Forum Rakmana : L’entreprise et l’open innovation en débat

Pour rester concurrentielles, les entreprises ont de plus en plus recours à travers le monde à ce qui est communément appelé aujourd’hui l’«open innovation» ou l’«innovation ouverte», ont affirmé ce mercredi à Alger des experts au Forum Rakmana, qui a placé sa 11e édition sous le thème : «Investir dans l’innovation avec la nouvelle loi sur l’Open Innovation ».

En Algérie, cette pratique commence à peine à se faire un peu de place mais elle se limite à quelques grands groupes et entreprises, ont expliqué les différents intervenants au Forum Rakmana organisé par le Groupement algérien des acteurs du numérique (GAAN).

«Le défi que nous devons relever aujourd’hui est d’inculquer cette culture de l’Open Innovation au sein des petites et moyennes entreprises (PME) et des petites et moyennes industries (PMI) qui, pour des raisons liées à leurs fonctionnements et aux budgets, n’osent pas s’y lancer», explique d’emblée Abdelmalek Chetta, vice-président du Groupe Itihad, accélérateur et incubateur, soulignant que les besoins sont pourtant énormes pour ces petites entités économiques.

Selon lui, ce ne sont pas les compétences locales qui manquent. «Les incubateurs peuvent trouver les startups qui ont cette agilité » à proposer des solutions sur mesures pour les entreprises, ajout-il.

Partant de ses propres expériences, M. Chetta a insisté lors du Forum Rakmana que le fait qu’il s’agit plutôt d’adapter les compétences existantes, notamment chez la nouvelle génération de diplômés, aux besoins des entreprises.

Un point de vue que soutient Sid Ali Zerrouki, directeur général d’Algeria Venture, affirmant que l’institution qu’il dirige a identifié jusque-là 42 domaines d’activités en Algérie dans lesquels activent des dizaines de startups. Pour lui, les entreprises ont un certain mode de fonctionnement qui fait d’elles de véritables silos auquel il n’est pas facile à accéder.

Outre le fait d’orienter et de soutenir les jeunes startups, souvent dirigées par de jeunes diplômés et parfois des étudiants, Algeria Venture joue le rôle d’«intermédiaire» entre les porteurs de projets et les entreprises qui ont besoin, elles aussi, d’être en confiance avec ces éventuels partenaires.

Nouredinne Ouadah, directeur des startups et des incubateurs au sein du ministère des startups, de la micro-entreprise et de l’économie de la connaissance, n’a pas manqué, pour sa part, lors de Forum Rakmana de rappeler le rôle central que joue l’Etat dans la promotion de l’innovation.

«L’Etat aujourd’hui envoie un signal fort, en mettant un cadre réglementaire en direction des entreprises en matière d’impôts pour soutenir l’open innovation», a-t-il affirmé, insistant sur le fait que « l’Etat a mis l’accent sur l’utilisation des compétences locales».

Cet ancien chercheur en robotique, évoque en effet les dispositifs et les mécanismes de soutien mis en place par les pouvoirs publics (incitations fiscales et un cadre législatifs adapté), en faveur des entreprises afin de les pousser à intégrer l’open innovation en tant qu’élément de leur stratégie de croissance et de développement.

Ces dernières sont en effet exemptes d’impôts si consacre une partie de leurs investissements dans l’open innovation, un principe consacré depuis l’an dernier dans la loi de Finances 2023.

« Sont déductibles du revenu ou du bénéfice, jusqu’à concurrence de 30 % du montant de ce revenu ou bénéfice, dans la limite d’un plafond de deux cents millions de dinars (200.000.000 DA) », lit-on dans l’article 11 du Journal officiel N° 89 en date du 29 décembre 2022, qui fait référence aux dispositions de l’article 171 du Code des impôts directs et taxes assimilés. Ces exemptions concernent «les dépenses engagées dans le cadre de la recherche et développement au sein de l’entreprise» ainsi que «les dépenses engagées dans le cadre des programmes d’innovation ouverte, réalisés avec les entreprises disposant du label « start-up » ou « incubateur».

Dans le même texte de loi, il est clairement indiqué que « lorsque les dépenses engagées concernent simultanément la recherche et développement et l’innovation ouverte, le montant total des dépenses ne peut être supérieur à deux cents millions de dinars (200.000.000 DA) ».

«Les activités de recherche développement en entreprise, les dépenses en recherche et développement considérées comme éligibles ainsi que les dépenses engagées dans le cadre des programmes d’activités d’innovation ouverte sont définies par un arrêté conjoint du ministre chargé des finances, du ministre chargé de la recherche scientifique et du ministre chargé de l’économie de la connaissance », peut-on encore lire dans ce même texte.

Invité au Forum Rakmana, Samir Souci, directeur de l’innovation et du développement industriel Holding ACS (Algeria Chemical Specialities), a affirmé que l’open innovation faisait partie de leur politique des années avant l’apparition de ce concept tel qu’il est défini aujourd’hui, en appelant régulièrement à des acteurs extérieurs pour sous-traiter certaines activités liées au développement de leurs produits.

« Là, évidemment, on s’inscrit directement dans la politique des pouvoirs publics», a-t-il répondu à une question en lien avec les avantages fiscaux accordés aux entreprises pour les encourager à investir dans l’open innovation.

Car, au final, il s’agit de garantir pour l’avenir l’indépendance technologique pour l’Algérie, ont estimé les différents intervenants au débat.

Lyès Menacer

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