Catégorie : Africa business

  • Taxe carbone : L’intégration régionale s’impose aux pays africains

    Taxe carbone : L’intégration régionale s’impose aux pays africains

    Avec des perspectives de plus en plus contraignantes sur le marché mondial, limitant les chances de trouver de nouveaux débouchés pour le produit africain, l’intégration régionale s’impose comme l’ultime alternative pour les économies des pays africains

    En effet, après les contraintes liées aux fluctuations des cours des produits de base sur le marché mondial ou celles liées aux barrières douanières, les nouvelles restrictions qui s’apprêtent à entrer en vigueur sur plusieurs marchés au monde dans le cadre de la transition énergétique et la limitation des gaz à effet de serre risquent à leur tour d’entrainer des pertes supplémentaires pour les pays africains.

    C’est ce que viennent de démontrer la Fondation africaine pour le climat (ACF) et l’Institut Firoz Lalju pour l’Afrique dans un récent rapport, mettant en garde contre le mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières (MACF) dont l’impact, à son entrée en vigueur, pourrait s’élever à 25 milliards de dollars de préjudice sur le PIB (Produit intérieur brut) du continent africain.

    Sous le titre de « Implications for African Countries of a carbon border adjustment mechanism in the EU », (Implications pour les pays africains d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE), le rapport de l’ACF et l’Institut Firoz Lalju est établi sur la base de deux scénarios ayant permis d’évaluer l’impact du mécanisme européen MACF sur les économies africaines, dont l’entrée en vigueur est prévue pour le mois d’octobre prochain, mais, après une période dite de transition de trois ans, ses effets sur le continent africain seront plus tangibles dès 2026.

    Pour rappel, le mécanisme en question, dit aussi dispositif de la taxe carbone européenne, dont l’objectif est de diminuer de 55% les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2035, vise à instaurer une équité entre les entreprises européennes, soumises à la taxe carbone, et leurs concurrentes de pays hors UE dont les exportations vers le marché communautaire seront soumises à un prix carbone.

    Tel que le précisent les rédacteurs du rapport en question, le mécanisme carbone de l’Union européenne vise donc à soumettre les produits importés au même prix carbone imposé aux produits similaires d’origine européenne, et ce, pour endiguer les délocalisations massives auxquelles semblent opter les entreprises européennes pour contourner la taxe carbone en question.

    Le ciment, les engrais, l’hydrogène et autres produits concernés par la taxe

    Pour évaluer le préjudice de ce nouveau mécanisme carbone européen sur les pays africains, le rapport a basé donc ses pronostics sur deux niveaux de prix différents. Le premier suppose un prix plus bas de 43 dollars/tonne de carbone et le second sur un prix de 93,6 dollars/tonne, qui est « le prix le plus réaliste » précisent les auteurs du rapport.

    A un prix de 43 dollars, le mécanisme européen provoquerait donc une baisse de près de 4% des exportations africaines vers l’UE, soit près de 16 milliards de dollars/an, et une contraction de 0,58% du PIB africain. A un prix de 93,6 dollars/tonne de carbone, le mécanisme MACF entrainerait une baisse de 5,75% des exportations africaines vers le marché communautaire, ce qui représente près de 25 milliards de dollars/an et un recul de 0,91% du PIB du continent.

    Bien qu’il ne concerne dans sa première étape que sept produits, à savoir, l’acier, l’aluminium, le ciment, l’électricité, les engrais, le fer et l’hydrogène, le mécanisme carbone MACF de l’Union européenne provoquerait déjà un manque à gagner aux économies africaines d’une aussi grande ampleur, sachant que, rappellent les rédacteurs dudit rapport, le marché européen représente 26% des exportations africaines d’engrais, 16% de fer et acier, 12% d’aluminium et ciment ainsi que 33,1% de produits manufacturés.

    En conséquence, lorsque le mécanisme sera étendu à tous les produits, et à un niveau de prix estimé à 93,6 dollars/tonne de carbone, les exportations africaines risqueraient de se contracter de 7,13%, avec un manque à gagner qui pourrait s’élever à 31 milliards de dollars.

    Dans le cas de l’économie nationale, l’impact du mécanisme européen MACF ne serait pas moindre, lorsque l’on sait qu’avec plus d’un million tonnes/an d’exportations, l’Algérie est actuellement le deuxième fournisseur de l’Europe en ciment, après la Turquie.

    A moyen terme, cet impact ne fera que s’accentuer avec le développement du marché d’hydrogène vert et bleu, dont l’Algérie vise l’objectif de devenir un fournisseur clé du marché européen en la matière.

    Face à de telles perspectives qui guettent les produits africains sur le marché européen, il n’y a donc que l’intégration régionale entre les différentes économies du continent qui permettrait d’éviter ce manque à gagner, tel que le recommandent sans cesse tous les Etats et institutions du continent.

    Ce n’est d’ailleurs pas fortuit si le ministre du Commerce et de la promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a insisté la semaine dernière dans la capitale Kényane, Nairobi, sur la nécessité d’accélérer l’activation de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine). Le nouvel espace du libre-échange continental est perçu en effet comme une opportunité aux pays de la région d’augmenter les échanges interafricains de plus de 55%.    

    Mohamed Naïli

  • Alors que le nouvel espace stimule l’intégration régionale : Interrogations sur le règlement des litiges dans le cadre de la Zlecaf

    Alors que le nouvel espace stimule l’intégration régionale : Interrogations sur le règlement des litiges dans le cadre de la Zlecaf

    Scrutée de près par les milieux économiques à travers le monde et des institutions de différentes catégories au niveau régional et international, la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine) confirme de plus en plus son rôle de pivot central d’un marché intra-africain en devenir. Cependant, au-delà de la levée des barrières tarifaires, des experts spécialisés dans le fonctionnement des sphères économiques requièrent la mise en place d’instruments supplémentaires à même d’assurer le bon fonctionnement de cet espace de libre-échange africain.

