Investir en Algérie, pour les étrangers ou pour les nationaux, est devenu plus aisé, depuis l’adoption en 2020 d’une nouvelle loi sur l’investissement, ont estimé experts et intervenants au forum organisé à Alger par la Fondation allemande Konrad Adenauer sous le thème «Les conditions clés d’investissement réussi en Allemagne et en Algérie».
«La sécurité juridique mais aussi la stabilité politique, économique et sociale constituent des éléments d’analyse de base pour inciter les investisseurs étrangers à s’implanter dans un pays où ils voient qu’il y a de véritables opportunités d’affaires», explique d’emblée Christian Steiner, expert juridique au sein du cabinet Ule & Steiner SLP, lors de son intervention, soulignant entre autre que la simplification des procédures administratives et la libre circulation des devises sont autant d’éléments qui déterminent le choix d’un potentiel investisseur souhaitant s’installer dans un pays et non pas dans un autre.
Un point de vue partagé par Yannil Belbachir, également expert juridique et responsable à Alger du cabinet d’avocats Fares Group, estimant que « le cadre juridique fait partie des leviers que l’Algérie peut utiliser pour son développement économique ».
Comparant les expériences des deux pays, en matière d’investissement, les intervenants ont relevé que chaque pays mis en place un cadre législatif selon sa situation financière et le type de son économie et qui constitue, estime Christian Steiner, «le point de départ qui détermine le cadre de l’investissement ». Ce dernier affirme que «le marché interne influe aussi sur l’élaboration des lois sur l’investissement, tout comme il influe sur les interconnexions établies avec les pays d’un même espace géographique ».
Dans le cas de l’Algérie, M. Belbachir ainsi que d’autres intervenants ont salué l’adoption par les pouvoirs publics d’une nouvelle loi sur l’investissement, même s’il reste quelques lacunes à lever, à commencer par «changer la façon de penser de l’administration publique, en formant les agents de l’administration», explique encore M. Steiner, en insistant sur le fait que cela est le problème de tous les pays. «Le temps administratif est plus long que le temps économique», a-t-il insisté, d’où «la nécessité d’accélérer le processus de digitalisation», enchaîne M. Belbachir qui évoque aussi l’impératif de «résoudre le problème du contrôle des changes».
Ce dernier s’est longuement attardé sur les changements apportés au plan juridique et institutionnel. Mettre en place un dispositif stable durant au moins dix ans constitue un des points sur lesquels le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait insisté avant l’adoption du nouveau texte. Ceci sans oublier la suppression de la règle 51/41 qui conditionnait l’investissement étranger en Algérie et qui ne concerne aujourd’hui que certains secteurs stratégiques.
Parmi les changements apportés, la création de l’Agence algérienne pour la promotion de l’investissement (AAPI, ex-ANDI) et la redéfinition du rôle du Conseil national de l’investissement (CNI) qui a été réduit au rôle d’organe consultatif.
Toutefois, de nombreux ajustements mériteraient d’être apportés aux nouveaux textes de lois, selon M. Belbachir et Hind Enafaa, également juriste au sein du cabinet d’avocats Fares Group. Il s’agit entre autres, expliquent les deux juristes, de la prise en charge des points relatifs à la cyber-sécurité, la dépénalisation de l’acte de gestion qui freine l’investissement dans le secteur public surtout, la révision de la réglementation bancaire pour faciliter les opérations d’exportation.
Mais les choses sont appelées à s’améliorer davantage, affirment les conférenciers dans un environnement économique international qui a besoin de nouveaux débouchés et des pays en développement, dont l’Algérie, qui ont fourni de nombreux efforts pour attirer plus d’investissements étrangers.
Lyès Menacer
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