carburant est le plus cher à l’échelle de la planète, se situant entre 1,002 et 1,278 dollar/litre. Entre le prix le plus bas pratiqué en Algérie et le plus élevé en Suisse, la moyenne mondiale du GPL actuellement se situe à 0,71 dollar/litre.

    Pour les analystes de GPP, ces variations des tarifs pratiqués pour ce type de carburant ne sont pas liées directement aux fluctuations des cours du pétrole et du gaz sur le marché mondial, mais beaucoup plus en raison «de diverses taxes et subventions pour le GPL», car, estiment-ils, « tous les pays ont accès aux mêmes prix du gaz naturel sur les marchés internationaux, mais ils imposent des taxes différentes ».

    Le prix du gaz naturel pratiqué en Algérie, que ce soit pour les ménages ou pour les entreprises, est aussi le moins cher au monde, note la plateforme. Avec 0,003 dollar/kWh, l’Algérie est le deuxième pays à l’échelle mondiale où le tarifs du gaz est le plus bas, derrière l’Iran où le kWh est coté à 0,001 dollar seulement pour les ménages et il est fourni gratuitement (zéro dollar) pour les entreprises, selon la même source.

    A l’autre bout du classement, le prix le plus élevé du kWh fourni aux ménages est enregistré en Suède, avec 0,431 dollar et aux Pays-Bas pour le gaz fourni aux entreprises, où il coûte 0,277 dollar. 

    Pour ce qui est de l’essence, l’Algérie est à la troisième place mondiale et deuxième en Afrique où le prix est parmi les plus bas, avec 0,335 dollar/litre, au même titre que le Venezuela, derrière l’Iran où l’essence est également le moins cher au monde (0,029 dollar/l) et la Libye (0,031 dollar/l), tandis que le tarifs le plus élevé à l’échelle planétaire est enregistré à Hong Kong, avec 3,093 dollars/litre. Ainsi, la moyenne mondiale du prix de l’essence est actuellement à 1,37 dollar/litre, relève la plateforme GPP.

    24ème place pour l’électricité

    Cependant, l’Algérie remonte à la 6ème place mondiale lorsqu’il s’agit du prix du diesel, un carburant aussi utilisé que l’essence, mais vendu à un tarif moins élevé, avec 0,212 dollar/litre.

    Pour ce type de carburant, l’Algérie est devancée par le Venezuela, enregistrant le prix du diesel le moins élevé au monde, avec 0,004 dollar/litre seulement, suivi de l’Iran (0,006 dollar/l), la Libye (0,031 dollar/l), l’Angola (0,163 dollar/l) et l’Arabie saoudite (0,2 dollar/l). A l’échelle continentale, l’Algérie arrive ainsi à la 3ème place des pays où le prix du diesel est moins élevé en Afrique.

    Au même titre que pour l’essence, le tarif le plus élevé du diesel est enregistré à Hong Kong, où il atteint 2,928 dollar/litre selon le baromètre de Global Petrol Prices, faisant ressortir donc une moyenne mondiale de 1,3 dollar/litre.

    Enfin, l’électricité est le produit énergétique où le prix est relativement élevé en Algérie, que ce soit pour les ménages ou pour les entreprises. Pour ce type de produit, l’Algérie arrive ainsi à la 24ème place mondiale des pays où les tarifs sont bas, avec 0,039 dollar/kWh.

    Pour l’électricité, ce sont les pays sans ressources énergétiques abondantes qui se distinguent paradoxalement avec des tarifs les plus bas au monde, à l’exception de l’Iran, qui arrive à la 2ème place mondiale, avec 0,002 dollar/kWh, alors que le Liban arrive en tête du classement de GPP, avec un prix de 0,001 dollar/kWh et la Syrie à la 3ème place, avec 0,005 dollar/kWh, tandis que le prix de l’électricité le plus élevé est enregistré en Italie, avec 0,767 dollar/kWh.

    Au niveau africain, l’Algérie arrive à la 9ème place des pays où le prix de l’électricité est moins élevé derrière l’Ethiopie (0,006 dollar/kWh), le Soudan (0,008 dollar/kWh), la Libye (0,01 dollar/kWh), l’Angola (0,014 dollar/kWh), le Zimbabwe (0,015 dollar/kWh), la Zambie et l’Egypte (0,027 dollar/kWh) ainsi que le Nigéria (0,029 dollar/kWh).

    M. Naïli

  • Elle devient membre à part entière du G20 : Beaucoup reste à faire en Afrique pour dynamiser les économies nationales

    Elle devient membre à part entière du G20 : Beaucoup reste à faire en Afrique pour dynamiser les économies nationales

    Après plusieurs années d’appels à une représentativité effective au sein des organisations et institutions internationales, le continent africain vient de se faire une place sur l’échiquier mondial avec son intégration officielle au G20, dont le sommet vient d’ouvrir ses travaux ce samedi 9 septembre dans la capitale indienne, New Delhi, et se poursuivront demain dimanche.

    «Avec l’approbation de tous, je demande au chef de l’UA (Union africaine, ndlr) de prendre place en tant que membre permanent du G20», a lancé le Premier ministre indien, Narendra Modi, ce matin dans son discours d’ouverture des travaux du sommet de New Delhi.

    Représentée par le président comorien, Azali Assoumani, qui assure sa présidence tournante, l’Union africaine a donc siégé dès le début des travaux du sommet en qualité de nouveau membre à part entière du groupe, dont l’intégration a été approuvée à l’unanimité par l’ensemble des 20 membres (19 pays et l’Union européenne), y compris la Chine et les Etats Unis.

    Réagissant à l’annonce de l’acceptation de l’UA en tant que membre du G20, le président de la Commission africaine, Moussa Faki Mahamat, n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction : «Je me réjouis de l’entrée de l’UA au G20. Cette adhésion, pour laquelle nous nous sommes mobilisés, offrira un cadre propice pour amplifier le plaidoyer en faveur du continent et pour sa contribution efficace à relever les défis mondiaux», a écrit ce matin le président de la Commission africaine sur son compte X, anciennement Twitter.

