Gaspillage alimentaire : augmentation de 10 % durant le mois de Ramadhan

Le gaspillage des denrées alimentaires ne cesse de prendre une ampleur au sein des foyers, toutes couches de la société confondues, en Algérie.

Du pain, de la viande, des produits laitiers, des fruits et des légumes, rien n’échappe à la « trappe » du fléau du gaspillage qui, au demeurant, est incompréhensible au vu de la situation socioéconomique du pays, de l’érosion du pouvoir d’achat et de la hausse vertigineuse des prix.

Pourquoi l’Algérien gaspille-t-il autant de produits chèrement subventionné par le Trésor public ? Pourquoi l’Algérien consomme-t-il au-dessus de ses moyens et désirs ? Aussi similaire chez les opérateurs économiques du pays, privés soient-ils ou étatiques, pourquoi le gaspillage a atteint un tel niveau que nul n’avait l’esprit de mesurer ? Comment le commun des mortels pourrait-il y remédier à une situation on ne peut plus intenable et qui prend, chaque année, des proportions alarmantes ?

Autant de questionnements et bien d’autres qu’une étude nationale, lancée au mois de mars dernier par l’Agence nationale des déchets (AND), tentera d’apporter des réponses, mais surtout des « remèdes ».

C’est ce qu’a révélé la directrice de gestion intégrée des déchets à l’AND, Fatma Zohra Barça, affirmant que cette étude qui vise à définir les niveaux de gaspillage alimentaire chez les familles algériennes et les différents opérateurs économiques publics et privés, a pour objectif d’arrêter « les indicateurs quantitatifs pour mesurer l’ampleur du fléau du gaspillage alimentaire en Algérie, au niveau des ménages et des entreprises économiques, en prévision de l’élaboration d’une feuille de route prévoyant des objectifs précis de lutte contre ce fléau ».

Selon les termes de ladite étude, l’AND aspire « engager des solutions pour éviter le gaspillage alimentaire », « élaborer des applications permettant de localiser les lieux de gaspillage » et « mettre en place des programmes de collecte des restes alimentaires inutilisés, en coopération avec la société civile ».

Selon des données de l’AND, le taux de gaspillage alimentaire représentait, en 2019, plus de 19% des aliments destinés aux ménages algériens, contre un taux plus important pour les restaurants, les hôtels et les grandes unités de production

Selon Mme. Barça, « chaque mois du Ramadhan, la quantité de déchets ménagers augmente de 10 % par rapport aux autres mois ».

La même responsable relève, en revanche, que « l’indicateur de l’année 2021 affiche un recul du taux de croissance à 4 % dû à l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur le mode de consommation des familles algériennes ».

Gaspillage de 914 millions de baguettes par an

Exemple édifiant du gaspillage, le pain ! En effet, selon une évaluation quantitative réalisée en 2021 par l’AND, la quantité de pain gaspillé s’élève à 14 grammes par habitant et par jour, soit 914 millions de baguettes par an. Rien que cela !

« La quantité globale des déchets produits par les consommateurs en Algérie s’élève à environ 13 millions de tonnes en 2021, un taux moyen par rapport aux quantités cumulées dans les autres pays (…) La problématique réside dans la manière de gestion les déchets et non pas leur quantité », a déploré Mme. Barça, estimant que « la gestion des déchets dans plusieurs pays ne constitue pas un fardeau, mais une source de beaucoup de matières premières nécessaires, d’où l’importance de la maitrise idoine des opérations de récupération ».

14 000 opérateurs récupèrent les déchets en Algérie

Selon cette responsable, actuellement le nombre d’opérateurs activant dans le domaine de collecte et de récupération des déchets a augmenté à 14 000 opérateurs au début de l’année en cours, contre 2 900 en 2014 et 4 086 en 2019.

« L’opération de récupération et de collecte repose sur les principales spécialités à savoir le plastique, les métaux ferreux, le carton et le papier, ce qui a amélioré la valorisation des déchets à 9,83 % en 2021 », a précisé Mme. Barça, soulignant que « le secteur de l’environnement ambitionne de porter le taux de récupération des déchets non dangereux à 30% en 2035 », non sans mettre en avant que l’AND « encourage les investisseurs à accéder ce domaine et s’orienter vers de nouvelles spécialités pour la valorisation des déchets par la fabrication d’engrais organiques ».

A ce propos, cette responsable a révélé que le ministère de tutelle a déjà financé trois stations de fabrication d’engrais à l’Ouest du pays, alors que l’AND offre, selon elle, « un appui technique aux opérateurs activant dans le domaine de la gestion des déchets notamment les unités de recyclage et de valorisation qui seront accompagnées par des comités ad hoc dans les wilayas concernées ».

Du reste, indique encore Mme. Barça, l’AND accompagne les Collectivités locales pour actualiser le schéma directeur de gestion de déchets dans le cadre des opérations d’appui technique pour élaborer un carnet de bord pour les communes définissant les modalités de gestion des déchets, outre les unités de recyclage, les centres d’enfouissement technique, les bacs à ordures et la localisation des camions de collecte.

Ce plan , précise-t-elle, sera actualisé tous les 10 ans pour s’adapter aux développements et assurer une meilleure maitrise de la gestion.

Nadine.S

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