Sommet Afrique-Russie : Plaidoyer pour nouveau modèle de coopération économique régionale plus juste et plus équitable

Le 2ème Sommet Afrique-Russie qui s’est tenu les 27 et 28 juillet, a été une occasion, tant pour les chefs d’Etat et de gouvernement africains participants que pour le président russe, Vladimir Poutine, de poser les jalons d’un nouveau modèle de coopération économique régionale plus juste et plus équitable.

Placé sous le thème de «Pour la paix, la sécurité et le développement», le sommet Afrique-Russie, auquel ont pris part des chefs d’Etat et de gouvernement de 49 pays africains, a ainsi démontré la convergence de vues entre les différentes parties pour aller vers un nouvel ordre mondial multipolaire, ceci au moment où, la Russie vient d’exprimer, par la voix du président Poutine, sa volonté de renforcer sa présence sur le marché africain, dans divers domaines, notamment, l’agriculture, l’enseignement, les sources d’énergie ou la numérisation de l’économie.

Comme vient de le rappeler le président Poutine à juste titre, la Russie s’est déjà hissée au rang d’ «un partenaire important pour le continent africain», ce qu’atteste le volume des échanges commerciaux afro-russe ayant atteint 18 milliards de dollars en 2022, avant d’enregistrer une nouvelle hausse de 35% durant le premier trimestre de l’année en cours.

L’Algérie portail de l’Afrique

Dans cette nouvelle reconfiguration, l’Algérie compte se positionner comme un des éléments clé de la nouvelle carte de partenariat économique Afro-russe. C’est du moins ce qu’a laissé entendre le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, qui a représenté le chef de l’Etat au sommet Afrique-Russie, en affirmant, selon l’APS, que les indicateurs positifs de croissance réalisés par l’Algérie ces dernières années, font d’elle le portail de l’Afrique au titre du partenariat stratégique afro-russe.

Le Premier ministre a précisé à ce propos que «la visite du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en Russie, en juin dernier, a permis la signature de la Déclaration de partenariat algéro-russe approfondi et a donné un grand élan aux relations bilatérales, ce qui érige l’Algérie en portail pour accéder à l’Afrique», tout en rappelant que l’Algérie est le 2ème partenaire commercial africain de la Russie.

Entre autres indicateurs économiques qui placent l’Algérie en position de pivot de la nouvelle approche de coopération afro-russe, le Premier ministre a souligné l’augmentation du revenu individuel à 4 800 dollars, un PIB de l’ordre de 255 milliards de dollars et un taux de croissance record qui pourrait dépasser les 5% en 2023, avec, de surcroît, l’absence d’endettement extérieur, tandis que la nouvelle loi sur l’investissement a permis d’adopter des projets dont la valeur dépasse les 7,2 milliards de dollars, ce qui permettrait la création de 50 000 postes d’emploi.

Pour sa part, le président de la République a mis l’accent, dans le message qu’il a envoyé aux participants au sommet Afrique-Russie, sur les besoins et les attentes des économies africaines en matière de leviers de croissance.

Parmi ces multiples défis qui plombent une grande partie des économies du continent, le président Tebboune a rappelé dans son message qu’un enfant sur 5 en Afrique souffrait de l’absence de chances de scolarisation, plus de 600 millions d’Africains vivaient sans électricité ni accès à l’eau potable, alors que le continent fait face à un déficit de près de 100 milliards de dollars par an dans le financement des projets d’infrastructures, lequel déficit exacerbé par un endettement estimé à 1 000 milliards de dollars en 2022.

Poutine rassure sur l’approvisionnement en céréales

Toutefois, si la Russie ambitionne s’impliquer dans la nouvelle dynamique à laquelle aspire le continent africain à moyen et long terme, une grande partie des participants au 2ème sommet Afrique-Russie a exprimé des appréhensions quant aux défis que pose le contexte actuel marqué par la guerre en Ukraine.

En effet, intervenant quelques jours seulement après le retrait de la Russie de l’Accord sur les céréales ukrainiennes, le sommet de Saint Petersburg a été une occasion pour soulever la question de la souveraineté alimentaire du continent et l’impact de la suspension des approvisionnements en blé ukrainien.

A ce propos, le président russe n’a pas manqué de rassurer que son pays poursuivrait l’approvisionnement de l’Afrique en céréales. «Notre pays est capable de remplacer les céréales ukrainiennes sur une base commerciale et sans frais, d’autant que nous attendons une autre récolte record cette année», a déclaré Poutine la veille de l’ouverture des travaux du Sommet afro-russe.

Tel qu’il ressort des statistiques d’instances onusiennes, dont la FAO, plusieurs pays africains sont fortement dépendants des céréales d’origine russe ou ukrainienne, en y important plus de 50% de leurs besoins, à l’image du Benin, Djibouti, l’Egypte, l’Erythrée, le Soudan et la Tanzanie. En 2022, la Russie a exporté 11,5 millions tonnes de céréales vers l’Afrique, et près de 10 millions tonnes durant le premier trimestre de l’année en cours.

M. N.

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