Elle devient membre à part entière du G20 : Beaucoup reste à faire en Afrique pour dynamiser les économies nationales
Après plusieurs années d’appels à une représentativité effective au sein des organisations et institutions internationales, le continent africain vient de se faire une place sur l’échiquier mondial avec son intégration officielle au G20, dont le sommet vient d’ouvrir ses travaux ce samedi 9 septembre dans la capitale indienne, New Delhi, et se poursuivront demain dimanche.
«Avec l’approbation de tous, je demande au chef de l’UA (Union africaine, ndlr) de prendre place en tant que membre permanent du G20», a lancé le Premier ministre indien, Narendra Modi, ce matin dans son discours d’ouverture des travaux du sommet de New Delhi.
Représentée par le président comorien, Azali Assoumani, qui assure sa présidence tournante, l’Union africaine a donc siégé dès le début des travaux du sommet en qualité de nouveau membre à part entière du groupe, dont l’intégration a été approuvée à l’unanimité par l’ensemble des 20 membres (19 pays et l’Union européenne), y compris la Chine et les Etats Unis.
Réagissant à l’annonce de l’acceptation de l’UA en tant que membre du G20, le président de la Commission africaine, Moussa Faki Mahamat, n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction : «Je me réjouis de l’entrée de l’UA au G20. Cette adhésion, pour laquelle nous nous sommes mobilisés, offrira un cadre propice pour amplifier le plaidoyer en faveur du continent et pour sa contribution efficace à relever les défis mondiaux», a écrit ce matin le président de la Commission africaine sur son compte X, anciennement Twitter.
Avec une population estimée à quelque 1,4 milliard d’habitants et qui attendrait les 2 milliards de personnes à l’horizon 2050, dont plus de la moitié dans la tranche d’âge de moins de 30 ans, l’Union africaine représente donc un potentiel démographique déterminant pour l’économie mondial, étant un marché de consommation de premier ordre et un gisement de main d’œuvre d’une grande importance pour le fonctionnement de la machine productive au sein du continent et dans le monde.
600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité
Cependant, prise dans son ensemble, l’Union africaine est désormais dans le top 10 des pays membres du G20 au PIB le plus important. Sur la base de données de 2022, l’UA arrive ainsi au 8ème rang, avec un PIB de 3 000 milliards de dollars, derrière les Etats Unis, en tête du classement, avec près de 30 000 milliards de dollars, suivis respectivement de la Chine, l’Union européenne, le Japon, l’Allemagne, l’Inde et la Grande Bretagne.
En revanche, scrutée de près, les performances économiques de l’Union Africaine sont mitigées lorsqu’elles sont analysées pays par pays. Parmi les 55 Etats membres de l’UA, plusieurs économies en effet laissent apparaitre des disparités et des signes de vulnérabilités importants, contrairement aux 19 autres pays membres du G20, dont les performances sont prouvées.
En d’autres termes, à l’exception de certains pays, dont les économies font preuve d’un certain dynamisme, à l’instar de l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Algérie, l’Egypte ou l’Ethiopie entre autres, beaucoup de pays du continent demeurent confrontés à de lourdes difficultés de pauvreté, de surendettement ou de retards criants en matière d’infrastructures ou de développement dans des secteurs aussi stratégiques comme la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable ou l’assainissement.
Lorsque l’on sait que, comme il vient d’être rappelé mercredi dernier dans la déclaration finale du sommet de Nairobi sur le climat, qui s’est tenu du 4 au 6 du mois courant dans la capitale Kenyane, «600 millions de personnes en Afrique n’ont toujours pas accès à l’électricité, tandis que 970 millions n’ont pas accès à une cuisine propre», ou encore, «bien que l’Afrique dispose d’environ 40% des ressources mondiales en énergies renouvelables, seuls 60 milliards de dollars, soit 2% des 3 000 milliards de dollars d’investissements dans les énergies renouvelables au cours de la dernière décennie, sont allés à l’Afrique », il est bien clair que l’intégration d’espaces de concertation et de décision sur les grandes questions qui façonnent le fonctionnement de l’économie mondiale comme le G20 est loin d’être une fin en soi pour le continent africain.
Bien au contraire, l’intégration au G20 appelle le continent à intensifier davantage les efforts de modernisation des économies locales, la valorisation des ressources naturelles et matières premières dont il jouit afin d’en faire un levier de croissance et de rendre effective l’intégration régionale à laquelle il aspire, à travers notamment la mise en place de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine), qui, depuis son lancement en janvier 2021, peine encore à prendre forme d’un réel espace de libre circulation de marchandises et de personnes.
R.N
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