Prévoyant une croissance de 2,6% pour l’Algérie : Le pessimisme de la BM sur l’économie mondiale dans son premier rapport de 2024

Dans son tout premier rapport de 2024 sur les perspectives économiques dans le monde, la Banque mondiale (BM) table sur des prévisions moins optimistes, que ce soit pour les économies développées ou celle en voie de développement, durant l’année en cours et en 2025.

Pour l’Algérie, qui ne fait pas exception pour les experts de l’institution internationale, le rapport intitulé «Global economic prospects» (perspectives économiques mondiales), publié ce 9 janvier, prévoit un taux de croissance de 2,6% seulement durant cette année, ce qui tranche avec les 4,2% qui ressort de la loi de Finances pour 2024.

Pour l’année 2025, ce taux de croissance devrait, selon le rapport de la BM, rester stable au même niveau de celui prévu pour l’année en cours, soit 2,6%, ce qui fait ressortir une légère hausse de 0,1% par rapport aux estimations de l’année 2023, avec 2,5%, selon ce nouveau rapport de la Banque mondiale.

Pour ce qui est des années précédentes, la BM rappelle que la croissance du PIB en Algérie a été respectivement de 3,4% en 2021 et de 3,2% en 2022.

Toutefois, dans l’analyse des indicateurs conjoncturels et l’évolution des secteurs stimulant la croissance selon les potentialités de chaque pays, les auteurs du rapport en question relèvent des perspectives moins pessimistes, et qui pourraient être plutôt favorable pour la croissance, dans le secteur des hydrocarbures dans le cas de l’Algérie.

« Parmi les autres exportateurs (d’hydrocarbures, ndlr), la hausse de la production de pétrole résultant de l’assouplissement des mesures de réduction début 2024 devrait contribuer à une croissance plus rapide en Algérie et en Irak », est-il souligné dans ce document, ce qui n’écarte donc pas l’éventualité d’aboutir d’ici la fin de l’année en cours à un taux de croissance plus important que les 2,6% prévus actuellement.

Au-delà de l’Algérie, les perspectives économiques pour l’ensemble de la région MENA (Moyen Orient, Afrique du Nord) sont fortement impactées par le contexte politique et géopolitique actuel, marqué par la guerre que mène actuellement l’entité sioniste dans la bande de Gaza.

Impact du changement climatique sur la croissance

« Le récent conflit au Moyen Orient a amplifié l’incertitude géopolitique et politique dans la région Moyen Orient et Afrique du Nord (MENA) », où la croissance du PIB a « fortement ralenti en 2023 pour s’établir à 1,9% », notent les rédacteurs du rapport de l’institution de Bretton Woods, en mettant en avant l’impact que cette nouvelle donne a eu depuis le mois d’octobre dernier sur des secteurs stratégiques et pourvoyeurs de croissance dans certains pays de la région, à l’instar du tourisme qui est déjà fortement affecté dans des pays comme l’Egypte ou la Jordanie, où le tourisme contribue jusqu’à hauteur de 15 à 20% aux recettes en devises.

Le conflit en cours a en effet « freiné le tourisme » dans la région, souligne la BM dans son rapport, tout en rappelant que « la région était déjà en proie à de multiples difficultés, notamment des baisses de la production pétrolière, une inflation élevée et une activité limitée du secteur privé dans les économies importatrices de pétrole ».

Le ralentissement durant l’année précédente (2023) n’a pas concerné uniquement les pays aux économies moins solides, puisqu’il n’a pas épargné non plus les monarchies pétrolière du Golfe, et ce, en raison de l’impact des réductions successives de la production pétrolière décidées par l’OPEP pour endiguer la chute des cours sur le marché international.

« Dans les pays exportateurs (d’hydrocarbures), le secteur pétrolier s’est nettement affaibli en raison des réductions de la production », note la BM, estimant que « la croissance des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) a fortement chuté en 2023, du fait de la baisse de la production pétrolière qui a plus que neutralisé la vigueur de l’activité du secteur non pétrolier ».

Pour l’année en cours et 2025, la Banque mondiale estime que la croissance économique dans la région MENA restera tributaire de l’évolution de la situation découlant de l’agression de la Palestine par l’armée sioniste. « Le conflit au Moyen Orient accroît l’incertitude des prévisions. En supposant qu’il ne s’aggrave pas, la croissance dans la région MENA devrait remonter à 3,5% en 2024 et 2025 », notent les analystes de la BM.

En revanche, dans un scenario plus pessimiste, le même rapport souligne que, d’une part, « l’intensification du conflit, y compris ses retombées sur les économies voisines et l’afflux de réfugiés, fait planer une sévère menace sur la croissance régionale » et, d’autre part, « les pays de la région MENA sont exposés aux catastrophes naturelles et le changement climatique continue d’accroître la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques ».

M. N.

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