    Après le FMI, la Banque mondiale et bien d’autres institutions internationales, c’est donc au tour de la Banque africaine de développement (BAD) de mettre en avant les enjeux de ce qui se révèle comme le plus grand espace de libre-échange dans le monde, qu’est la Zlecaf.

    En effet, dans l’édition de 2023 de sa Revue annuelle sur l’efficacité de développement (RAED), publiée le 25 mai courant, la plus grande institution financière continentale vient de passer à la loupe différents aspects de la Zlecaf, en revenant sur son processus de mise en place, ses perspectives ainsi que ses atouts pour l’émergence d’une économie régionale intégrée.

    Dans son analyse des évolutions enregistrées par le continent au plan économique d’une manière globale, la BAD fait remarquer que, malgré le retard qu’a connu sa mise en œuvre, « le début des échanges dans le cadre de la Zlecaf,  le 1er janvier 2021, a fourni un symbole puissant de l’engagement croissant de l’Afrique à s’intégrer », tandis que, au-delà de son rôle pour stimuler les échanges au niveau du continent, ce nouvel espace de libre-échange « offre également une opportunité de promouvoir le développement durable et de lutter contre le changement climatique ».

    Quel instrument pour le règlement d’éventuels différends investisseurs-Etats ?

    Passant en revue les différentes étapes de son déploiement, le nouveau rapport annuel de la BAD constate des progrès dans « l’opérationnalisation de la Zlecaf ». « En février 2023, tous les pays africains, sauf un (l’Erythrée, ndlr), avaient signé l’accord de la Zlecaf et 46 pays avaient ratifié les instruments établissant la zone de libre-échange, devenant ainsi des Etats parties à l’accord ».

    Concernant le contenu de l’accord en question, les analystes de la BAD rappellent dans ledit rapport que « les signataires se sont engagés à supprimer les droits de douane sur 90% des marchandises d’ici à 2030 et sur 7% supplémentaires d’ici à 2035 », et ce, pour un objectif qui consiste à parvenir à « créer un marché continental unique pour les biens et les services, avec libre circulation des personnes et des capitaux, ouvrant ainsi la voie à l’accélération de la mise en place de l’Union douanière continentale et de l’Union douanière africaine ».

    Outre le commerce continental, la Zlecaf est également perçue par la BAD comme un levier pour la dynamisation de certains secteurs productifs au sein du continent. « L’expansion des liens commerciaux et économiques en Afrique, facilitée par la Zone de libre-échange continentale africaine et les communautés économiques régionales, stimule les efforts d’industrialisation (…). Il est donc essentiel que les pays africains continuent à mettre en œuvre les engagements de la ZLECAF tout en donnant la priorité au développement des chaînes de valeur industrielles régionales », souligne la RAED 2023.

    Au même titre que la mise en place de l’espace de libre-échange lui-même, la BAD relève aussi « des progrès significatifs (qui) ont également été accomplis en ce qui concerne l’opérationnalisation du Fonds d’ajustement de la Zlecaf. Basé au Rwanda et administré par Afreximbank, selon l’accord conclu, ce Fonds est conçu pour aider les Etats membres à faire face aux coûts d’ajustement liés à la mise en œuvre de la Zlecaf ». 

    Par ailleurs, à l’instar du Fonds d’ajustement en question, d’autres instruments s’avèrent nécessaires à mettre en place pour accompagner le fonctionnement de la Zlecaf, comme les mécanismes de règlement de litiges.

    A ce propos, l’expert juridique Mouhamed Kébé, du cabinet Pan-Africain GENI & KEBE, suggère l’anticipation de la mise en place d’un système approprié pour le règlement d’éventuels différends entre opérateurs économiques et les Etats au sein du continent. « Je suis de ceux qui pensent que la Zlecaf devrait être une excellente opportunité pour l’Afrique de mettre en place une juridiction continentale pour traiter les différends issus des relations Etats-Investisseurs au sein du continent », a-t-il déclaré cette semaine au magazine panafricain Afrimag.

    Mohamed Naïli

  • Réforme du secteur des assurances en Algérie : Un nouveau projet de loi en préparation

    Réforme du secteur des assurances en Algérie : Un nouveau projet de loi en préparation

    Un nouveau texte de loi sur les Assurances est en préparation, a affirmé ce lundi le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, à l’ouverture à Alger de la 49e Conférence de l’Organisation des Assurances Africaines (OAA). Très attendu par les professionnels du secteur qui affirment avoir soumis des nombreuses propositions aux autorités pour une réforme profonde des Assurances, le projet de loi sera soumis aux deux chambres du Parlement avant la fin de l’année en cours, a déclaré en effet le Premier ministre.

    Les pouvoirs publics «sont en phase de finaliser un nouveau projet de loi sur les assurances qui sera soumis aux deux chambres du Parlement avant la fin 2023 pour accroître l’attractivité du secteur des assurances en Algérie », a-t-il expliqué. Il a également rappelé que le secteur des assurances en Algérie «a connu plusieurs réformes qui ont favorisé l’ouverture du marché à de nouvelles sociétés privées et étrangères, le nombre de sociétés étant passé de 6 sociétés publiques en 1995 à 25 sociétés actuellement, à capital, public, privé, étranger ou mixte».

