Geste inhabituel s’il en est, anachronique par rapport aux habitudes protocolaires des gouvernements précédents, que celui du Premier ministre Abdelmalek Sellal envers le patronat algérien.
La rencontre de M. Sellal, jeudi 22 novembre, avec les représentants du Patronat, en présence de ceux de la centrale syndicale, est une démarche nouvelle dans les relations jusque- là tumultueuses entre le gouvernement et les représentants du secteur économique privé.
Et, pour effacer sans doute de mauvais souvenirs laissés par l’ancien gouvernement, M. Sellal va s’illustrer au cours de cette rencontre durant laquelle il a confirmé son désir de travailler en symbiose avec le patronat, en annonçant que les entreprises publiques peuvent, si elles le souhaitent, intégrer ou réintégrer le Forum des chefs d’entreprises (FCE).
Présidé par M. Réda Hamiani, le FCE est l’une des plus importantes organisations patronales algériennes avec plus de 500 PME.
Avec ce geste conciliant et amical envers le Patronat,
M. Sellal donne en fait le ton à sa politique économique qui ne veut laisser personne en rade de la commande nationale, ni du soutien de l’Etat.
A l’adresse du Patronat, il a ainsi annoncé, lors de cette réunion qui énormément décrispé l’atmosphère entre les pouvoirs publics et les organisations patronales, que le gouvernement a répondu favorablement à la demande formulée par le FCE d’autoriser les entreprises publiques économiques à réintégrer cette organisation.
L’annonce a été bien accueillie, d’autant qu’elle met un terme à une ineptie laissée par l’ex-chef de gouvernement, qui avait en 2009 intimé dans un ordre écrit aux EPE de se retirer du FCE. Parmi ces EPE, il y avait notamment Air Algérie, Saidal, Sider ,….
Sellal aura t-il rétabli une injustice économique?
On ne le sait pas encore, mais ce qui est sûr, c’est qu’il est parvenu à se faire entendre par les patrons d’industrie qui ont mis l’accent sur la nécessité d’approfondir le dialogue et la concertation entre tous les acteurs et partenaires du développement économique.
Mieux, selon le Premier ministre, le gouvernement est résolument engagé dans un véritable ‘’pacte de croissance’’ avec les entreprises économiques, qu’elles soient privées ou publiques, sur la base d’une nouvelle relationde confiance’’.
«En 2013, je souhaite que nous bâtissions ensemble un vrai pacte de croissance. Il n’est plus possible de se contenter d’avoir seulement 700 000 PME en Algérie’’, a-t-il souligné lors de son intervention devant le Patronat, relevant que ‘’ le moment est bien choisi pour mobiliser (…) l’entreprise, qu’elle soit publique ou privée sans distinction.»
Il a également réaffirmé ‘’la détermination du gouvernement à prendre en charge’’ les propositions des organisations patronales pour dynamiser les entreprises et relancer l’investissement productif.
Et puis, Sellal y va directement en annonçant que ‘’le gouvernement a chargé la Banque d’Algérie (BA), l’ABEF et les banques, à l’occasion d’un conseil interministériel tenu la semaine dernière, de proposer mais surtout de mettre en oeuvre immédiatement des facilitations en termes d’octroi de crédits et de gestion bancaire quotidienne», aux PME.
L’exercice a été difficile, mais semble avoir conquis le Patronat, qui attend maintenant que le gouvernement aille un peu plus loin dans ses promesses de réformes, fussent-elles minimes, du fonctionnement de l’économie nationale.
Déjà, on commence à parler de revoir le système des investissements étrangers basé sur la règle des ‘’51/49%’’, la révision du Code des marchés publics, une plus grande souplesse des banques en matière d’octroi de crédits et la réintroduction du crédit à la consommation pour soutenir exclusivement la production nationale.
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