    Avec une population estimée à quelque 1,4 milliard d’habitants et qui attendrait les 2 milliards de personnes à l’horizon 2050, dont plus de la moitié dans la tranche d’âge de moins de 30 ans, l’Union africaine représente donc un potentiel démographique déterminant pour l’économie mondial, étant un marché de consommation de premier ordre et un gisement de main d’œuvre d’une grande importance pour le fonctionnement de la machine productive au sein du continent et dans le monde.

    600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité

    Cependant, prise dans son ensemble, l’Union africaine est désormais dans le top 10 des pays membres du G20 au PIB le plus important. Sur la base de données de 2022, l’UA arrive ainsi au 8ème rang, avec un PIB de 3 000 milliards de dollars, derrière les Etats Unis, en tête du classement, avec près de 30 000 milliards de dollars, suivis respectivement de la Chine, l’Union européenne, le Japon, l’Allemagne, l’Inde et la Grande Bretagne.

    En revanche, scrutée de près, les performances économiques de l’Union Africaine sont mitigées lorsqu’elles sont analysées pays par pays. Parmi les 55 Etats membres de l’UA, plusieurs économies en effet laissent apparaitre des disparités et des signes de vulnérabilités importants, contrairement aux 19 autres pays membres du G20, dont les performances sont prouvées.

    En d’autres termes, à l’exception de certains pays, dont les économies font preuve d’un certain dynamisme, à l’instar de l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Algérie, l’Egypte ou l’Ethiopie entre autres, beaucoup de pays du continent demeurent confrontés à de lourdes difficultés de pauvreté, de surendettement ou de retards criants en matière d’infrastructures ou de développement dans des secteurs aussi stratégiques comme la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable ou l’assainissement.

    Lorsque l’on sait que, comme il vient d’être rappelé mercredi dernier dans la déclaration finale du sommet de Nairobi sur le climat, qui s’est tenu du 4 au 6 du mois courant dans la capitale Kenyane, «600 millions de personnes en Afrique n’ont toujours pas accès à l’électricité, tandis que 970 millions n’ont pas accès à une cuisine propre», ou encore, «bien que l’Afrique dispose d’environ 40% des ressources mondiales en énergies renouvelables, seuls 60 milliards de dollars, soit 2% des 3 000 milliards de dollars d’investissements dans les énergies renouvelables au cours de la dernière décennie, sont allés à l’Afrique », il est bien clair que l’intégration d’espaces de concertation et de décision sur les grandes questions qui façonnent le fonctionnement de l’économie mondiale comme le G20 est loin d’être une fin en soi pour le continent africain.

    Bien au contraire, l’intégration au G20 appelle le continent à intensifier davantage les efforts de modernisation des économies locales, la valorisation des ressources naturelles et matières premières dont il jouit afin d’en faire un levier de croissance et de rendre effective l’intégration régionale à laquelle il aspire, à travers notamment la mise en place de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine), qui, depuis son lancement en janvier 2021, peine encore à prendre forme d’un réel espace de libre circulation de marchandises et de personnes.

    R.N

  • Sommet de Nairobi sur le climat : Un test crucial pour la capacité de l’Afrique d’unifier ses rangs en perspective de la COP28

    Sommet de Nairobi sur le climat : Un test crucial pour la capacité de l’Afrique d’unifier ses rangs en perspective de la COP28

    Les travaux du sommet africain sur le climat viennent de s’ouvrir ce lundi à Nairobi, capitale Kenyane, avec la participation de plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement du continent, des experts, des entreprises économiques, des institutions internationales et régionales ainsi que des acteurs de la société civile activant contre le réchauffement climatique et se poursuivront jusqu’à mercredi.

    Placé sous le thème «stimuler la croissance verte et les solutions de financement climatique pour l’Afrique et le monde», le sommet de Nairobi se présente comme une étape cruciale pour le continent africain en perspective du rendez-vous annuel de la Conférence pour le climat, COP28, prévue cette année à Dubaï, aux Emirats arabes unis, du 30 novembre au 12 décembre prochains.

    Au sommet qui s’ouvre aujourd’hui, l’objectif pour les pays africains est en effet d’accorder leurs violons pour faire bloc et parler d’une seule voix lors de la prochaine COP pour faire entendre leur cause et rappeler surtout à la communauté internationale ses engagements pour accompagner le continent dans la mise en place de stratégies de lutte contre les effets dévastateurs du dérèglement climatique, dont il est le plus affecté, alors que les économies africaines ne participent qu’à peine à 6% à l’émission des gaz à effet de serre (GES).

    Face aux défis qu’imposent donc les changements climatiques, le volet qui tend à devenir un nœud gordien entre l’Afrique et les pays industrialisés est sans doute le financement des initiatives climatiques. Car, en dépit des engagements pris lors de la conférence de Paris en 2015, et réitérés depuis chaque année, la mobilisation des fonds nécessaires pour aider le continent africain à endiguer l’impact des changements climatiques reste à son point mort.

    En 2022, le groupe de recherche Climate Policy Intitiative, une Organisation luttant contre les effets des changements climatiques basée en Californie, aux Etats Unis, a révélé que sur la moyenne de 280 milliards de dollars sur lesquels la communauté internationale s’est engagée pour appuyer les initiatives climatiques de l’Afrique durant la période 2020-2030, il n’y a que 30 milliards de dollars qui ont été mobilisés jusqu’à  présent.

    Le secteur privé ne participe aux actions climatiques qu’à hauteur de 13%

    L’an dernier, lors de la CO27, qui s’est tenue à Charm el-cheikh, en Egypte, après d’âpres discussions, un accord a été certes trouvé pour la création d’un fonds financier destiné aux pays vulnérables touchés par les effets du dérèglement climatique, mais la mobilisation des financements nécessaires demeure confrontée au scepticisme des puissances industrielles qui, pourtant, sont à l’origine de l’émission de plus de 90% des gaz à effet de serre.

    C’est pourquoi donc la question de financement des initiatives climatiques en Afrique constituent l’enjeu central du sommet de Nairobi, comme vient de le préciser l’ONG ClimateWorks, estimant que « Nous nous approchons d’un moment crucial dans le calendrier climatique de cette année.