    Le ministre des Finances Laaziz Faïd, a expliqué que l’objectif du texte en préparation « est d’améliorer l’organisation et la performance du marché de l’assurance et de consacrer le principe de la concurrence loyale entre intervenants dans la perspective de promouvoir le niveau de cette activité et son rôle dans les domaines économique et social». Les nouvelles dispositions prévues dans ce texte permettront, dira-t-il «d’améliorer la couverture en assurance des indicateurs nationaux, de contribuer largement au financement de l’économie nationale et d’offrir des services de qualité aux assurés ».

    «Le cadre juridique a été renforcé ce qui a favorisé le développement de l’activité d’assurance et par la même du volume du marché de trois fois durant les 15 dernières années, soit plus de 1,1 milliard de dollars en 2022», a rappelé par ailleurs M. Benabderrahmane.

    Malgré les réformes successives, le secteur demeure en deçà des attentes des compagnies d’assurances, a rappelé pour sa part Youcef Benmicia, président de l’Union algérienne des sociétés d’assurances et de réassurances (UAR) lors de la conférence de presse organisée ce dimanche à Alger, où se déroule la 49e Conférence de l’OAA, qui se déroulera en même temps que l’Assemblée générale de cette institution, forte de 371 membres à travers tout le continent africain.

    « Selon les experts, le poids réel du secteur des assurances est 4 à 5 fois plus important que ce qu’il est aujourd’hui », avait affirmé M. Benmicia, défendant avec M. Khelifati, PDG d’Alliance Assurances, qui a co-animé cette conférence de presse, la nécessaire révision du cadre juridique et également organisationnel d’un secteur. Un secteur qui aspire à jouer un rôle clé en matière de contribution au Produit national brut (PIB) du pays, représentant actuellement moins de 1%, selon le dernier rapport du Conseil national des assurances (CNA).

    «Notre démarche vise à participer à la dynamique économique nationale, à travers les propositions que nous avons formulées au gouvernement », a souligné M. Khelifati.

    Certes, en 2022, le secteur des assurances a enregistré 6% de croissances par rapport à 2021, avec un chiffre d’affaires estimé à 156 milliards de dinars, après une période pandémique (Covid-19) qui a plombé l’ensemble de l’activité économique, mais les compagnies d’assurances se cherchent une nouvelle voie pour aller de l’avant.

    La piste du développement d’une véritable assurance agricole en Algérie constitue un des axes de leurs réflexions, concernant cette réforme, et la 49e Conférence de l’OAA leur offre une véritable opportunité pour approfondir le débat sur le sujet, dans un contexte de risques émergents (sécheresses, inondations, etc.).

    Pour rappel, la « Contribution de l’assurance aux défis de la sécurité alimentaire en Afrique » est le thème de cet important rendez-vous africain des acteurs du secteur à Alger, où plus de 1700 participants de 73 pays, issus de cinq continents, débâteront jusqu’au 31 mai de la manière à développer une nouvelle vision en Afrique pour accompagner le développement économique du continent.

    « Les Assurances ne peuvent pas rester à l’écart », a insisté M. Benmicia lors de la conférence de presse de dimanche, soulignant que l’assurance agricole représente à peine 2% en Algérie, ce pourquoi les professionnels des assurances, à leur tête le PDG d’Alliances Assurances, pensent qu’il serait judicieux de rendre l’assurance agricole obligatoire. 

    « L’assurance agricole joue un rôle crucial dans la protection des revenus des agriculteurs, la promotion de la sécurité alimentaire et la stimulation du développement économique durable. Relever le défi de la sécurité alimentaire exige une vision audacieuse et une collaboration étroite entre les assureurs, les organismes de réglementation et les parties prenantes concernées », a insisté M. Khelifati.

    Conscients de la difficulté que trouveront certainement certains petits paysans et agriculteurs à s’assurer une bonne couverture, les Assureurs ont déjà mis en place dans certains pays africains ce qu’ils appellent la « micro-assurance ». Et c’est ce que propose M. Benmicia comme expérience à reproduire en Algérie, proposant aussi « une révision profonde de la vision que nous avons face à la sécheresse et mettre en place de nouveaux outils pour répondre à l’impact provoqué par ce phénomène », devenu récurrent dans notre pays, depuis quelques années, et menaçant aussi de nombreux pays africains.

    « La branche agricole représente moins de 4% du marché africain des assurances, évalué à 62 milliards de dollars. Face à l’ampleur des catastrophes naturelles, les propositions mettront l’accent sur l’impératif de mettre en place de nouveaux dispositifs d’assurance adaptés pour assurer la sécurité alimentaire des pays du continent, en tenant compte de l’ampleur des calamités agricoles accentuée par les changements climatiques », a conclu M. Benmicia.

    Lyès Menacer

  • Gouvernance mondiale : L’Afrique revendique une redistribution des cartes

    Gouvernance mondiale : L’Afrique revendique une redistribution des cartes

    FMI, G20, ONU avec son Conseil de sécurité et ses différentes organisations, autant d’institutions et d’organes où sont prises des décisions sur le fonctionnement et l’avenir des nations, tant économique, social, politique que géostratégique. Sous domination d’une poignée de pays, dits puissances mondiales, notamment occidentaux, l’Afrique n’a pas voix au chapitre au sein de ces instances incarnant la gouvernance mondiale.

    Pourtant, composé de 54 Etats, soit 27%, plus d’un quart de l’ensemble des pays qui constituent l’Organisation des Nations unies, avec plus de un milliard d’habitants et tout en étant l’un des moteurs de l’économie mondiale, dont il est le principal fournisseur de matières premières, le continent africain a logiquement droit d’être associé aux décisions à dimension mondiale et dont il subit souvent les conséquences.

