La deuxième édition du festival du fromage qui a ouvert ses portes hier à l’Institut des techniques hôtelières (ITHT) de Tizi Ouzou se présente comme une nouvelle occasion pour relancer le débat sur les potentialités que renferme la filière lait et la transformation de produits laitiers pour en faire une branche d’activité à la viabilité économique avérée.
Au-delà de la production du lait subventionné, issu de la reconstitution de la poudre importée, la transformation du lait cru pour la production de gammes variées de fromages est en effet un créneau qui jouit d’importantes opportunités d’investissement à forte valeur ajoutée.
C’est ce que d’ailleurs a voulu souligner la présidente de la CGEA (Confédération générale des entreprises algériennes), qui a procédé, en compagnie du wali de Tizi ouzou, à l’inauguration de cette manifestation, organisée par le bureau local de l’organisation patronale et qui se poursuivra jusqu’au 12 du mois courant.
Avec ses 34 petites entreprises, souvent familiales et artisanales, qui ont investi dans la production de différentes sortes de fromages, dont une vingtaine prend part au festival du fromage de cette année, « Tizi Ouzou est la première wilaya à l’échelle nationale en matière de production de lait et ses dérivés.
Cependant, cette nouvelle édition du festival du fromage intervient dans un contexte où le renforcement de la sécurité alimentaire est devenu parmi les priorités de tous les pays à travers le monde dans un contexte marqué par les retombées de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine.
Avec la hausse spectaculaire des cours des produits agricoles sur le marché mondial, la facture des importations en poudre de lait constitue en effet un lourd fardeau pour le Trésor public.
C’est pourquoi le développement de la filière locale est devenu plus que nécessaire pour justement réduire la dépendance des importations dans ce domaine et, pourquoi pas, viser à l’avenir l’objectif d’exporter la production excédentaire en produits laitiers», dira Mme Saida Neghza tout en appelant aussi à «se pencher sur les difficultés auxquelles sont confrontés les acteurs de la filière pour intensifier la production locale et améliorer la qualité des fromages produits localement».
Saida Neghza : « Les banques doivent cesser d’exiger des garanties aux petites entreprises »
Evoquant les difficultés auxquelles sont confrontés justement ces producteurs, la présidente de la CGEA appelle « à ce que les banques arrêtent avec l’exigence de garanties aux entreprises de petite taille lorsqu’elles sollicitent des financements pour l’extension de leurs activités ». A la place de garanties, Mme Neghza propose aux banques de « désigner des administrateurs qui accompagneront ces petites entreprises dans la réalisation des projets d’extension et de développement pour lesquels des crédits ont été accordés ».
Interrogés sur le climat dans lequel leurs entreprises évoluent, certains représentants des entreprises participantes ont émis le souhait que les banques s’impliquent davantage dans le développement de ces activités jouissant d’importantes opportunités d’investissement et de création de valeur ajoutée. D’autres avancent des difficultés qu’ils rencontrent pour la collecte de lait cru répondant aux normes sanitaires requises.
Pour sa part, le wali de Tizi Ouzou, tout en soulignant que « les producteurs de fromages au niveau de la région sont des acteurs ayant lancé leurs projets dans le cadre des dispositifs d’aide à la création d’entreprise, Cnac, ex-Ansej, Andi ou avec leurs propres moyens et même si que ces entités sont actuellement de petite taille, mais l’administration locale est mobilisée pour les accompagner dans le développement et l’extension de leurs entreprises ».
Des entreprises petites mais innovantes
Innovantes, comme c’est le cas de l’unité Mekla Lait ou la Sarl Interlait, ces entreprises, bien que petites de taille actuellement mais elles se distinguent par la diversité et la qualité des variétés de fromages et produits laitiers qu’elles proposent.
Faisant dans la production de fromages à pate molle, comme le brie, le camembert, ou à pate pressée, le responsable de Mekla Lait reconnait que «nos produits ne sont pas dans la distribution de détail mais ils sont principalement dans les grandes surfaces et les hypermarchés à Oran, Constantine, Alger, etc. Nous avons des distributeurs qui nous viennent directement de ces wilayas, mais nous envisageons d’augmenter notre production pour élargir notre position sur le marché de détail ». La Sarl Interlait, quant à elle, selon son directeur, Atmane Kheddache, est la première entreprise au niveau local à proposer la fabrication de la Mozzarella.
Ayant assisté à l’ouverture de cette deuxième édition du festival du fromage, les ambassadeurs du Cameroun, Liban et Turquie n’ont pas manqué d’exprimer leur satisfaction quant à la qualité des fromages produits localement, estimant qu’ils sont compétitifs pour s’exporter et se placer sur le marché international.
Outre la découverte des entreprises activant dans ce secteur et les différents types de fromages qu’elles proposent, la deuxième édition de ce festival est aussi une occasion pour débattre avec des spécialistes et chercheurs universitaires venus de Bejaïa, Mascara, El Tarf ou Tizi Ouzou et qui animeront durant ces trois jours des conférences sur des thèmes variés, comme la production laitière dans le contexte de développement durable, la place du fromage dans la nutrition, la maitrise des risques sanitaires en relation avec l’industrie laitière et fromagère ou état des lieux et propositions pour une nouvelle stratégie du développement de la filière lait.
Mohamed Naïli
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