    Le rendez vous de Nairobi est voulu pour un nouveau pacte financier mondial a généré de l’élan, mais peu d’actions concrètes (ont été réalisées) pour ré-imaginer le système financier international afin de lutter contre l’inégalité et les changements climatiques », ou le responsable d’une autre ONG basée en Afrique de l’Ouest, activant aussi dans le domaine de la lutte contre les effets des changements climatiques, qui déclare, au sujet du sommet de Nairobi auquel il prend part, « pas question de se réunir et que tout cela n’aboutisse à rien, comme souvent lors de ces réunions ».

    Pour sa part, le président kényan, William Samoei Ruto, dont le pays accueille le sommet, insiste que « l’action climatique n’est pas un problème du Nord ni un problème du Sud. C’est un défi collectif, et il nous concerne tous. Nous devons nous rassembler pour trouver des solutions communes et mondiales».

    Le même constat est partagé par l’Organisation des nations unies, dont le secrétaire général prend part aux travaux du sommet de Nairobi. « Les phénomènes météorologiques extrêmes dont l’accélération de la désertification, l’érosion des côtes, l’extinction des espèces et la perte de l’habitat, ont des effets dévastateurs sur les économies africaines», estime l’organisation onusienne.

    Au-delà du manque de dynamisme auprès des pays industrialisés pour accompagner l’Afrique dans sa lutte contre les effets du dérèglement climatique, le défi majeur endogène au continent est la mise en place de politiques climatiques impliquant davantage le secteur privé.

    Les constats établis relèvent en effet que le secteur privé africain ne contribue qu’à hauteur de 13% aux actions climatiques, alors que dans des pays comme le Canada, sa contribution atteint 96%.

    M. Naïli

  • Elles représenteront 850 millions de la population du continent en 2050 : Les jeunes catégories africaines au centre des enjeux de la Zlecaf

    Elles représenteront 850 millions de la population du continent en 2050 : Les jeunes catégories africaines au centre des enjeux de la Zlecaf

    En plus de l’intégration régionale et la dynamisation des échanges intra-africains, qui est son objectif primordial, la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine) présente d’importantes opportunités en matière d’ouverture de nouvelles perspectives pour les franges jeunes de la population africaine, considérant sa capacité à transformer le sort de ce «dividende démographique».

    Compte tenu de son importance, la question vient d’être soulevée au sein de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), lors d’un entretien réalisé avec la directrice marketing et des études de marché auprès d’Africa Field Agents (AFA), une société de marketing et d’études de marché basée à Nairobi, au Kenya, Julie Kubia, dans le but de «comprendre les opportunités et les obstacles que rencontrent les jeunes dans la mise en œuvre de la Zlecaf».

    En tout cas, cette catégorie de la population africaine représente un paramètre non moins stratégique lorsque l’on sait que le continent est composé à 70% de populations de 18-35 ans, constituant ainsi un levier important pour l’accélération de la croissance et l’industrialisation de l’Afrique, tandis que, les projections de la Banque africaine de développement (BAD) tablent sur une population africaine qui comprendra 850 millions de jeunes à l’horizon 2050 et 50% des 2 milliards d’Africains en âge de travailler qui seront atteint en 2063.

    Pour ce qui est de la Zlecaf, son caractère stratégique réside dans les 55 pays membres qui la composent, avec une population de 1,3 milliard d’habitants et les quelque 3 400 milliards de dollars de PIB (Produit intérieur brut) qu’elle est en mesure de générer, ce qui fait d’elle l’espace de libre-échange le plus important dans le monde de par son étendue.

    C’est ainsi que la Zlecaf jouit de capacités avérées pour stimuler le commerce intra-africain, à travers l’élimination des barrières tarifaires et non-tarifaires, l’investissement, les droits de propriété intellectuelle, de nouvelles règles pour l’instauration d’une concurrence loyale et autres.

    Les femmes et les jeunes majoritaires à la tête des PME et start-up

    Lors de cet entretien avec la responsable d’AFA, la Commission économique pour l’Afrique a d’emblée soulevé la question des opportunités commerciales qu’offre la Zlecaf aux jeunes. Dans sa réponse, la responsable d’Africa Field Agents a noté que «la suppression des barrières (tarifaires et non-tarifaires) signifie beaucoup pour les jeunes qui sont souvent à la recherche de nouveaux marchés et de nouveaux clients. Ils ont l’esprit d’entreprise, ils sont ouverts d’esprit et voient le risque différemment. L’accord est motivé par un esprit d’entreprise, permettant aux jeunes Africains de commercer librement à travers les frontières et d’accéder à de nouveaux marchés»

    « Mais il s’agit également d’augmenter les opportunités d’emploi dans le secteur manufacturier et d’exploiter de nouvelles chaînes de valeur dans l’agriculture ou les technologies, car la Zlecaf encourage également l’investissement et l’industrialisation. De nouvelles compétences vont émerger et de nouvelles opportunités également», fait remarquer la responsable d’AFA.

    Dans un autre volet concernant la promotion des jeunes et des femmes au sein du nouvel espace de la Zlecaf, la responsable d’AFA, Julie Kubia, estime la mise en place d’un protocole spécifique à ces deux catégories de la population africaine primordial.

    «Le Protocole est essentiel pour la promotion des femmes et des jeunes (qui représentent 50% chacun de la population du continent), car ils sont majoritaires à la tête de petites entreprises (PME et start-up). En veillant à ce que les femmes et les jeunes participent activement au commerce sur ce continent, nous ouvrons la voie à une croissance économique inclusive. Il n’y a pas d’autre choix que de se concentrer sur les femmes et les jeunes, ils sont le présent et l’avenir».

    Evoquant la lancinante question des défis auxquels les jeunes africains sont confrontés au sein du nouvel espace commercial du continent, Mme Kubia relève que « l’un des principaux défis auxquels sont confrontés les jeunes entrepreneurs en Afrique est l’accès limité au capital et au financement. De nombreux jeunes entrepreneurs ont du mal à obtenir le soutien financier nécessaire pour lancer et pérenniser leur entreprise. Les institutions financières traditionnelles exigent souvent des garanties ou de longs antécédents de crédit, ce qui constitue un obstacle pour de nombreux jeunes entrepreneurs en herbe qui n’ont peut-être pas accès à ces fonds ».