    Comme le souligne le sociologue sénégalais Kaly Niang dans son ouvrage «l’Afrique à l’heure de la gouvernance mondiale, problématique et enjeux», «la crise mondiale actuelle commande que l’Afrique ait voix au chapitre, pour donner au moins sa vision d’une crise qui l’affecte aussi.

    Elle ne doit pas avoir à supporter des réformes qui viendraient à être prises à son détriment». Mais dans un système mondial où la logique des équilibres régionaux a cédé  place à celle de la puissance politico-économique, l’Afrique s’est toujours trouvée à la marge de ces sphères décisionnelles.

    Cet état de fait sort tellement du cadre du rationnel que Kaly Niang s’interroge, lui aussi : «Au nom de quel principe ce continent doit-il être exclu du grand débat planétaire ? Est-il si dépourvu de matières grises, au point où il ne peut pas apporter sa part de lumière au long tunnel économico-financier dans lequel est plongé en ce moment le monde ? Ou est-il tout simplement victime de l’image qu’il a toujours renvoyée au reste du monde : un continent si empêtré dans la pauvreté que ce genre de débat n’est pas pour l’Afrique une priorité ?»

    Alors qu’il est mis à l’écart au sein de ces instances, le continent africain a souvent été le premier à être impacté par les rapports de force qui se jouent à l’échelle planétaire. Ceci a été démontré l’an dernier, avec la crise alimentaire entraînée par le déclenchement de la guerre en Ukraine, qui, d’ailleurs, est loin d’être un conflit russo-ukrainien, mais une guerre entre deux blocs géopolitiques replongeant le monde dans le même climat de tension de l’ère de la guerre froide.

    Bien qu’ils aient évité toute prise de position avec l’un ou l’autre des belligérants, les pays africains ont été les premiers à être affectés par la baisse de l’offre sur le marché mondial des céréales, suivie d’une hausse spectaculaire des cours, la pénurie des engrais et autres intrants agricoles, ayant découlé de ce conflit.

    Le continent face à un désastre dont il n’est pas responsable

    Décrivant l’impact de cette guerre sur le continent, Angela Lusigi du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) souligne : «L’impact le plus visible de la guerre en Ukraine sur l’Afrique est la hausse des prix du carburant et des denrées alimentaires, l’inflation et l’instabilité financière. Les plus pauvres sont les plus durement touchés, car une grande partie de leurs dépenses de consommation est consacrée à la nourriture et aux transports.»

    Les effets des changements climatiques illustrent aussi cette forte exposition du continent africain aux conséquences des mutations qui s’opèrent dans le monde sans qu’ils soient associés à ce qui s’y décide. En effet, même si elle ne contribue que d’une manière marginale à l’émission des gaz à effet de serre, moins de 4%, l’Afrique en subit les conséquences, avec la multiplication du phénomène des hausses des températures, sécheresse, inondations récurrentes avec leurs effets d’érosion et d’affaissement des sols.

    «S’agissant de la sécheresse extrême, l’Afrique du Nord, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Sud sont les régions les plus exposées», indique la chargée des questions climatiques auprès de l’Agence française de développement (AFD), Marie-Noëlle Woillez.

    Tout en étant une victime collatérale d’une situation désastreuse dont les pays industrialisés sont les premiers responsables, le continent africain n’est presque pas écouté lorsqu’il demande réparation. C’est le cas lors de la dernière conférence des Nations unies sur le climat, COP 27, en 2022 en Egypte, où les revendications des délégations africaines pour «sauver le continent» ont été reléguées au second plan, dont la demande formulée pour le doublement des financements pour l’adaptation des économies africaines au nouveau contexte climatique qui n’a même pas figuré dans les résolutions finales de la conférence.

    Toutefois, si cette situation faite de marginalisation et d’exclusion a prévalu des décennies durant, le continent africain affiche ces dernières années sa détermination à aller vers une redistribution des cartes au sein des instances internationales.

    Le G20 et puis après ?

    A la fin du mois d’avril dernier, lors des réunions du printemps du FMI, pas moins de 45 ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique se sont distingués en montant au créneau pour appeler à la réforme du système de fonctionnement de cette institution issue des accords de Bretton Woods, notamment le système des DTS (Droits de tirage spéciaux) qui, dans sa conception actuelle, ne favorise pas les pays en développement, essentiellement ceux du continent africain, tout en appelant aussi l’institution internationale à «assurer la disponibilité des prêts, améliorer leurs conditions et remédier aux déséquilibres systémiques».

    Du côté des pays qui se sont érigés en maîtres du système de gouvernance mondiale, une prise de conscience quant à cette sorte d’injustice à l’égard du continent africain commence à prendre forme.

    Après les Etats-Unis, le Japon, c’est l’Allemagne, par la voix du chancelier Olaf Scholz, d’annoncer, au début du mois de mai dernier, son soutien pour l’octroi d’un siège permanent à l’Union africaine au sein du G20, le groupe des 20 économies les plus puissantes au monde, afin que, déclare-t-il, «l’UA puisse contribuer à la prise de décisions».

    Après le G20, l’Afrique parviendra-t-elle à intégrer les autres centres décisionnels où se conçoit l’ordre politico-économique mondial ?

