Chimiste de formation et experte en gestion du risque environnemental, Abderrezak Samia note, avec satisfaction, l’adhésion massive des entreprises algériennes à cette démarche. Ce qui dénote, selon elle, une prise de conscience avérée des opérateurs économiques non seulement des risques encourus mais surtout de l’intérêt et de la rentabilité de ce processus.
Quel est votre avis sur la gestion actuelle des risques chimiques en Algérie ?
La problématique des rejets chimiques est assez importante et particulière en Algérie, mais aussi dans le monde de manière générale, étant donné que pratiquement toutes les entreprises utilisent des produits chimiques, qualifiés de dangereux. C’est là le premier aspect de cette problématique. Le second est relatif à la méconnaissance de ce type de produits au niveau des entreprises même si ces dernières témoignent d’une prise de conscience à ce sujet.
Même si on ne connaît pas bien le produit, on souhaite le faire. Quant au troisième aspect de la gestion des risques chimiques, il est lié à leurs effets, notamment sur la santé du travailleur et sa sécurité, puisque ces produits sont une source permanente de danger et peuvent générer des maladies. Ils ont également des impacts environnementaux et peuvent de ce fait être responsables de la pollution de l’air, de l’eau et des sols à cause des explosions et incidents qui peuvent survenir. Par conséquent, il faut bien comprendre tous ces éléments pour gérer tous les risques potentiels ainsi que les déchets induits. Pour y parvenir, il faut savoir qu’il existe un dispositif en matière d’hygiène, de sécurité et d’environnement qu’il suffit de suivre scrupuleusement.
Pensez-vous que la réglementation dans ce domaine est assez étoffée ?
La réglementation est très riche mais elle reste méconnue, d’où l’intérêt des entreprises de s’informer sur la question pour s’enquérir de la teneur exacte des textes réglementaires pour pouvoir les appliquer. Le besoin exprimé dans ce sens est très important et est facile à satisfaire. Il n’est pas nécessaire d’être diplômé en chimie pour comprendre et appliquer ces procédés.
Il suffit d’avoir quelques notions. Les demandeurs de ces informations sont généralement des délégués de l’environnement ou des responsables en HSE (hygiène, sécurité, environnement) qui veulent approfondir leurs connaissances dans le domaine, aller dans le détail et la spécialisation pour répondre au mieux aux besoins de leurs entreprises, car on ne peut plus aujourd’hui rester dans les généralités.
La démarche est-elle toujours volontaire ?
Il y a certes des textes légaux, mais il faut souligner que les chefs d’entreprise sont demandeurs pour ce qui est de la gestion des risques.
Il y a une réelle prise de conscience de leur part car tout en sachant l’existence du cadre réglementaire, ils sont sincères dans leur volonté de connaître et de maîtriser le risque industriel et chimique. Qui dit risque, dit coût, surtout humain.
Car la prise en charge d’un travailleur malade ou accidenté a une incidence financière lourde aussi bien sur l’entreprise que sur la société dans sa globalité. La prise en charge par la Cnas sa fait grâce à l’argent du contribuable qui peut être épargné pour servir à d’autres fins.
Sur le plan économique, la gestion des risques chimiques pèse-t-elle lourd ?
Il y a bien évidement des investissements à engager pour la prise en charge environnementale des risques mais les entreprises sont prêtes à les assumer compte tenu de leur intérêt à long terme. L’entreprise préfère aujourd’hui investir dans les moyens de protection individuelle pour éviter les maladies et l’absentéisme qui nuisent à sa rentabilité.
Par ailleurs, pour ce qui est des frais de gestion des déchets, l’entreprise est dans l’obligation de les assumer et seule, conformément au principe du pollueur-payeur car si elle génère des déchets, elle doit les prendre en charge. La gestion en elle-même de ces déchets n’est pas du tout difficile. Il suffit d’avoir les bons équipements et le personnel adéquat et qualifié.
Entretien réalisé par A.H.
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