    Pour y remédier, elle estime que «nous avons besoin d’un meilleur accès au financement national. Nous avons également besoin de systèmes bancaires adaptés à cette génération, qui doivent radicalement changer leur compréhension du risque. Nous ne prospérerons pas en tant que continent si nous continuons à utiliser les anciens modèles d’évaluation des risques».

    M. Naïli

  • Evolution de la production de gaz et énergies renouvelables : Perspectives favorables pour l’Algérie et le continent africain à l’horizon 2035

    Evolution de la production de gaz et énergies renouvelables : Perspectives favorables pour l’Algérie et le continent africain à l’horizon 2035

    La production de gaz devrait connaitre une croissance relative à l’horizon 2027 en Algérie, qui fait partie aussi des pays d’où proviennent 80% des volumes produits en Afrique, aux côtés de l’Egypte et l’Angola.

    C’est ce que vient d’affirmer la Chambre africaine de l’énergie (CAE) dans un nouveau rapport, intitulé «The State of African Energy Q2 2023 Outlook», (l’état de énergie africaine, perspectives du deuxième trimestre 2023).

    Après l’analyse du secteur gazier dans chacun des pays producteurs du continent, la Chambre africaine de l’énergie souligne dans le rapport en question que « les approvisionnements à court terme en gaz naturel et en gaz naturel liquéfié (GNL) de l’Afrique de 2023 à 2027 seront dominés respectivement par l’Algérie, la Libye et le Nigeria », tandis que « l’Algérie, l’Egypte et le Nigéria devraient assurer la majorité de l’approvisionnement en gaz naturel en provenance du continent, avec une moyenne de 80% qui devraient provenir de ces trois pays, (dont), individuellement, la production à court terme devrait rester relativement stable (cette année) ».

    Pour ce qui est des perspectives de la production de gaz à moyen terme, les auteurs du rapport de l’instance continentale tablent sur une croissance relative des volumes produits par l’Algérie, qui passeront de 10 milliards de pieds cubes (Mpc)/jour en 2023 à 11 Mpc/j en 2027.

    Pour les autres pays producteurs au sein du continent, la production de gaz naturel passera de 4,5 à 5,5 Mpc/j entre 2023 et 2027 pour le Nigéria, tandis qu’elle restera stable à son niveau actuel de 6,25 Mpc/j pour l’Egypte, note le rapport en question.

    Une hausse de 65% pour le gaz et une production du renouvelable plus que décuplée

    Pour l’ensemble du continent africain, le rapport estime à 65% l’augmentation de la production de gaz naturel à l’horizon 2035, qui devra atteindre à cette échéance 41,6 Mpc/j,

    Cette croissance significative, notent les rédacteurs du rapport, sera favorisée notamment par l’entrée en activité de nouveaux gisements dans certains pays du continent où des découvertes de gaz viennent d’être réalisées, à l’instar de la Mauritanie, le Mozambique, le Sénégal et la Tanzanie.

    Cependant, pour l’année en cours, la croissance de la production à travers le continent devrait s’établir à 1% par rapport à 2022, en atteignant 25,5 Mpc/j d’ici la fin décembre prochain, ajoute le rapport de la CAE.

    Concernant le gaz naturel liquéfié (GNL), le nouveau rapport estime le volume global des exportations en provenance du continent africain à 49 millions de tonnes durant l’année en cours, avant de connaître une contraction relative et baisser à 43 millions de tonnes en 2025, puis repartiront à la hausse pour atteindre 48 millions de tonnes en 2026.

    Outre le gaz, de mêmes tendances viennent d’être relevées par la Chambre africaine de l’énergie dans son rapport pour ce qui est de la production de pétrole et condensats, estimant que « malgré des interruptions de production (dues à des travaux d’entretiens entre autres) et des réductions de production, (édictées par l’OPEP), l’Algérie, l’Angola, l’Egypte, la Lybie et le Nigéria représentent le groupe de pays produisant 80 % du brut en provenance de l’Afrique ».

    Cependant, ajoute la même instance dans son rapport, « parmi les pays de l’OPEP, seule la capacité (de production) de l’Algérie en 2023 est supérieure l’objectif de l’OPEP et, par conséquent, c’est le seul pays africain membre du cartel capable de mettre en œuvre les réductions volontaires ».

    Il est utile de rappeler que, dans le cadre de la politique de l’OPEP prônant des coupes sur les quotas de chaque pays membres pour éviter l’effondrement des cours sur le marché mondial, l’Algérie a réduit sa production de près de 100 000 barils/jour depuis le début de l’année en cours.

    La répartition par pays des volumes de pétrole et condensats produits en Afrique fait ressortir que l’Algérie arrive en troisième place avec une moyenne de 18% de la production africaine durant l’année en cours, alors que la première place revient au Nigéria avec 22%, suivi de la Lybie avec 19% de la production totale du continent. Ceci au moment où la production moyenne des pays africains en pétrole et condensats devraient se situer à 6,66 mb/j d’ici la fin de l’année en cours, ajoute le rapport de la CAE.

    Enfin, concernant les énergies renouvelables, le rapport de la Chambre africaine de l’énergie relève que le continent comprend actuellement des capacités totales installées de 18,5 gigawatts (Gw), qui passeront à 33 Gw en 2025, puis 260 Gw à l’horizon 2035. Ces capacités seront favorisées particulièrement par la croissance des investissements dans l’énergie éolienne et la production de l’hydrogène vert, poursuit le même document.

    M. Naïli

  • Matières premières à forte intensité technologique : La Cnuced appelle l’Afrique à intégrer les chaînes d’approvisionnement mondiales

    Matières premières à forte intensité technologique : La Cnuced appelle l’Afrique à intégrer les chaînes d’approvisionnement mondiales

    Alors que la compétition s’intensifie entre les puissances industrielles, à l’instar de l’Union européenne, la Chine ou les Etats unis, pour l’accès aux matières premières nécessaires aux nouvelles technologies, la Cnuced (Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement) vient de mettre en valeur les potentialités de l’Afrique en termes de ressources minières, exhortant les pays du continent à saisir l’opportunité qui se présentent à eux pour intégrer «les chaînes d’approvisionnement mondiales».