    Mohamed Naïli

  • Déficit de la balance commerciale avec la Chine : l’Afrique doit sortir de son statut d’exportateur exclusif de matières premières

    Déficit de la balance commerciale avec la Chine : l’Afrique doit sortir de son statut d’exportateur exclusif de matières premières

    Durant les quatre premiers mois de l’année en cours, la balance commerciale entre la Chine et l’Afrique a atteint 94,4 milliards de dollars, faisant ressortir une croissance de 8,9% par rapport à la même période de l’année précédente.

    Néanmoins, en se penchant sur les flux entre les deux partenaires et la nature des produits échangés, il s’avérera que seule une intégration régionale est à même de garantir au continent africain de sortir de sa posture de gisement de l’économie mondiale.

    De prime abord, tel qu’il ressort des données que viennent de publier les services de douanes chinois, la balance commerciale est toujours favorable à l’empire du Milieu qui a exporté vers l’Afrique pour 58,9 milliards de janvier à la fin avril dernier, alors que les exportations de l’ensemble des pays du continent vers cette puissance asiatique ne totalisent que 35,5 milliards de dollars. Si les exportations chinoises ont enregistré une croissance de 26,9% par rapport à la même période de l’année 2022, les exportations africaines vers la Chine durant les 4 premiers mois de 2023 ont, en revanche, reculé de 11,8% par rapport à la même période de l’année d’avant.

    Les éléments d’analyse qui se dégagent de l’évolution de la balance commerciale Afrique-Chine indiquent, à première vue, que les exportations des pays africains sont constituées quasi exclusivement de matières premières. Si elles ont reculé de 11,8% durant les quatre premiers mois de cette année, les analystes estiment que c’est dû à la baisse des cours des matières premières sur le marché mondial, d’un côté, et à une reprise de l’économie chinoise plus lente que prévue après sa sortie de sa politique dite zéro Covid-19 depuis janvier dernier, d’autre part, ce qui a induit une demande moins dynamique en matières premières et minerais.

    La lecture qu’en fait l’ancien secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, Carlos Lopes, abonde, d’ailleurs, dans ce sens. «Le ralentissement de la croissance économique chinoise, due à des périodes de confinement prolongées et aux tensions géopolitiques qui ont perturbé les chaînes d’approvisionnement en 2022, a considérablement augmenté les stocks de minéraux en Chine et réduit la demande pour tous les produits de base», a-t-il déclaré en réaction à la publication de ces statistiques par les services des douanes chinoises.

    La Zlecaf, clé de voûte de l’intégration régionale

    A l’inverse, les importations des pays africains sur le marché chinois connaissent une prédominance de produits relevant de la petite industrie et des équipements, dont les textiles, machines, équipements électroniques divers.

    Alors que la Chine a pris ces deux dernières années des engagements visant à renverser cette tendance, à savoir encourager la diversification des exportations africaines vers le pays asiatique pour que le continent ne reste pas cantonné dans sa position de fournisseur de matières premières, c’est la même configuration qui se dégage. Pour rappel, en 2021, lors du Forum sur la coopération Chine-Afrique, le président chinois Xi Jinping s’est engagé à augmenter les importations de Pékin en provenance de l’Afrique, principalement les produits agricoles, mais deux ans plus tard, la situation reste inchangée. La balance commerciale de l’Afrique fait aussi ressortir un solde déficitaire que ce soit avec l’Europe, le reste de l’Asie, les Etats-Unis ou l’Amérique latine.

    C’est pourquoi donc, seule une intégration régionale effective et active est en mesure de permettre aux pays africains de diversifier leurs exportations mais aussi de mieux valoriser les matières premières, dont ils regorgent et en tirer profit, et ce, en développant des industries locales pour limiter leur exportation à l’état brut.

    En conséquence, les mécanismes comme la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine) peuvent s’avérer d’une importance capitale, à la seule condition de faciliter et accélérer sa mise en œuvre. A titre indicatif, dans un récent rapport, le FMI estime que l’entrée en vigueur de la Zlecaf générera une hausse de 53% des échanges commerciaux intra-africains.

    Dans le même sens, cette semaine, c’est la BAD (Banque africaine de développement) qui vient de mettre en garde les pays africains en les exhortant à développer les industries locales adaptées à la transition énergétique en cours. Faute de quoi, le continent risque de ne gagner que 55 milliards de dollars sur un potentiel de 8.800 milliards s’il se contente d’exporter à l’état brut les minerais nécessaires à la fabrication d’équipements pour la production et le stockage d’énergies propres, comme les éoliennes, les panneaux solaires ou les batteries pour véhicules électriques.

    Mohamed Naïli

  • Minerais nécessaires à la transition énergétique :  Un potentiel de 8.800 milliards de dollars à la portée de l’Afrique

    Minerais nécessaires à la transition énergétique : Un potentiel de 8.800 milliards de dollars à la portée de l’Afrique

    L’Afrique renferme d’importantes réserves de minerais rares nécessaires aux nouvelles industries de transition énergétique. Néanmoins, en l’absence d’une chaîne de valeur permettant le développement d’industries locales pour la fabrication de batteries pour véhicules électriques notamment, le continent risque de ne pas tirer profit de ces nouvelles richesses tant convoitées dans le monde.

    C’est ce constat qui ressort en substance d’un récent rapport de la Banque africaine de développement (BAD), avertissant que le continent africain « ne capterait que 55 milliards de dollars sur un potentiel de 8.800 milliards d’ici à 2025, s’il reste réduit à son rôle d’exportateur de minerais bruts».

