Sommet de Nairobi sur le climat : Un test crucial pour la capacité de l’Afrique d’unifier ses rangs en perspective de la COP28

Les travaux du sommet africain sur le climat viennent de s’ouvrir ce lundi à Nairobi, capitale Kenyane, avec la participation de plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement du continent, des experts, des entreprises économiques, des institutions internationales et régionales ainsi que des acteurs de la société civile activant contre le réchauffement climatique et se poursuivront jusqu’à mercredi.

Placé sous le thème «stimuler la croissance verte et les solutions de financement climatique pour l’Afrique et le monde», le sommet de Nairobi se présente comme une étape cruciale pour le continent africain en perspective du rendez-vous annuel de la Conférence pour le climat, COP28, prévue cette année à Dubaï, aux Emirats arabes unis, du 30 novembre au 12 décembre prochains.

Au sommet qui s’ouvre aujourd’hui, l’objectif pour les pays africains est en effet d’accorder leurs violons pour faire bloc et parler d’une seule voix lors de la prochaine COP pour faire entendre leur cause et rappeler surtout à la communauté internationale ses engagements pour accompagner le continent dans la mise en place de stratégies de lutte contre les effets dévastateurs du dérèglement climatique, dont il est le plus affecté, alors que les économies africaines ne participent qu’à peine à 6% à l’émission des gaz à effet de serre (GES).

Face aux défis qu’imposent donc les changements climatiques, le volet qui tend à devenir un nœud gordien entre l’Afrique et les pays industrialisés est sans doute le financement des initiatives climatiques. Car, en dépit des engagements pris lors de la conférence de Paris en 2015, et réitérés depuis chaque année, la mobilisation des fonds nécessaires pour aider le continent africain à endiguer l’impact des changements climatiques reste à son point mort.

En 2022, le groupe de recherche Climate Policy Intitiative, une Organisation luttant contre les effets des changements climatiques basée en Californie, aux Etats Unis, a révélé que sur la moyenne de 280 milliards de dollars sur lesquels la communauté internationale s’est engagée pour appuyer les initiatives climatiques de l’Afrique durant la période 2020-2030, il n’y a que 30 milliards de dollars qui ont été mobilisés jusqu’à  présent.

Le secteur privé ne participe aux actions climatiques qu’à hauteur de 13%

L’an dernier, lors de la CO27, qui s’est tenue à Charm el-cheikh, en Egypte, après d’âpres discussions, un accord a été certes trouvé pour la création d’un fonds financier destiné aux pays vulnérables touchés par les effets du dérèglement climatique, mais la mobilisation des financements nécessaires demeure confrontée au scepticisme des puissances industrielles qui, pourtant, sont à l’origine de l’émission de plus de 90% des gaz à effet de serre.

C’est pourquoi donc la question de financement des initiatives climatiques en Afrique constituent l’enjeu central du sommet de Nairobi, comme vient de le préciser l’ONG ClimateWorks, estimant que « Nous nous approchons d’un moment crucial dans le calendrier climatique de cette année.

Le rendez vous de Nairobi est voulu pour un nouveau pacte financier mondial a généré de l’élan, mais peu d’actions concrètes (ont été réalisées) pour ré-imaginer le système financier international afin de lutter contre l’inégalité et les changements climatiques », ou le responsable d’une autre ONG basée en Afrique de l’Ouest, activant aussi dans le domaine de la lutte contre les effets des changements climatiques, qui déclare, au sujet du sommet de Nairobi auquel il prend part, « pas question de se réunir et que tout cela n’aboutisse à rien, comme souvent lors de ces réunions ».

Pour sa part, le président kényan, William Samoei Ruto, dont le pays accueille le sommet, insiste que « l’action climatique n’est pas un problème du Nord ni un problème du Sud. C’est un défi collectif, et il nous concerne tous. Nous devons nous rassembler pour trouver des solutions communes et mondiales».

Le même constat est partagé par l’Organisation des nations unies, dont le secrétaire général prend part aux travaux du sommet de Nairobi. « Les phénomènes météorologiques extrêmes dont l’accélération de la désertification, l’érosion des côtes, l’extinction des espèces et la perte de l’habitat, ont des effets dévastateurs sur les économies africaines», estime l’organisation onusienne.

Au-delà du manque de dynamisme auprès des pays industrialisés pour accompagner l’Afrique dans sa lutte contre les effets du dérèglement climatique, le défi majeur endogène au continent est la mise en place de politiques climatiques impliquant davantage le secteur privé.

Les constats établis relèvent en effet que le secteur privé africain ne contribue qu’à hauteur de 13% aux actions climatiques, alors que dans des pays comme le Canada, sa contribution atteint 96%.

M. Naïli

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