    Dans un nouveau rapport annuel pour 2023, publié cette semaine sous le titre « le potentiel de l’Afrique pour attirer les chaînes d’approvisionnement mondiales à forte intensité technologique», la Cnuced relève que l’Afrique est «forte de l’abondance de ses ressources et d’un marché à la consommation en pleine expansion», ce qui fait donc qu’elle «peut devenir une destination manufacturière de premier plan pour les industries à forte intensité technologique et un maillon essentiel des chaînes d’approvisionnement mondiales».

    Compte tenu de son potentiel, le Secrétaire générale de la Cnuced, Rebeca Grynspan, estime que «c’est le moment pour l’Afrique de renforcer sa position dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, alors que les efforts de diversification se poursuivent. C’est aussi l’occasion pour le continent de renforcer ses industries émergentes, de favoriser la croissance économique et de créer des emplois pour des millions de personnes».

    Mais pour ce faire, des efforts doivent être menés à plusieurs niveaux pour que l’exploitation des ressources minières du continent puisse profiter aux économies du continent. Il s’agit notamment, précise le rapport de la Cnuced, d’ «investir dans les infrastructures, la technologie et le financement (pour) débloquer les opportunités de la chaîne d’approvisionnement de l’Afrique», suggèrent les rédacteurs du rapport.

    Ne pas se contenter de l’exportation de minerais bruts

    Ceci peut se faire eu égard à «l’abondance en minéraux et métaux essentiels en Afrique, comme l’aluminium, le cobalt, le cuivre, le lithium et le manganèse, composants vitaux pour les industries à forte intensité technologique», ce qui fait du continent «une destination attrayante pour les secteurs manufacturiers», alors que «les récents bouleversements causés par les turbulences commerciales, les événements géopolitiques et une conjoncture  incertaine obligent les fabricants à diversifier leurs sites de production», autant d’opportunités donc qui se présentent au continent africain pour jouer un rôle centrale dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

    Outre l’abondance de ses réserves en minerais, «l’Afrique offre également des avantages tels qu’un accès plus court et plus simple aux intrants primaires, une main d’œuvre plus jeune, sensibilisée à la technologie et adaptable, et une classe moyenne en plein essor, connue pour sa demande croissante de biens et de services plus sophistiqués».

    Toutefois, l’autre défi à surmonter pour que l’exploitation de ces ressources minières contribue d’une manière efficace à la croissance des économies locales, le rapport de l’agence onusienne recommande l’implantation au niveau du continent d’unités de transformation ou de fabrication de produits relevant de nouvelles technologies, comme les batterie pour véhicules électriques et téléphones, les composants pour panneaux photovoltaïques et autres, que de se contenter de l’exportation des ces minerais à l’état brut.

    «Nous exhortons les pays africains à éviter d’être enfermés dans la fourniture «simplement» de matières premières, ce qui se traduit par une intégration de très faible valeur aux chaînes d’approvisionnement mondiales», a recommandé le secrétaire général de la Cnuced, tandis que le rapport de l’instance qu’il dirige estime que la mise en place de chaînes de valeur au niveau local permettrait, à titre indicatif, d’améliorer le salaire moyen au niveau du continent qui est actuellement de 220 dollars/mois, soit inférieur de beaucoup à la moyenne mondiale de 486 dollars/mois.

    M. Naïli

  • Investissements chinois et qataris en Algérie : Les nouveaux projets et secteurs d’activités concernés se précisent

    Investissements chinois et qataris en Algérie : Les nouveaux projets et secteurs d’activités concernés se précisent

    Moins d’un mois après la série de visites effectuées en juillet dernier par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en Chine, Qatar et Turquie, et qui se sont soldées par la conclusion de plusieurs accords et mémorandums de coopération, les premiers contours de projets d’investissements de ces pays en Algérie commencent à se dessiner.

    A priori, les mines, l’énergie, le transport ferroviaire, la finance ou les infrastructures sont les principaux domaines d’activité dans lesquels les Chinois et Qataris viennent d’exprimer un intérêt réel pour y investir.

    Ainsi, reçu jeudi dernier par le ministre des Finances, Laaziz Faid, l’ambassadeur de Chine à Alger, Li Jian, a fait état de la disposition d’entreprises chinoises à financer de «grands projets économiques stratégiques», comme l’exploitation des gisements du minerai de fer de Gara-Djebilat, les mines du phosphate sises à l’Est du pays, le projet du Port-centre ainsi que la participation au programme d’extension du réseau national du transport ferroviaire, selon un communiqué rendu public par le ministère des Finances.

    Ces domaines d’activité, faut-il le rappeler, constituent une priorité du programme de diversification économique et de consolidation des infrastructures de bases déployé par les pouvoirs publics ces dernières années.

    Cependant, lors de sa visite à Pékin en juillet dernier, le chef de l’Etat a eu des engagements pour de nouveaux investissements d’entreprises chinoises sur le marché national d’un volume de 36 milliards de dollars, ce qui permettra à l’empire du Milieu de conforter sa position du premier pourvoyeur d’IDE en Algérie.

    Outre les secteurs des mines, l’industrie ou les infrastructures, le représentant diplomatique chinois en Algérie a fait état également de la volonté de son pays à étendre la coopération bilatérale algéro-chinoise à de nouveaux domaines qui sont la finance et les banques ainsi que la numérisation.

    En tout cas, comme le précise le communiqué du ministère des Finances, la rencontre entre Laaziz Faid et l’ambassadeur chinois se veut un début de la suite à donner aux accords et engagements pris lors de la visite du chef de l’Etat en Chine, puisque les échanges ont porté sur «les conclusions de la visite en Chine effectuée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, en juillet dernier, au cours de laquelle les dirigeants des deux pays ont affiché leur volonté ferme à consolider les relations solides entre l’Algérie et la Chine et à renforcer la coopération économique bilatérale», souligne le communiqué.

    Production de butène et de polybutène par le qatari Power International Holding et Sonatrach

    Au même titre que les Chinois, les Qataris eux aussi ambitionnent le renforcement de leur présence sur le marché national à travers le financement de projets d’investissements. Cependant, l’énergie et la pétrochimie sont décidemment les domaines qui intéressent le plus les investisseurs de ce pays.

