Fromagerie FAFI : d’une fabrique artisanale à un label de renom
Rachid a préféré revenir au pays qui a vu naître et grandir ses aïeux pour épouser cette nouvelle carrière de fromager, en lançant une minuscule fabrique qu’il dénommera Fromagerie FAFI et qui, 13 ans plus tard, a acquis une réputation qui va bien au-delà des frontières.
Au moment où beaucoup de jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, de quelque rang social soient-ils, rêvent de l’exil, Rachid Ibarsiene a tracé son chemin dans le sens inverse. Après des années passées sous les cieux cléments de la paisible Suisse, il jettera son dévolu sur le petit hameau de Tamassit, au pied du majestueux mont de Tamgout, au nord-est de Tizi Ouzou, où il se lancera, comme un aventurier, dans la fabrication de fromage artisanal en 2010.
Après des formations et un savoir-faire acquis dans la patrie du fromage qu’est la République helvétique, Rachid a préféré revenir au pays qui a vu naître et grandir ses aïeux pour épouser cette nouvelle carrière de fromager, en lançant une minuscule fabrique qu’il dénommera Fromagerie FAFI qui, 13 ans plus tard, a acquis une réputation qui va bien au-delà des frontières.
Pas moins de 9 ambassadeurs, de France, Suisse, Allemagne, Autriche et autres, ont, effet, défilé dans ce petit village à quelques encablures de la station balnéaire d’Azzefoune pour découvrir le secret de ce fromage portant désormais l’appellation de Tamgout, déposée auprès de l’INAPI (Institut national de la propriété industrielle) en vue de la protéger. Sa petite fabrique artisanale, lancée en 2010, est devenue à une entreprise économiquement viable, dénommée la Fromagerie FAFI.
Interrogé sur le type de produits que la Fromagerie FAFI propose sur le marché, le quinquagénaire le décline comme «fromage à pâte pressée mi-dure», se refusant de le décrire comme étant un fromage proche du gruyère ou autre fromage suisse pour éviter tout amalgame, bien que le produit se situe entre le gouda et le gruyère, dont «la recette est le vacherin fribourgeois» qui fait la réputation du canton de Fribourg en Suisse. FAFI s’est lancée aussi dans la fabrication d’une gamme de fromages frais à base de lait de vache et de chèvre à l’ail et aux fines herbes.
Un terrain pour une ferme d’élevage pendu au niveau de la justice
Rarement trouvés sur les étals, d’aucuns se demandent quels seraient les débouchés des fromages de FAFI sur le marché ? A cette question, le fromager de Tamassit affirme qu’«auparavant, on travaillait avec les hypermarchés, comme Ardis, à Alger, ou hyper BA à Tizi Ouzou, mais comme on n’avait pas suffisamment de produits, on n’arrivait pas à suivre le rythme des commandes, on a arrêté, on se contente de la vente sur place et quelques livraisons à des magasins de produits du terroir».
Néanmoins, avec 6 postes d’emploi créés, la fromagerie FAFI ne compte pas en rester là. Bien au contraire. Des extensions sont en vue, se projetant même dans l’élevage pour la production de sa propre matière première qu’est le lait. A ce propos, Rachid Ibarsiene révélera qu’un terrain domanial lui a été octroyé par les autorités locales, sous forme de concession, pour la création d’une ferme, mais «depuis trois ans, on se bat pour faire déloger de pseudo-éleveurs qui l’ont squatté. Malgré les décisions de justice et la force publique qui s’est déplacée sur les lieux, le terrain demeure toujours occupé et l’affaire est à la traîne, pendu dans les dédales des tribunaux», regrette-t-il.
Pour aller de l’avant et agrandir son projet, Rachid Ibarsiene, rassuré par la solvabilité de son entreprise, préfère miser sur les fonds propres dégagés grâce aux bénéfices réalisés que de compter sur les financements bancaires pour éviter d’affronter, dit-il, d’autres écueils administratifs. «Solliciter un prêt bancaire est une procédure longue», dira-t-il.
En langue des chiffres, entre 50 et 70 kg de fromages sont produits par jour à la fromagerie FAFI actuellement. «On aurait souhaité produire plus, mais la qualité du lait collecté, moins riche en protéines, ne le permet pas, ne pouvant même pas avoir 10 kg de fromage par 100 litres de lait», explique Ibarsiene, ajoutant que la collecte de lait est en moyenne entre 500 et 600 litres/jour. Si pour la disponibilité, le problème ne se pose pas, en ce qui concerne le prix, «on le paye à 70 DA/litre actuellement et chaque fois les éleveurs réclament des augmentations sous prétexte que les coûts sont de plus en plus élevés», regrette-t-il.
Mohamed Naïli
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