Minerais nécessaires à la transition énergétique : Un potentiel de 8.800 milliards de dollars à la portée de l’Afrique

L’Afrique renferme d’importantes réserves de minerais rares nécessaires aux nouvelles industries de transition énergétique. Néanmoins, en l’absence d’une chaîne de valeur permettant le développement d’industries locales pour la fabrication de batteries pour véhicules électriques notamment, le continent risque de ne pas tirer profit de ces nouvelles richesses tant convoitées dans le monde.

C’est ce constat qui ressort en substance d’un récent rapport de la Banque africaine de développement (BAD), avertissant que le continent africain « ne capterait que 55 milliards de dollars sur un potentiel de 8.800 milliards d’ici à 2025, s’il reste réduit à son rôle d’exportateur de minerais bruts».

Prévoyant une croissance de l’ordre de 500% à l’horizon 2050 de la demande en minerais bruts, pour répondre aux besoins exponentiels des industries dites de transition énergétique, le rapport de la BAD, intitulé « Strengthening Africa’s Role in the Battery and Electric Vehicle Value Chain » (Renforcer le rôle de l’Afrique dans la chaîne de valeur des batteries et des véhicules électriques), exhorte les pays du continent à adopter une stratégie centrée sur le développement de chaînes locales de production, en privilégiant notamment la complémentarité entre les différents pays d’Afrique renfermant des réserves de minerais bruts.

Parmi les minerais les plus demandés à l’ombre de l’émergence d’une industrie mondiale de composants entrant dans la fabrication de ces nouveaux produits adaptés à la transition énergétique, le rapport de la BAD cite notamment le graphite, le lithium, le nickel et le cobalt, dont la grande partie des réserves mondiales est localisée en Afrique.

L’autre élément que viennent de relever les experts de la BAD dans leur nouveau rapport est le volume de ces minerais stratégiques pour le développement de l’industrie d’équipements et composants nécessaires pour la production et le stockage des énergies solaire, éolienne et géothermique qui dépasserait les 3 milliards de tonnes.

A la faveur de ces enjeux de la transition énergétique, d’importantes opportunités se présentent donc à l’Afrique qui recèle, entre autres, pas moins de 52,4% de réserves mondiales de cobalt, 46% de réserves de manganèse, 24,7% d’aluminium, 21,2% de graphite ou le vanadium (16%), selon les évaluations établies précédemment par l’Institut américain d’études géologiques (USGS).

Le rôle stratégique de la Zlecaf

Tout en recommandant aux pays du continent où les réserves en minerais bruts ont été identifiées de nouer des partenariats avec les pays ayant déjà lancé ces nouvelles industries de transition énergétique, comme les Etats-Unis, la Chine, le Japon ou le Canada et identifier des synergies avec les leaders du marché des nouvelles industries, comme Samsung, LG ou Tesla, non pas l’exportation de matières premières brutes, mais pour accompagner le développement d’une chaîne de valeur africaine (avec le transfert de technologies, savoir-faire, expertise), la BAD insiste sur l’intégration régionale.

Ainsi, pour les experts de la BAD, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) constitue un atout qui favoriserait une approche axée sur l’intégration régionale, avec une complémentarité entre les pays du continent disposant de ce type de minerais pour, par exemple, faciliter le développement d’une industrie locale de véhicules électriques. Dans ce domaine, estime la banque continentale, la Zlecaf faciliterait la mise en place d’économies d’échelle et des débouchés au produit fini à travers le continent en franchise de droits de douane.

Tout en mettant à profit les avantages qu’offre la Zlecaf, l’institution financière régionale exhorte aussi les pays du continent à «améliorer le climat des affaires», «accélérer l’investissement dans les énergies renouvelables», «établir des centres d’excellence spécialisés dans les batteries électriques», ce qui permettra notamment de valoriser les compétences locales, développer l’innovation, la recherche et le développement.

En revanche, pour parvenir à l’optimisation des potentialités du continent et développer une industrie régionale de produits adaptés à la transition énergétique, la BAD souligne une série de «défis à surmonter», dont l’absence d’une vision cohérente, le manque d’infrastructures de transport ferroviaire et portuaire notamment, absence de compétences au niveau local ainsi qu’un faible accès aux sources d’énergie.

Mohamed Naïli

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