L’économie algérienne examinée à nouveau par la Banque mondiale : Hausse de la croissance et baisse de l’inflation en 2024-2025

Une amélioration marquée des soldes budgétaires et extérieurs, reprise économique soutenue par les activités hors hydrocarbures et des signaux favorables à une tendance haussière de la croissance d’ici 2024. Autant d’indicateurs que vient de relever la Banque mondiale dans son nouvel examen périodique de l’économie algérienne publié ce jeudi.

Intitulé «rapport de suivi de la situation économique, poursuivre l’effort de diversification», cette édition d’automne du rapport de l’institution de Bretton Woods retrace la trajectoire de l’économie algérienne durant ces dernières années, avec une vision comparative entre les deux périodes d’avant et après la pandémie de Covid-19, notant qu’en 2022, « le PIB de l’Algérie a retrouvé son niveau pré-pandémique, tandis que les prix élevés du pétrole et du gaz ont permis d’améliorer sensiblement les soldes extérieur et budgétaire. Après une chute du PIB de 5,1 % en 2020, la production d’hydrocarbures a retrouvé son niveau de 2019 (soit pré-pandémie, ndlr) en 2021, tandis que la production hors hydrocarbures l’a retrouvé en 2022 ».

Néanmoins, en dépit de la reprise économique, «le PIB n’a pas encore retrouvé sa trajectoire pré-pandémique», soulignent les analystes de la BM et, en conséquence,  ils estiment que, pour les années à venir, «les perspectives économiques pour 2024 et 2025 demeurent tributaires de la volatilité des prix mondiaux du pétrole, et de conditions météorologiques incertaines », réitérant leur recommandation d’aller vers la «diversification économique pour renforcer la résilience de l’économie algérienne».

Au niveau budgétaire, le nouvel examen périodique de l’institution internationale relève la nette amélioration du compte courant, venant de retrouver son niveau d’avant la crise pétrolière de 2014. «L’augmentation progressive des prix du pétrole et du gaz après 2020 a permis au déficit du compte courant de se réduire en 2021 et d’afficher un excédent record en 2022, alors que le déficit budgétaire atteignait son niveau le plus bas en dix ans, permettant de reconstituer les réserves de change et l’épargne du Trésor», note le rapport en question.

En revanche, l’inflation qui a atteint des pics inégalés ces dernières années n’a pas manqué de peser négativement sur l’évolution des indicateurs économiques du pays et les équilibres macroéconomiques, n’ont pas manqué de relever les rédacteurs de ce nouveau rapport, soulignant que «l’inflation s’est accélérée de 2,4% en 2020 à 9,3 % en 2022, sous l’effet de la hausse des prix des produits alimentaires».

Pour ce qui est de son évolution, la Banque mondiale relève dans son nouveau rapport sur l’Algérie un taux d’inflation qui a continué de croitre pour atteindre 9,7% au premier semestre de l’année en cours, laquelle inflation qui, selon la BM, est décidément favorisée plutôt par les biens provenant du marché local, essentiellement les biens alimentaires frais et services produits sur le marché national, contribuant plus à la hausse des prix que les biens importés.

Plaidoyer en faveur du secteur privé

Pour ce qui est de son évolution future, le même rapport prévoit que « l’inflation devrait progressivement reculer en 2024 et 2025, sous réserve de la mise en œuvre de politiques monétaires et budgétaires prudentes et que les précipitations se rétablissent, favorisant une production agricole robuste ».

En se penchant sur l’apport du secteur des hydrocarbures à l’économie du pays, le même document rappelle qu’ « entre 2018 et 2022, les secteurs hors hydrocarbures comptaient pour 78% du PIB, mais les hydrocarbures représentaient plus de 92% des exportations et 43% des recettes budgétaires » et, en tenant compte du caractère fébrile du marché mondial des hydrocarbures, les mêmes experts requièrent l’accélération du processus de diversification des sources de revenus du pays.

« L’incertitude mondiale augmente et la sensibilité des équilibres extérieurs et budgétaires aux prix mondiaux du pétrole demeure, ce qui souligne la nécessité de renforcer la résistance aux futurs chocs des matières premières », relève à ce propos l’économiste senior de la Banque mondiale pour l’Algérie, Cyril Desponts, qui, somme toute, n’a pas manqué de faire remarquer que « l’Algérie a mis en place des amortisseurs macroéconomiques à court terme grâce à l’accumulation des réserves de change et à des économies budgétaires ».

Pour réduire sa dépendance des revenus pétroliers et des marchés extérieurs, le représentant résident de la Banque mondiale en Algérie, Kamel Braham, lui, nourrit la conviction que «l’Algérie a le potentiel de diversifier son économie, de réduire sa dépendance à l’égard des importations et d’augmenter ses exportations hors hydrocarbures, tout en créant des emplois durables dans le secteur privé».

Rappelant le rôle crucial du secteur privé dans la diversification économique, la Banque mondiale estime que, «conformément au Plan d’action du gouvernement 2021, la poursuite de la mise en œuvre des réformes visant à stimuler le secteur privé pour qu’il devienne le moteur d’une croissance durable et diversifiée reste essentielle à la performance et à la résilience de l’économie algérienne».

M.N

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