Agriculture saharienne : Mise en place d’un «couloir vert» pour faciliter l’accès au foncier, à l’eau et aux financements

Alors qu’il a enclenché une relance effective du secteur agricole depuis son déploiement en 2021, le programme de développement de l’agriculture saharienne, notamment les cultures stratégiques, dans le Grand sud du pays s’apprête à entrer dans une nouvelle phase de son intensification, avec une approche intégrée cette fois-ci, avec l’implication, outre le ministère de tutelle, d’autres départements qui sont ceux de l’Energie et des mines, des Finances ou de l’Hydraulique.

C’est ce qui ressort de la rencontre organisée ce lundi dans la wilaya d’Adrar, qui incarne à juste titre le développement de l’agriculture saharienne, sous le thème de «l’agriculture au sud, un atout majeur pour notre sécurité alimentaire», sous le haut patronage du président de la République et à laquelle ont pris part, en plus des ministres concernés, de hauts responsables d’entreprises et institutions publiques, à leur tête les PDG de banques, ainsi que des opérateurs économiques et investisseurs intéressés par ce secteur.

Ainsi, deux décisions phares visant à faciliter et accélérer l’investissement agricole dans cette partie du pays viennent d’être annoncées à l’issue de cette rencontre, la première étant la création d’un « couloir vert » dont le but principal est d’accorder davantage de facilités aux investisseurs en matière d’accès au foncier et la deuxième est la convention qui vient d’être signée entre les deux secteurs des finances et de l’agriculture pour faciliter l’accès aux crédits et autres formules de financement au profit des opérateurs ayant investi dans ce domaine.

Tel que précisé par le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Youcef Cherfa, la création de ce couloir vert aura lieu au niveau de l’ODAS (Office de développement de l’agriculture industrielle en terre saharienne) et cette initiative intervient dans le cadre de la démarche du gouvernement pour le renforcement de la sécurité alimentaire, qui s’appuie sur la création de mégapoles intégrés à travers les 23 wilayas du sud concernées par le programme de développement de l’agriculture saharienne.

C’est donc une démarche à travers laquelle le gouvernement vise à faire à « un saut qualitatif » dans le domaine de la production agricole et de la transformation, à laquelle le ministre de l’agriculture a appelé les opérateurs économiques et  investisseurs potentiels à « adhérer massivement ».

Pour ce qui est de la relation du secteur agricole avec les institutions bancaires, la convention-cadre qui vient d’être signée à l’occasion de la rencontre d’Adrar entre le ministère de l’Agriculture et du développement rural, d’une part, et l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (ABEF), d’autre part, est susceptible d’atténuer les difficultés que rencontrent les opérateurs et exploitants agricoles en matière d’accès aux crédits si l’on tient compte de son contenu et sa portée.

363 projets d’investissement pour un montant de 99 milliards de dinars

Tel qu’elle a été déclinée, la convention en question, signée par la directrice de la programmation et de l’appui économique au ministère de l’agriculture, Souad Assaous, et le délégué général de l’ABEF, Rachid Belaïd, vise en effet à définir le cadre général entre les deux parties «pour généraliser le financement des projets agricoles par les représentants de la place bancaire conformément aux instructions des autorités publiques».

Les deux parties s’engagent donc, aux termes de cette convention à «coordonner leurs efforts pour atteindre leurs objectifs à travers le renforcement du financement du secteur agricole, la consultation et la coopération entre le secteur agricole et les banques et établissements financiers, en vue de mettre en place des mécanismes de financement encourageant les investissements agricoles, ruraux, forestiers et les industries agroalimentaires».

Pour ce qui est de l’intervention des autres ministères qui viennent d’être intégrés à la démarche du gouvernement visant à intensifier l’investissement dans l’agriculture saharienne, le département de l’Energie et des mines s’est engagé à accélérer l’électrification des exploitations agricoles et à assurer l’approvisionnement du marché national en urée et en engrais azotiques, par le biais du groupe Sonatrach qui contribue au programme en question via sa filiale AAA (Agroalimentaire activité), comme l’a indiqué le ministre de tutelle, Mohamed Arkab, dans son intervention à la rencontre d’Adrar.

Le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, de son côté, a fait état de l’engagement de son département à faciliter l’obtention des autorisations de forage, à travers la création d’un guichet unique au niveau des directions de l’hydraulique au niveau des wilayas concernées, tout en émettant des instructions à l’effet d’examiner les demandes de forage dans un délai de 30 jours.

En outre, en matière d’attribution du foncier destiné au développement de nouveaux projets, notamment pour les cultures stratégiques, le ministère de tutelle a fait état de 228 nouveaux bénéficiaires dans le cadre du 3ème portefeuille proposé à l’investissement agricole dans les wilayas du sud.

Pour rappel, depuis le lancement de ce programme, à la faveur de la mise en place de l’ODAS en 2021, le portefeuille foncier proposé à l’investissement a atteint cette année 460 000 hectares, selon l’arrêté interministériel du 27 juin dernier, modifiant et complétant l’arrêté interministériel du 5 mai 2021 qui fixe les conditions et les modalités de transfert du portefeuille foncier.

Selon l’arrêté en question, ce portefeuille est réparti sur neuf wilayas qui sont El Meniaâ, avec près de 75 700 hectares, la wilaya d’Ouargla en deuxième position, avec 72 141 hectares, la wilaya d’Illizi (71 991 hectares), Adrar (58 807 hectares), Timimoune (38 773 hectares), Touggourt (28 452 hectares), Djanet (20 964 hectares), Ghardaïa (17 895 hectares) et Laghouat (17 466 hectares).

De son côté, l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), selon son directeur général, Omar Rekkache, a enregistré, jusqu’au 15 novembre dernier, 363 projets d’investissement dans le secteur agricole, pour un montant de 99 milliards de dinars et devant créer jusqu’à 5 700 emplois à leur entrée en exploitation.

M. N.

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