Le FMI “tance” la France et “exige” des réformes structurelles

En dépit de son statut de septième puissance économique mondiale, selon le classement du FMI pour l’année 2022, la France croule sous des dépenses publiques qui aggravent son déficit budgétaire au point où l’Institution monétaire internationale elle-même vient de «tancer» Paris en l’appelant à engager des réformes structurelles pour redresser son économie.

Pour s’y prendre, la tâche est d’ores et déjà compliquée pour Emmanuel Macron et son gouvernement, dont le pays est ébranlé depuis plusieurs semaines déjà par un mouvement de contestation qui mobilise des millions de Français contre une réforme des retraites dont le principal point qui suscite la colère est de repousser l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans pour justement endiguer un déficit structurel qui guette le système des retraites dans ce pays.

Alors que sa balance commerciale fait ressortir un déficit qui s’élève à 163,6 milliards d’euros (plus de 177 milliards de dollars) en 2022, un niveau record jamais atteint depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, due principalement à la persistance des retombées de la crise sanitaire de 2020/2021 mais aussi et surtout aux conséquences dévastatrices de la guerre en Ukraine sur les économies européennes, la France a enregistré des dépenses publiques durant l’année précédente de l’ordre de 1 500 milliards d’euros, faisant ressortir un déficit budgétaire en hausse de près de 20 milliards d’euros par rapport à 2021, révélait en janvier dernier le ministre français délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal.

Tel est donc l’état des lieux actuel de l’économie de l’Hexagone qui ont fait réagir le FMI, appelant Paris à revoir sa stratégie en matière de dépenses publiques, tout en mettant en garde que la situation risque de perdurer non seulement pour l’année en cours mais jusqu’à 2027 au moins.

En effet, selon l’institution de Bretton Woods, les prévisions économiques de 2023 pour ce pays suscitent des préoccupations, avec un faible taux de croissance de l’économie de 0,7% seulement, et un déficit public de pas moins de 5,4%, soit largement au-dessus du taux de convergence toléré dans la zone euro qui est plafonné à 3%.

Dans le détail, tel que repris par le magazine de l’économie Capital, le FMI souligne qu’ «en matière de maîtrise de ses dépenses publiques et du déficit public, la France sera le cancre de l’Europe et ce jusqu’en 2027». En effet, selon le FMI, «le déficit public atteindra au moins 5,4% en 2023 et se stabilisera ensuite autour des 5% au moins jusqu’en 2027».

La pandémie et la guerre en Ukraine compliquent la donne

Outre le FMI, des voix institutionnelles s’élèvent aussi de l’intérieur pour mettre en garde contre l’asphyxie qui guette les comptes publics dans ce pays, à l’instar de la Cour des comptes qui a appelé le gouvernement d’Elisabeth Borne à engager un «redressement résolu» des finances publiques.

Pour ce qui est des raisons pour lesquelles le pays en est arrivé là, il y a lieu de noter qu’au caractère de l’économie la plus sociale d’Europe dont la France est réputée, avec des budgets importants affectés à la santé, l’éducation, la sécurité sociale entre autres, le gouvernement français a mobilisé des dizaines de milliards d’euros pour enrayer d’abord les effets de la crise sanitaire, puis de la crise actuelle entrainée par la guerre en Ukraine, ce qui fait que la France a actuellement un des niveaux de dépense publique les plus élevés de la zone euro, représentant 57,7 % du PIB en 2022 et 56,9 % prévus en 2023.

A cet effet, la Cour des comptes, selon son président, Pierre Moscovici, fait un décompte de dépenses supplémentaires dues à la conjoncture de 2020-2023, de pas moins de « 37,5 milliards d’euros de dépenses liées à la crise sanitaire et au plan de relance en 2022, et toujours 12,5 milliards en 2023. Il faut ajouter les mesures prises ensuite pour amortir le choc inflationniste qui ont représenté 25 milliards en 2022 et 36,3 milliards en 2023 ».

Ceci fait dire donc au président de la Cour des comptes que « les finances publiques étaient déjà dégradées avant la pandémie de Covid-19, mais à notre sens, elles appellent maintenant des mesures urgentes ».

Faisant face à une situation aussi asphyxiante alors que le vent de contestation, qui est à son 10ème jour de mobilisation ce mardi, ne fait que se radicaliser, promettant de « bloquer le pays », selon les termes utilisés par Philippe Martinez, Secrétaire général de la plus que centenaire organisation syndicale CGT (Confédération générale des travailleurs), le président Macron et son gouvernement sont condamnés à lutter sur deux fronts, pour à la fois redresser les comptes publics et calmer le font social.

Mohamed Naïli

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