Production de Gaz : Elle risque de baisser de 75% à long terme faute d’ «investissements conséquents»

Face à une demande en croissance constante, les mises en gardes sur la nécessité d’intensifier les investissements dans les secteurs énergétiques traditionnels se multiplient, et ce, afin de pouvoir maintenir l’offre mondiale à des niveaux permettant de répondre aux besoins exprimés.

Après l’OPEP, c’est l’Union internationale du gaz (IGU) qui vient en effet d’émettre un avertissement quant aux conséquences de l’absence d’ « investissements conséquents » dans la production qui entrainerait une baisse de l’offre moniale de presque 25% à moyen terme et de 75% à long terme.

Dans un rapport qu’elle vient de publier cette semaine, l’organisation en question, activant dans la promotion de l’industrie gazière, estime ainsi que, sans le développement de nouveaux investissements d’envergure dans le secteur, la production mondiales passera de son niveau actuel, qui est de 4 100 milliards m3 en 2023 à 3 134 milliards m3 en 2030, puis elle reculera à seulement 1 000 milliards m3 à l’horizon 2050, «en raison de la maturation des actifs et du déclin naturel» des réserves, selon le nouveau rapport de l’organisation en question.

En se penchant sur les perspectives du marché mondial de cette ressource énergétique, de surcroît moins polluante et contribuant d’une manière importante à la transition énergétique, les auteurs du rapport de l’IGU, intitulé «Global gas report 2023», relèvent que «l’analyse des futures trajectoires potentielles des fondamentaux du marché mondial du gaz à l’horizon 2030 montre que des investissements continus dans la chaîne de valeur du gaz naturel sont nécessaires pour faire face à la demande mondiale et à la croissance probable dans certaines régions (du monde,  ndlr)». 

Le constat que vient d’établir l’IGU met en relief les risques potentiels de voir de «graves chocs énergétiques» se produire à partir de 2030 dans le cas où se poursuit la tendance à la baisse des investissements dans l’exploration et l’exploitation des gisements de gaz naturel dans un contexte où les politiques déployées à travers certaines régions du monde, notamment au sein de l’Union européenne, pour aller vers la décarbonation connaissent une évolution à un rythme ralenti.

Dans ce rapport, élaboré conjointement avec le cabinet de conseil Rystad Energy et le leader européen du transport de gaz naturel Snam, l’Union internationale du gaz relève, à titre indicatif, qu’à la «fin 2022, la capacité d’approvisionnement mondiale en hydrogène à faible teneur en carbone s’élevait à 3,2 millions de tonnes par an (seulement, ndlr) et le biométhane était proche de 7 milliards m3, ce qui est bien inférieur à la plupart des objectifs pour 2030».

Revenant sur la situation du marché mondial du gaz dans la conjoncture actuelle, les analystes de l’IGU soulignent une relative stabilité du marché durant l’année 2022 mais des baisses de production et des perturbations sur la chaîne d’approvisionnement ont également été enregistrées durant l’année 2022.

Les investissements avaient déjà baissé de 58%

«La production mondiale de gaz en 2022 est restée stable avec une hausse marginale de 8,3 milliards m3, soit moins de 0,5 %, ce qui maintient l’offre mondiale de gaz en pénurie», est-il souligné à ce propos, précisant que «la réduction de la production russe en 2022 a été compensée par la croissance de l’offre en Amérique du Nord, au Moyen Orient, en Europe et en Asie, équilibrant à peu près le volume de l’offre de gaz disponible sur le marché au niveau d’avant la guerre entre la Russie et l’Ukraine», alors que, pour ce qui est du continent africain, il est fait état d’ «une légère baisse de production de gaz entre 2021 et 2022 ».

Enfin, en guise de perspectives, si cette organisation de promotion de l’investissement gazier juge impératif et indispensable l’intensification des investissements dans la production de gaz, c’est parce que, rappelle-t-elle, « de nombreux pays en développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud continueront d’avoir besoin de plus de gaz pour alimenter leur économie et réduire la pollution atmosphérique et les émissions (le gaz étant moins polluant par rapport au pétrole et au charbon, ndlr)».

En conséquence, pour construire des systèmes énergétiques durables et abordables pour tous, « il est clair que des investissements dans le gaz sont nécessaires de toute urgence ainsi que davantage d’énergies renouvelables», estiment les rédacteurs du document en question, alors que, rappelle l’IGU, «la production risque de s’effondrer progressivement durant les années à venir, en raison notamment d’une réduction de 58 % des investissements dans le secteur gazier entre 2014 et 2020».

Par ailleurs, au début du mois, l’OPEP a également établi des perspectives similaires pour le secteur pétrolier, estimant à 14 000 milliards de dollars les investissements nécessaires dans l’exploration et la production de pétrole à l’horizon 2042 pour maintenir l’offre à des niveaux permettant de répondre à la demande du marché mondial.

M. Naïli

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