    En effet, reçu jeudi dernier par Mohamed Arkab, ministre de l’Energie et des mines, l’ambassadeur du Qatar à Alger, Abdulaziz Ali Al-Naama, lors d’une rencontre qui a porté sur «les moyens de développer et de renforcer les relations de coopération bilatérale dans le domaine de l’énergie et des mines», a exprimé l’intérêt des entreprises de son pays pour l’investissement en Algérie dans le cadre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures et la réalisation de grands projets en matière de recherche, d’exploration, d’industries manufacturières et de pétrochimie, selon un communiqué rendu public par le ministère de l’Energie et des mines.

    La concrétisation des nouvelles ambitions qataries en matière d’investissement sur le marché national passera ainsi par le projet de création d’un complexe chimique de production de butène et de polybutène, que la société qatarie Power International Holding souhaite réaliser en Algérie en partenariat avec le groupe Sonatrach.

    En réponse à l’intérêt exprimé par le représentant diplomatique de Doha à Alger, le ministre de l’Energie et des mines a affirmé la disposition du groupe pétrolier national à travailler avec Power International Holding pour la réalisation dudit projet.

    Pour donner plus de consistance au projet en question, Mohamed Arkab a estimé qu’il (ce projet) «peut se concevoir dans un cadre intégré comprenant également l’investissement dans la recherche et l’exploitation de nouvelles réserves à même de contribuer à l’approvisionnement de ce projet en gaz». En d’autres termes, renforcer la production de Sonatrach en gaz par des volumes supplémentaires pour alimenter ce nouveau projet sans recourir aux capacités de production actuelles.

    R.N

  • Sofiane Guermouche, PhD en économie : «Depuis 2020, nous sommes dans un vaste chantier de changement»

    Sofiane Guermouche, PhD en économie : «Depuis 2020, nous sommes dans un vaste chantier de changement»

    Expert en économie politique, à la fois fondateur et président de l’association nationale en économie «le Mercure économique», Sofiane Guermouche est analyste économique et spécialiste en entrepreneuriat, en redressement et structuration des entreprises. Muni d’une longue expérience dans la gestion et le management des entreprises et groupes publics, Guermouche a occupé durant sa carrière plusieurs postes de responsabilité.

    Dans cet entretien à DZEntreprise, il revient sur le périple du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en Russie, au Qatar, en Chine et en Turquie en juillet dernier, l’adhésion de l’Algérie aux BRICS et les moyens de booster l’investissement économique en Algérie.

    Quelle lecture faites-vous des récentes visites d’Etat du président de la République Abdelmadjid Tebboune en Russie, au Qatar, en Chine et en Turquie ?

    Avant de parler des visites du président de la République dans ces trois pays, il faut commencer à évoquer la Russie parce que ce pays est un géant gazier. Et l’année dernière, l’Algérie a découvert un important gisement de gaz qui nous place en bonne position. On peut partager les déplacements de Tebboune en deux moments : Russie-Chine, Qatar-Turquie. Russie-Chine, c’est beaucoup plus gaz avec Moscou pour développer le côté exploitation et infrastructures. Il nous faut aussi des fonds. Avec Pékin, c’est le phosphate, mais pas seulement.

    Lors du déplacement  en Chine du président de la République,  il y a eu la signature de 19 mémorandums d’entente et accords de coopération et une promesse d’investissements de 36 milliards USD. Et il y a aussi l’adhésion de l’Algérie aux Brics, dont la Russie et la Chine sont membres.  

    En effet, le déplacement du président en Russie avait essentiellement pour objectif d’avoir l’appui de la Russie pour l’adhésion de l’Algérie aux BRICS. Je rappelle au passage que l’Algérie vient de déposer un 1,5 milliard de dollars la Banque de développement des BRICS afin de conforter sa position et multiplier ses chances d’adhésion à ce groupement. Car les BRICS travailleront à détrôner l’euro ainsi que le dollar, et si l’Algérie intègre ce groupement, elle sera immunisée.

    Maintenant, à travers ce nouveau pôle qui a le taux de croissance le plus important actuellement et une population qui représente un peu plus des deux tiers de la population mondiale, les pays en développement vont pouvoir mieux avancer. Avec sa position stratégique sur le continent africain, sa proximité de l’Europe et son potentiel en ressources naturelles, l’Algérie constitue un partenaire stratégique pour le Vieux Continent et l’Asie. Et lorsqu’on parle de l’Asie, c’est surtout de la Chine dont il s’agit et de la Russie. A l’Adhésion de l’Algérie aux BRICS devrait renforcer la voix diplomatique, surtout que l’Algérie a été élue au début de l’année en cours membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.

    Revenons au déplacement sur le Qatar et la Turquie

    C’est un autre moment fort du périple di président de la République. Et nous constatons tous qu’aujourd’hui, la Turquie est en train de se placer en Afrique. Si l’on observe de près un ensemble d’événements dans le contexte de guerre en Ukraine, on peut dire que l’Algérie a plus d’intérêts avec l’Est qu’avec l’Ouest en tant que pays en développement. Avec la guerre en Ukraine, l’Algérie devait se positionner, en s’abstenant par exemple de voter en faveur des sanctions contre la Russie à l’ONU. Cela a plus d’une lecture politique qu’économique.

    Après la destruction du pôle Est et la disparition de l’Union soviétique, nous avons eu droit entre autres à l’invasion de l’Irak, aux Printemps arabes, à Guantanamo et à une globalisation et mondialisation qui ont fait que le monde en développement soit devenu esclave des Etats-Unis. Sur un autre plan, le passage de Tebboune à Moscou rentre dans cette politique d’apaisement pour laquelle notre pays est connu depuis son indépendance. Cela explique d’ailleurs la présence de l’Algérie dans la commission de négociation entre la Russie et l’Ukraine afin de faire baisser la tension, ce que Moscou a apprécié. C’est ce qui a retardé, à mon avis, la visite du président de la République en France, programmée initialement au mois de mai dernier. Ça nous permet de donner plus de force à notre position sur le plan international.