    Prévoyant une croissance de l’ordre de 500% à l’horizon 2050 de la demande en minerais bruts, pour répondre aux besoins exponentiels des industries dites de transition énergétique, le rapport de la BAD, intitulé « Strengthening Africa’s Role in the Battery and Electric Vehicle Value Chain » (Renforcer le rôle de l’Afrique dans la chaîne de valeur des batteries et des véhicules électriques), exhorte les pays du continent à adopter une stratégie centrée sur le développement de chaînes locales de production, en privilégiant notamment la complémentarité entre les différents pays d’Afrique renfermant des réserves de minerais bruts.

    Parmi les minerais les plus demandés à l’ombre de l’émergence d’une industrie mondiale de composants entrant dans la fabrication de ces nouveaux produits adaptés à la transition énergétique, le rapport de la BAD cite notamment le graphite, le lithium, le nickel et le cobalt, dont la grande partie des réserves mondiales est localisée en Afrique.

    L’autre élément que viennent de relever les experts de la BAD dans leur nouveau rapport est le volume de ces minerais stratégiques pour le développement de l’industrie d’équipements et composants nécessaires pour la production et le stockage des énergies solaire, éolienne et géothermique qui dépasserait les 3 milliards de tonnes.

    A la faveur de ces enjeux de la transition énergétique, d’importantes opportunités se présentent donc à l’Afrique qui recèle, entre autres, pas moins de 52,4% de réserves mondiales de cobalt, 46% de réserves de manganèse, 24,7% d’aluminium, 21,2% de graphite ou le vanadium (16%), selon les évaluations établies précédemment par l’Institut américain d’études géologiques (USGS).

    Le rôle stratégique de la Zlecaf

    Tout en recommandant aux pays du continent où les réserves en minerais bruts ont été identifiées de nouer des partenariats avec les pays ayant déjà lancé ces nouvelles industries de transition énergétique, comme les Etats-Unis, la Chine, le Japon ou le Canada et identifier des synergies avec les leaders du marché des nouvelles industries, comme Samsung, LG ou Tesla, non pas l’exportation de matières premières brutes, mais pour accompagner le développement d’une chaîne de valeur africaine (avec le transfert de technologies, savoir-faire, expertise), la BAD insiste sur l’intégration régionale.

    Ainsi, pour les experts de la BAD, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) constitue un atout qui favoriserait une approche axée sur l’intégration régionale, avec une complémentarité entre les pays du continent disposant de ce type de minerais pour, par exemple, faciliter le développement d’une industrie locale de véhicules électriques. Dans ce domaine, estime la banque continentale, la Zlecaf faciliterait la mise en place d’économies d’échelle et des débouchés au produit fini à travers le continent en franchise de droits de douane.

    Tout en mettant à profit les avantages qu’offre la Zlecaf, l’institution financière régionale exhorte aussi les pays du continent à «améliorer le climat des affaires», «accélérer l’investissement dans les énergies renouvelables», «établir des centres d’excellence spécialisés dans les batteries électriques», ce qui permettra notamment de valoriser les compétences locales, développer l’innovation, la recherche et le développement.

    En revanche, pour parvenir à l’optimisation des potentialités du continent et développer une industrie régionale de produits adaptés à la transition énergétique, la BAD souligne une série de «défis à surmonter», dont l’absence d’une vision cohérente, le manque d’infrastructures de transport ferroviaire et portuaire notamment, absence de compétences au niveau local ainsi qu’un faible accès aux sources d’énergie.

    Mohamed Naïli

  • Le Forum africain sur l’investissement et le commerce s’ouvre aujourd’hui à Alger

    Le Forum africain sur l’investissement et le commerce s’ouvre aujourd’hui à Alger

    La recherche d’opportunités pour le placement du produit national sur le marché africain, qui est l’un des objectifs clé de la politique de diversification des exportations, revient au centre des débats à la faveur du Forum africain sur l’investissement et le commerce, dont les travaux de la 9ème édition s’ouvriront aujourd’hui à Alger sous le thème «La porte africaine de l’Industrie, de l’Agriculture et du Commerce».

    L’événement, organisé par le Centre arabo-africain d’investissement et de développement (CAAID) et devant rassembler plus de 650 acteurs émanant de divers horizons économiques et de différentes nationalités, sera également une occasion pour la signature de pas moins d’une trentaine d’accords entre des entreprises nationales et étrangères dans divers domaines.

    C’est ce que vient de révéler le P-DG du CAAID, Amine Boutalbi, avançant aussi que l’édition de cette année du Forum africain verra l’organisation de plus de 400 rencontres B to B entre des entreprises algériennes et leurs homologues de différents pays dans le but de conclure des partenariats dans différents domaines.

    Intervenant dans le contexte actuel, marqué par un regain d’intérêt pour le commerce intra-africain, le rôle de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine) occupera une place centrale dans les travaux de cette nouvelle édition du Forum sur l’investissement et le commerce.

    Pleins feux sur la Zlecaf

    Avec la participation d’acteurs de premier plan œuvrant à la promotion du commerce continental, à l’instar de la Banque africaine d’import-export, Afreximbank, à laquelle l’Algérie a adhéré dès 2022 eu égard justement à son rôle « en matière de promotion des exportations entre les pays africains et d’octroi de garanties aux exportateurs pour le transfert de devises », comme la décrit le P-DG du CAAID, la 9ème édition du Forum sur l’investissement et le commerce sera ainsi une nouvelle opportunité pour donner un nouveau coup d’accélérateur à la mise en œuvre de la Zlecaf.

    Des institutions internationales, des experts et autres acteurs économiques sont d’ailleurs nombreux à exhorter les pays du continent à accélérer la mise en œuvre effective de cette zone de libre-échange continentale, la plus grande au monde de surcroît, compte tenu des opportunités qu’elle présente pour booster le commerce intra-africain et, du coup, contribuer à la consolidation de la croissance économique des pays du contient.

