Stéphane Harmand : «Le futur de Renault Trucks s’inscrit dans la production en Algérie»

En marge du lancement de la deuxième édition de la caravane Eco Drive & Road Safety tour à partir de la wilaya de M’Sila, le directeur général de Renault Trucks Algérie, Stéphane Harmand, a nous confié que le futur de sa concession s’inscrit dans la production de véhicules en Algérie et ne souhaite guère s’investir dans la solution de facilité, c’est-à-dire l’importation.

Dans cet entretien, M. Harmand estime que futur pour Renault Trucks Algérie a choisi «le chemin le plus compliqué, c’est-à-dire produire des camions Made In Bladi comme le cahier des charges le réclame, avec un taux de localisation de 30 % d’ici à cinq ans». Il évoque également les avancées enregistrées concernant le dossier déposé au ministère de l’Industrie pour relancer l’usine située à Meftah (Blida), tout en affichant son optimisme quant à l’aboutissement de cette démarche.

Dzentreprise : Pourriez-vous nous parler de l’avenir de Renault Trucks Algérie à la lumière des derniers développements qu’a connu le secteur de l’automobile ?

Stéphane Harmand : Comme je l’ai toujours dis, Renault Trucks est une marque qui est très attachée à l’Algérie. Aussi, les Algériens et nos fidèles clients sont également très attachés à la marque Renault Trucks. Historiquement, Renault Trucks est, avant tout Berlier avec une très longue histoire de présence, de robustesse et de fiabilité. Pour l’anecdote, j’ai passé quelques jours à Timimoune et j’ai rencontré une vieille personne qui me parlait de Berlier et de son attente pour la livraison de tel ou tel matériel et autres pièces. C’est pour vous dire que le camion Berlier ou encore Renault Trucks est historiquement présent dans le cœur de nos clients depuis des lustres. On est là depuis très longtemps et aujourd’hui on est encore là avec un réseau de concessionnaires, de distributeurs et de réparateurs le plus dense en Algérie. Nous avons aussi une usine qui a tourné pendant deux ans et qui a produit plus de 2 000 camions qui circulent aujourd’hui sur les routes d’Algérie. Aujourd’hui, un camion sur deux qui circulent en Algérie est de marque Renault Trucks, parce que nous sommes aux côtés de nos clients et nous n’avons pas l’intention de les lâcher. Pour le futur pour Renault Trucks Algérie s’inscrit dans la production de véhicules en Algérie et je le souligne très clairement. On ne souhaite pas la solution de facilité qui est l’importation.

Nous avons pris le chemin le plus compliqué, c’est-à-dire produire des camions Made In Bladi comme le cahier des charges le réclame, avec un taux de localisation de 30 % d’ici à cinq ans. Je veux dire par là que 30 % des composants qui seront montés sur nos camions sera produit en Algérie au travers des partenaires que nous avons identifiés et que nous sommes en train d’identifier que nous identifierons davantage demain, car cela relève d’une démarche de longue haleine. Maintenant, nous attendons des autorités le feu vert.

Plutôt nous aurons le feu vert, plus vite nous allons produire. Si nous avons ce feu vert dans les prochains jours ou les prochaines semaines, nous serons en capacité de produire en 2023 des véhicules. C’est très important pour l’Algérie et l’économie algérienne qui repose sur le transport de marchandises qui se fait par camion. Il est vrai, les autorités algériennes lancent d’importants projets pour le déploiement du rail, ce qui est louable et on ne peut que s’en féliciter de cette démarche, mais, en attendant, il va falloir avoir des camions pour transporter les marchandises. Aujourd’hui, nos transporteurs ont un besoin de camions, soit de renouveler leurs véhicules soit de renforcer leurs flottes. Du coup, c’est très important qu’on démarre le plus rapidement possible. Je dirai même que c’est essentiel. J’espère qu’on aura l’occasion de vous inviter, à nouveau, pour aborder toutes ces questions.

Est-ce que le dossier avance actuellement au niveau du ministère de l’Industrie ?

On fait de sorte à ce que le dossier avance bien. Nous sommes constamment en interaction avec le ministère de l’Industrie. Comme vous le savez tous, le ministère de l’Industrie a déployé plusieurs marques automobiles, comme Fiat, Opel et JAC pour les petits camions. Vous savez aussi que le ministre de l’Industrie s’est déplacé dernièrement en Italie pour approfondir la question de la sous-traitance automobile et faire venir en Algérie des sous-traitants italiens en Algérie. Je rappelle que nous avions entamé également en 2019 une démarche auprès des fournisseurs automobiles à Alger. Nous avions été parmi les premiers, sinon le premier constructeur à faire une première rencontre des sous-traitants à Alger et cela a été un succès. La deuxième édition de cette rencontre ne tardera pas, bien évidemment après le feu vert des autorités. Nous sommes toujours en pleine démarche pour identifier les sous-traitants automobiles. Nous pouvons aller très loin et très vite.

Qu’elle place occupe, aujourd’hui, Renault Trucks en Algérie, en termes de volumes ?

En parlant de volumes, Renault Trucks détenait, historiquement, entre 40 et 50% des parts de marché en Algérie. Comme vous le savez, le marché du poids lourds, c’est un petit volume comparativement à la voiture particulière et cela est valable dans tous les pays. Il y a plus de voitures que de camions ! Au risque de me répéter, on a la plus grosse population de camions sur le territoire national, avec un camion sur deux qui circulent sur les routes algériennes. Il y a quelques temps, il y avait quelques 20 000 véhicules poids lourds de marque Renault Trucks qui circulaient en Algérie. Nous sommes très loin de la concurrence.

Vous craignez la concurrence ?

Je dirai que nous sommes leaders sur le marché algérien. Maintenant, nous respectons la concurrence, la bonne concurrence et la vraie concurrence. Donc, nous invitons les marques de Renault à venir s’implanter en Algérie et à faire comme nous, c’est-à-dire à produire et à localiser la fabrication de certains composants. Vous me diriez pourquoi ? Plus nous allons avoir d’opérateurs en Algérie, plus la production automobile sera dynamisée au travers de ces nouveaux opérateurs. Du coup, nous n’avons pas l’intention de fermer la porte à la concurrence, car la concurrence est une très bonne chose qui fait progresser.

Nous n’avons pas peur de la concurrence. Au contraire, nous avons besoin de la concurrence. Si on pense, et avant tout à l’Algérie, alors il faut aussi accepter que d’autres opérateurs vendent des camions en Algérie. Ceci dit, nous serons les premiers, je l’espère et je le souhaite, que nous serons suivis. Nous sommes les pionniers, mais nous ne voulons pas nous accaparer l’activité poids lourds en Algérie. Nous voulons être les pionniers, mais nous ne voulons pas être les seuls.

Vous êtes alors optimiste ?

Tout à fait. Cela fait cinq ans que je suis en Algérie. Evidemment, je suis optimiste et nous allons vous réinviter pour parler de notre démarche.

Entretien réalisé par Farid Belgacem

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