    Comment évaluez-vous les relations algéro-turques ? 

    Concernant la Turquie, nos échanges économiques ne cessent d’augmenter et ce pays a réalisé beaucoup d’investissements dans notre pays, dont on le domaine du textile. L’escale faite par Tebboune en Turquie  a permis de conclure des mémorandums d’entente et un accord pour doubler les investissements turcs en Algérie pour atteindre les 10 milliards USD, tout en les diversifiant. Quant au Qatar, il est un acteur d’envergure dans la région du Moyen-Orient, le monde arabe et islamique. Et l’Algérie veut s’y positionner. En dépit des manœuvres du voisin marocain, cela n’empêchera pas l’Algérie et dans un avenir proche de devenir un acteur et partenaire incontournable pour de nombreux pays.

    Comment l’Algérie pourra-t-elle capitaliser tous ses efforts et profiter de ses potentialités pour attirer les investisseurs de ces quatre pays ?

    On peut commencer déjà par le nouveau code des investissements en Algérie adopté en 2022 et qui ouvre les portes aux investisseurs étrangers, grâce notamment aux facilités fiscales et parafiscales qu’il leur octroie. Ces investisseurs étrangers vont participer à la fois à la réalisation et à l’exploitation des infrastructures qui serviront à l’exploitation, à la transformation et au transport des minerais. Il ne faut pas oublier non plus que notre pays n’est pas endetté, ce qui est un atout pour attirer les investisseurs que la suppression de la loi 59/41 encourage aussi à venir s’implanter dans notre pays.

    Est-ce suffisant pour attirer les IDE ? 

    Il revient à nous d’améliorer le climat politico-économique. C’est là, la principale garantie. Sur un autre plan, il faut prendre en considération le fait que l’Algérie possède actuellement une économie à plusieurs réacteurs. Les témoins macro-économiques favorisent l’Algérie à devenir la 1re place économique régionale (maghrébine et des pays du Sahel) et la locomotive  économique africaine, et ce, de par sa position géostratégique de l’Afrique et qui représente le portail sud du continent européen et le grand portail nord du continent africain.

    Par ailleurs, l’Algérie est actuellement le plus grand pays d’Afrique de par sa superficie et la plus grande attractivité économique du continent, à travers les  grandes découvertes de minerais, de grands gisements de gaz à condensats, de fer, de zinc et de phosphate. Le gisement de phosphate de Tébessa aura un volume de production estimé à 6 millions de tonnes, grâce à l’investissement engagé par les autorités avec le partenaire chinois. Cela nous permettra de bien nous placer sur le marché international. Concernant  le gigantesque gisement de gaz  à condensats découvert à Hassi R’mel en 2022, son évaluation préliminaire fait état d’un potentiel de volume compris entre 100 et 340 milliards de mètres cubes, ce qui permettrait à l’Algérie de passer à 85 milliards de mètres cubes par an.

    Le gisement de zinc et de plomb dans le site d’Amizour (Béjaïa) dispose d’un potentiel évalué à 34 millions de tonnes. Ceci sans omettre de mentionner le gisement de fer de Gara Djebilet dont l’évaluation fait état d’un potentiel de production de 100.000 tonnes /mois. Il revient à nous d’améliorer le climat politico-économique. C’est ça la garantie.

    Cela passe par quoi ?

    Depuis 2020, nous sommes dans un vaste chantier de changements. Cela dit, il faut du temps parce qu’on ne construit pas un château en un jour et il faut assainir une situation qui a causé de nombreux préjudices à notre pays et à son économie. Nous sommes dans une course contre la montre pour rattraper le temps perdu, mais ce qui a été déjà fait est très important pour l’Algérie. Il faut assainir la situation au niveau interne et procéder à des partenariats au niveau international. Il est également question d’instaurer un contrat de performance pour les dirigeants des entreprises publiques et un programme d’action sur le moyen et long terme, parce qu’il ne suffit pas de dépénaliser l’acte de gestion, tout en laissant le gestionnaire agir seul sans le moindre contrôle.

    L’économie de la connaissance est intimement liée à la performance. Il nous aussi des responsables (wali ou chefs de daïra) porteurs de programmes adaptés aux besoins et aux spécificités de chaque région du pays qui a une superficie de continents. Il y a aussi un changement important à apporter au niveau des banques et leur mission. Le côté fiscal et parafiscal a besoin d’être assoupli, tout comme l’allègement des procédures administratives pour faciliter l’acte d’investir aussi bien pour les locaux que pour les étrangers. En résumé, il faut un changement de mentalité à l’horizontale et à la verticale.

    Le président de la République a relevé plus d’une fois les blocages et les pratiques bureaucratique auxquels ses réformes sont confrontées, dont le processus de numérisation. Comment dépasser ce grand écueil ?

    On doit instaurer plus de barrages du point de vue législatif, en renforçant notre dispositif juridique. Comme je l’ai déjà dit auparavant, il ne suffit pas de ramener des hommes, mais il faut investir en profondeur au niveau des ministères et des institutions du pays, ainsi qu’au niveau des entreprises et groupes économiques publics, à travers certaines restructurations nécessaires. Le nouveau code des investissements  a commencé d’ailleurs à porter ses fruits. La signature d’accords de partenariat et de mémorandums est un premier pas et une preuve de l’attrait de notre pays et des garanties qu’il présente en matière d’investissement économique.

    Certains investissements ont besoin d’être protégés pour pouvoir passer la main aux compétences locales en cas de défaillance ou fin de contrat avec le partenaire étranger. Quels en sont les moyens ?

    Les accords conclus avec les partenaires étrangers ne seront pas illimités dans le temps. Au fil du temps, l’Algérie va intégrer nos ingénieurs et compétences locales. C’est ce qui a été signé d’ailleurs en Chine, et ce qui s’appelle un service d’accompagnement dans la formation et l’assistance. L’expérience des années 60 et 70 était une catastrophe pour nous avec les usines clés en main que nous avions acquises. Aujourd’hui, dans les nouveaux contrats conclus, les investissements sont liés aux systèmes de formation.  La crise sanitaire de la Covid-19 a bouleversé l’ordre économique mondial et la guerre en Ukraine a montré que les grandes puissances étaient là uniquement pour se partager le gâteau, surtout en Afrique. L’après Covid-19  a renforcé la position des pays en voie de développement à œuvrer au changement de l’ordre économique mondial et l’Algérie aura son mot à dire. 