    C’est le cas du FMI qui, dans une publication au début du mois de mai courant, a estimé que la Zlecaf, une fois opérationnelle, permettra d’augmenter les échanges intra-africains de pas moins de 53%. Pour y parvenir, l’institution financière internationale suggère la levée des barrières tarifaires et non tarifaires. « Si la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires s’accompagne d’une amélioration notable du climat des affaires, les gains pour les pays du continent seraient nettement plus élevés », notent les experts du FMI dans cette récente publication.

    L’Algérie, dont l’objectif en matière de diversification économique est d’atteindre désormais les 13 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures, mise beaucoup sur la Zlecaf pour se positionner sur le marché africain. Dans optique, des mesures d’accompagnement au profit des entreprises locales sur le marché continental se mettent progressivement en place. C’est d’ailleurs dans cette démarche que des banques nationales s’apprêtent à ouvrir des filiales dans certaines capitales africaines, comme la BNA à Nouakchott (Mauritanie) et Dakar (Sénégal).

    M. Naïli

  • Transport aérien : mémorandum d’accord entre Air Algérie et Mauritania Airlines

    Transport aérien : mémorandum d’accord entre Air Algérie et Mauritania Airlines

    La compagnie nationale Air Algérie a conclu ce lundi à Alger un mémorandum d’accord avec la compagnie aérienne mauritanienne Mauritania airlines international (MAI), en présence du ministre des Transports Youcef Chorfa.

    Ce mémorandum consiste en le soutien et le renforcement de la coopération dans le domaine de l’entretien des aéronefs et de la formation du personnel de la MAI, ainsi que dans l’activité du catering, a expliqué le PDG d’Air Algérie Yacine Benslimane, lors de la cérémonie de signature qui s’est déroulée à Alger.

    Les appareils de la Mauritania Airlines seront en effet entretenus au niveau du Pôle spécialisé dans la maintenance d’Air Algérie au niveau de l’Aéroport international d’Alger Houari Boumediene, a précisé M. Benslimane.

    Le renforcement de la coopération commerciale figure aussi dans ce document, a ajouté le PDG de la MAI, Mohamed Ould Biyah, qui affirme compter énormément sur l’expérience algérienne dans le domaine de la formation des pilotes.

    Plusieurs autres contrats seront signés ultérieurement dans le cadre de ce mémorandum visant par ailleurs à booster l’activité du fret entre les deux pays, qui a ont déjà conclu près d’une trentaine d’accords de coopération économique et commerciale ces derniers mois.

    Pour rappel, le PDG d’Air Algérie avait annoncé justement début décembre dernier, lors d’un entretien qu’il a accordé à l’APS, la création de la filiale maintenance en juillet 2023 et de la filiale Handling (manutention), spécialisée dans l’assistance aux aéronefs, en 2024.

    Aussi, la compagnie nationale se tourne de plus en plus sur le marché africain, où elle est en négociation avec Air Sénégal sur un accord interlignes. Le PDG d’Air Algérie s’est rendu début mars dernier, accompagnée par une forte délégation, pour discuter avec son homolgue d’Air Sénégal de ce futur accord qui offrira à la compagnie nationale de nouvelles perspectives pour la conquête du marché ouest-africain.

    L. M.

  • A la veille de l’assemblée générale de l’Organisation africaine des assurances : le débat s’ouvre sur la réforme de l’assurance agricole dans le continent

    A la veille de l’assemblée générale de l’Organisation africaine des assurances : le débat s’ouvre sur la réforme de l’assurance agricole dans le continent

    Dans un contexte marqué de plus en plus par les effets du dérèglement climatique, engendrant sécheresse, inondations et autres désastres dont sont souvent victimes les agriculteurs à travers l’Afrique, l’assurance agricole demeure l’un des maillons faibles de la chaîne économique au niveau du continent.

    Comme vient de le révéler le P-DG de la CNMA et vice-président de l’Organisation africaine des assurances, Cherif Benahbiles, la contribution du secteur des assurances au développement du secteur de l’agriculture en Afrique ne représente que l’infime partie de 2,5% du PIB du continent africain.

    A leur état actuel, les assurances agricoles ne représentent en effet que «60 à 62 milliards de dollars dans l’ensemble des économies du continent», a précisé avec regret le vice-président de l’Organisation africaine des assurances ce dimanche sur les ondes de la radio nationale.

    Avec l’approche de la 49ème conférence de l’Assemblée générale de ladite Organisation, qui se tiendra du 27 au 31 mai courant à Alger, c’est sans doute une opportunité pour la recherche de mécanismes à mettre en place afin d’inciter les acteurs du secteur des assurances à accorder davantage d’intérêt au secteur agricole et à soutenir les agriculteurs du continent en leur assurant une couverture adéquate pour protéger leurs biens et revenus, comme cela se fait dans d’autres régions du monde.

    Développer de nouveaux produits d’assurance plus adaptés aux changements climatiques

    C’est en tenant compte des enjeux de cette problématique, qui consiste à rapprocher les assureurs africains du secteur agricole, que M. Benahbiles révèle à juste titre que la prochaine assemblée générale de l’Organisation dont il est vice-président sera « consacrée à la thématique de la sécurité agricole », ce qui en fera donc la première conférence à aborder la problématique de « l’assurance agricole », estime-t-il.

