Importation de bovins : avant le Brésil et le Soudan, 69 000 têtes importées de France

Sur un total de 78 000 bovins exportés par la France hors Europe, 69 000 têtes ont pris la destination de l’Algérie durant l’année 2022, soit plus de 88%. Selon les statistiques rendues publiques par l’Institut français de l’élevage (IDELE) en ce début avril, avec ce volume, l’Algérie vient de dépasser le record d’avant la pandémie de Covid-19 où 59 000 têtes bovines ont été importées de l’Hexagone en 2019.

Néanmoins, depuis le début de l’année en cours, les importations de bovins vivants en provenance d’Europe ont nettement diminué, une raison pour laquelle l’Algérie s’est tournée vers d’autres marchés. Selon l’IDELE, la principale raison de cette nouvelle orientation est, d’un côté, l’indisponibilité de l’offre sur le marché français et, de l’autre côté, les tensions politiques entre l’Algérie et l’Espagne de ces deux dernières années ayant conduit à la suspension des échanges commerciaux entre les deux pays, alors que traditionnellement le marché algérien constituait un débouché de grande taille pour la filière bovine de la péninsule ibérique. 

« Les naissances étant en recul depuis de nombreux mois, les disponibilités en broutards étaient toujours moindres en janvier 2023 et les exportations françaises de bovins de 4-16 mois de type viande ont poursuivi leur recul», souligne l’IDELE dans son récent rapport avant de poursuivre «depuis début 2023, le Ramadan approchant, l’Algérie souhaitait acheter des bovins finis et avait suspendu la délivrance de licences d’import de bovins maigres. N’ayant pu s’approvisionner en France ou en Espagne en jeunes bovins finis (manque de disponibilités pour l’une, tensions politiques pour l’autre), le pays a finalement acheté des bovins vifs finis auprès du Brésil. Il s’agit d’une première pour l’Algérie, qui a toujours préféré acheter des bovins vivants à l’UE pour leur qualité sanitaire».

Il faut noter aussi que la baisse de l’offre en France a poussé les prix d’achat de bovins d’abattage à la hausse sur le marché européen, ce qui a incité les pouvoirs publics à opter pour d’autres marchés, dont ceux d’Amérique Latine et le Soudan.

A cet égard, le P-DG de l’Algérienne des viandes rouges (Alviar), M. Lamine Derradji, a affirmé en mars dernier qu’en prévision du mois de ramadan courant et pour répondre à la demande en la matière, son groupe procèdera à l’importation de 20 000 tonnes de viandes fraiches et 10 000 veaux destinés à l’abattage, principalement du Brésil, Argentine, Colombie et Soudan.

Des aliments de bétail avec des baisses de 1 500 à 2 200 DA/quintal

Par ailleurs, bien que des solutions palliatives viennent d’être trouvées pour couvrir la demande en viandes durant cette période où la consommation repart à la hausse, le développement de la filière locale pour limiter le recours aux importations demeure la priorité des politiques sectorielles mises en œuvre par les pouvoirs publics.

C’est dans cette perspective donc que, pour venir à la rescousse des éleveurs locaux et producteurs de viandes, confrontés à des hausses spectaculaires des prix d’aliments de bétail depuis plusieurs mois, l’ONAB (Office national des aliments de bétail), vient d’annoncer des baisses conséquentes des prix des intrants utilisés dans la fabrication des aliments de bétail et de volailles. Intervenant ce dimanche sur la chaîne Ennahar TV, le P-DG de l’ONAB, Hassan Benzaza, précise que «ces baisses de prix d’intrants destinés à la fabrication d’aliment de bétail et de volaille, dont le maïs et le soja, sont entre 1 500 et 2 200 DA/quintal selon le type d’aliment, et l’opération se poursuivra jusqu’à la fin de l’année en cours».

Dans un communiqué rendu public la semaine passée, l’ONAB a également dévoilé de nouveaux prix pour les aliments prêts à la consommation selon la catégorie, parmi lesquels, l’aliment destiné aux jeunes bovins en phase d’engraissement est cédé à 5 250 DA/quintal et l’aliment pour vaches laitières à 4 710 DA/ql.

La filière élevage, particulièrement dans son segment bovin, représente un enjeu stratégique dans le secteur agricole en Algérie, comme viennent de le souligner les spécialistes en la matière Mohamed Sadoud et Jean-François Hocquette dans leur récent ouvrage intitulé « la filière viande bovine en Algérie », «l’élevage bovin en Algérie occupe une place importante dans la consommation de viande algérienne et contribue fortement à l’économie nationale. Il constitue la deuxième espèce pourvoyeuse en viande rouge pour le consommateur algérien après l’ovin, avec une part de l’ordre de 23% (…) L’Algérie compte environ 2 millions de têtes bovines pour 125 000 tonnes de viande bovine produites».

Mohamed Naïli

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