    De quelle manière l’Algérie pourra bénéficier de son alliance avec le Qatar, la Russie et la Chine dans le domaine gazier.

    Le Qatar est un acteur à part, car il a bénéficié de la technologie américaine. Et la Russie, pour sa part, dispose aussi d’une importante expérience dans l’industrie gazière. Concernant le Qatar, au Moyen-Orient, il constitue un point de passage obligatoire pour l’équilibre des pays arabes. Doha est en train d’investir dans le leadership pour être une porte d’accès en Asie. Pour moi, le déplacement du président de la République au Qatar a pour but le développement de nos gisements gaziers, que ce soit dans la phase d’exploitation ou de transformation, car ce pays est un des centres économiques les plus importants. Mais au-delà de cet aspect économique et avec l’ensemble des autres pays, c’est aussi un pôle diplomatique qui est en train de se constituer.

    Entretien réalisé par Lyès Menacer

  • Un taux de croissance de 3,1% attendu d’ici la fin 2023 en Algérie (BAD)

    Un taux de croissance de 3,1% attendu d’ici la fin 2023 en Algérie (BAD)

    Le taux de croissance du PIB (Produit intérieur brut) attendu à la fin de l’année en cours connaitra une légère hausse par rapport à l’année dernière, en passant de 3% à 3,1.

    C’est ce qui ressort des estimations que vient d’établir la Banque africaine de développement (BAD) dans son nouveau rapport annuel publié la fin juillet dernier sous le titre de «Perspectives économiques en Afrique du nord en 2023, mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique».

    Si le secteur des hydrocarbures est présenté comme le principal moteur de croissance depuis la reprise des cours du brut et du gaz sur le marché mondial ces deux dernières années, les experts de la banque continentale n’ont pas manqué de souligner les mutations et réformes qui s’opèrent dans différents secteurs économiques en Algérie.

    «L’Algérie a connu une transformation structurelle avec une part croissante de l’industrie en 2022, qui est devenue le principal contributeur à son PIB (…) Le secteur des hydrocarbures est de loin le premier secteur industriel de l’Algérie», est-il souligné à cet égard dans le nouveau rapport de la BAD, estimant qu’en matière de répartition de la croissance par secteur d’activité, durant l’année précédente, l’industrie a participé au PIB à hauteur de 49,2%, suivi du secteur des services avec 38,1% et de l’agriculture avec 12,3%.

    Si le secteur industriel, y compris les hydrocarbures, confirme sa relance, les experts de la BAD notent en revanche une dynamique moins active du secteur agricole, soulignant qu’ « en Algérie, c’est le secteur agricole qui a contribué le moins à l’emploi, avec près de 10% ».

    Analysant les répercussions financières du redressement des indicateurs économiques, le même document note que « compte tenu de l’augmentation des recettes pétrolières, les soldes budgétaires de l’Algérie se sont améliorés en 2022 (…) Les comptes extérieurs ont enregistré un excédent à la faveur de l’augmentation de la valeur des exportations de pétrole », tout en estimant à 7,8% l’excédent de la balance courante en 2022.

    Les réformes fiscales entamées récemment en Algérie ont également été passées à la loupe par les analystes de la BAD, soulignant qu’ «en Algérie, les initiatives récentes visent à améliorer le recouvrement des arriérés d’impôts et à tirer parti des technologies numériques. La réforme de la taxe sur les activités professionnelles et des mesures visant à élargir l’assiette fiscale ont été lancées en 2022. Grâce à l’augmentation des recettes pétrolières, l’Algérie a enregistré un déficit budgétaire de 0,2% du PIB en 2022, ce qui contraste fortement avec le déficit de 6,9% de son PIB en 2021».

    « L’Algérie possède le plus grand potentiel d’énergie éolienne du continent »

    Outre la croissance du PIB, les analystes de la BAD se sont également penchés sur l’évolution de la courbe de l’inflation qui est l’un des défis majeurs de l’économie mondiale ces dernières années. A ce propos, il est noté qu’en 2022, l’Algérie a enregistré le taux d’inflation le plus élevé des 10 dernières années, estimé à 9,3%, alors que la moyenne enregistré durant la période 2014-2020 a été de 4%, avant de passer à 7,2% en 2021.

    Pour l’année en cours et 2024, la BAD prévoit une inflation à la baisse, avec respectivement 7,7% en 2023 et 6,7% en 2024.

    « Projeté en baisse à 7,7% en 2023, le taux d’inflation en Algérie est relativement élevé à 9,3% en 2022, sous l’effet de l’inflation importée ainsi que des politiques d’appui à la reprise de l’activité économique et au financement monétaire du déficit budgétaire qui ont été menées par les autorités monétaires », note le rapport à cet égard.

    A moyen et long terme, le rapport de la BAD se penche sur les perspectives de l’Algérie en matière de transition énergétique et de croissance verte, estimant que, dans ce domaine, « la contribution déterminée au niveau national (CDN)  (de l’Algérie) vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7% à 22% d’ici à 2030 (…) Le plan de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique 2016-2030 et la CDN fixent un objectif conditionnel de 27% de la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici à 2030».

    Dans le même registre, le document de l’institution panafricaine rappelle que «l’Algérie a élaboré un plan national pour le climat (PNC) qui comprend des mesures visant à accroître l’efficacité de l’eau, à promouvoir l’agriculture durable et à réduire les émissions de gaz à effet de serre », tandis que, dans le secteur du bâtiment et de l’urbanisme, «le pays a adopté des codes de construction qui exigent des pratiques de conception et de construction sobres en énergie».

    En termes de potentialités pour la production d’énergies propres, le même rapport souline que « l’Algérie possède le plus grand potentiel d’énergie éolienne du continent – environ 7 700 GW si elle est pleinement exploitée – et a publié des plans visant à porter la production d’énergie renouvelable à 15 GW à l’horizon 2035, avec un taux de croissance annuel de 1 GW ».

    M. Naïli