    Comme c’est le cas au niveau national durant la saison en cours, où un nombre d’agriculteurs, notamment les acteurs de la filière céréalière, sont confrontés à une sécheresse historique, risquant de mettre en péril leurs revenus, une grande partie d’opérateurs du secteur agricole en Afrique ne bénéficient pas d’assurances adaptées à l’environnement dans lequel ils travaillent, couvrant tous les risques auxquels ils sont exposés.

    Cependant, avec les changements climatiques qui s’accentuent d’année en année, les agriculteurs sont de plus en plus exposés à de nouveaux risques liés aux calamités naturelles, auxquels les produits d’assurance agricole disponibles dans la nomenclature actuelle des assureurs ne répondent pas efficacement.

    A cet égard, en Algérie par exemple, pour soutenir les agriculteurs impactés par l’absence de pluies durant la saison en cours, le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Abdelhafidh Henni, a révélé cette semaine que de nouvelles réformes sont en cours d’étude au niveau de la CNMA afin de mettre en place une assise juridique permettant de prendre en charge l’indemnisation des agriculteurs victimes de la sécheresse et élargir les produits de l’assurance agricole.

    M. Naïli

  • Zlecaf : la hausse des échanges intra-africains pourrait atteindre 53% (FMI)

    Zlecaf : la hausse des échanges intra-africains pourrait atteindre 53% (FMI)

    La mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est de plus en plus perçue comme la clé de voûte de l’intégration commerciale et, par là même, pour stimuler la croissance économique du continent.

    A l’instar de nombreuses institutions internationales et régionales, le Fonds monétaire international vient de vanter les bienfaits de la plus grande zone de libre-échange dans le monde, eu égard aux pas moins de 1,3 milliard de consommateurs qu’elle englobe.

    En effet, dans un récent rapport publié le 5 mai courant, le FMI estime à 53% la hausse des échanges commerciaux intra-africains lorsque la Zlecaf sera opérationnelle d’une manière effective. Néanmoins, pour y parvenir l’institution de Breton Woods requiert une série de réformes, concernant notamment les mécanismes de levée des barrières douanières.

    «Si la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires s’accompagne d’une amélioration notable du climat des affaires, les gains pour les pays (du continent) seraient nettement plus élevés», estiment les experts du FMI dans ce nouveau rapport qu’ils ont intitulé «Trade Integration in Africa : unleashing the continent’s potential in a Changing World», (Intégration commerciale en Afrique : libérer le potentiel du continent dans un monde en mutation), avant de préciser toutefois que «des réformes globales conjuguées à la mise en œuvre de la Zlecaf pourraient augmenter le flux médian des échanges de marchandises de 53 % entre les pays africains et de 15 % avec le reste du monde, et de ce fait augmenter le PIB réel par habitant du pays africain médian de plus de 10 %».

    Etant donné que «la mise en œuvre de la Zlecaf entraînera d’importantes réductions des barrières tarifaires et non tarifaires entre les pays africains», le FMI s’attend de ce fait à un accroissement de 15% du « flux médian des échanges de marchandises entre les pays africains et de 1,25 % le PIB réel médian par habitant ». Cependant, estime l’institution financière, « si la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires s’accompagne d’une amélioration notable du climat des affaires, les gains pour les pays (du continent, ndlr) seraient nettement plus élevés». 

    14,4% seulement du total des exportations du continent actuellement

    Tenant compte des enjeux planétaires actuels, notamment ceux liés au changement climatique et la nouvelle donne géopolitique mondiale qui se met en place, le FMI estime que «l’établissement de la Zlecaf intervient à un moment où l’évolution de l’environnement mondial présente à la fois des opportunités et des difficultés pour l’Afrique». C’est pourquoi donc, «une intégration plus poussée des échanges peut aider le continent à tirer parti des possibilités offertes par les évolutions technologiques et les tendances démographiques et à renforcer sa résilience face à des chocs comme le changement climatique et la fragmentation géopolitique », est-il souligné.

    Après avoir passé à la loupe les enjeux de la Zlecaf dans leurs différents aspects, le rapport du FMI conclut que, «pour saisir ces opportunités (qu’offre la Zlecaf, ndlr), il faudra investir dans le capital physique et humain, créer un cadre robuste sur le plan macroéconomique et du climat des affaires propice à une croissance tirée par le secteur privé, et moderniser le dispositif de protection sociale afin de soutenir les plus vulnérables pendant la période de transition qui placera le contient sur une trajectoire de croissance plus élevée».

    En tout cas, les pays du continent ont tout à gagner en réussissant la mise en œuvre effective de cette zone de libre-échange pour parvenir à mettre en place de nouveau leviers leur permettant de surpasser leurs vulnérabilités, mais aussi à faire face aux nouveaux défis économiques et commerciaux que le nouvel ordre mondial est en passe d’imposer. A son niveau actuel en effet, le commerce intra-africain est loin de refléter le potentiel du continent.

    Selon Hannah Wanjie Ryder, P-DG du groupe Development Reimagined, réseau de conseil et d’expertise spécialisé dans la coopération Afrique-Chine, « les échanges commerciaux entre les pays africains ne dépassent pas 14,4% du volume globale des exportations du continent ».

    Si l’experte se dit optimiste pour l’avenir, en faisant allusion à «la Zlecaf (qui) est sur la bonne voie», mais, bien qu’elle reconnaisse des « problèmes structurels sur le continent africain» et admet que «des mesures sont prises de tous les côtés pour relever ces défis», elle suggère que « des efforts supplémentaires des pays du continent sont nécessaires».

    Pour sa part, la Cnuced (Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement) estime que la Zlecaf pourrait stimuler le commerce intra-africain de 33% et réduire le déficit commercial du continent de 51%.

    Mohamed Naïli