Alors que son entrée en activité est prévue pour 2027 Les interrogations se multiplient sur le gazoduc transsaharien TSGP

Le Niger étant un des acteurs clés de ce mégaprojet continental, le gazoduc Nigéria-Algérie-Europe est au centre de moult interrogations depuis le coup d’Etat contre le régime de Mohamed Bazoum à Niamey.

Face à la crise politique et sécuritaire dans lesquelles le Niger est plongé depuis près de deux mois, et avec notamment la dégradation de ses relations avec son voisin du sud, le Nigéria, qui est parmi les pays membres de la Cédéao (Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest) les plus favorables au recours à une intervention armée pour rétablir le président déchu à Niamey, des incertitudes planent de plus en plus sur le projet de gazoduc en question.

Dans une note de l’Observatoire du Maghreb de l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) de Paris, publiée vendredi dernier sous le titre de « coopération énergétique au Maghreb : Quelles dynamiques régionales et internationales ?», Francis Perrin, spécialiste des questions énergétiques et directeur de recherche à l’institut fondé par Pascal Boniface, rappelle que ce «projet de gazoduc Nigéria/Niger/Algérie/Europe (souvent appelé Nigal – Nigeria Algérie – ou Trans-Saharan Gas Pipeline – TSGP) est un ancien projet puisqu’il en est question au moins depuis le début de ce siècle», visant «à approvisionner le marché européen en gaz nigérian», aux côtés des volumes exportés déjà par l’Algérie vers l’UE.

Bien que «la guerre en Ukraine, les sanctions économiques occidentales contre la Russie et la volonté de l’Union européenne de chercher de nouvelles sources d’approvisionnement pour remplacer le gaz russe puissent théoriquement favoriser ces projets, mais il y a pas mal d’incertitudes», estime-t-il.

Un projet de l’ordre de 20 à 30 milliards de dollars

Pour le même spécialiste, ces incertitudes sont d’abord « de nature géopolitique», citant «le coup d’Etat récent au Niger (qui) en est un bon exemple». En outre, pour lui, ces incertitudes sont aussi «de nature financière», se demandant «qui financera (un projet) dont le coût pourrait être de l’ordre de 20-30 milliards de dollars ?».

Pour lui, les incertitudes auxquelles le projet transsaharien est confronté sont également «de nature commerciale et temporelle». A ce propos, la question que Francis Perrin se pose est de savoir si «l’UE voudra-t-elle s’engager sur le long terme pour acheter du gaz africain, alors qu’elle entend dire progressivement adieu aux énergies fossiles dans une logique de décarbonation ? Ne préfèrera-t-elle pas continuer à importer plus de gaz naturel liquéfié (GNL), y compris en provenance du continent africain, plutôt que du gaz acheminé par gazoduc, une filière qui n’offre pas la même flexibilité que le GNL ?».

Le gazoduc transsaharien, ou NIGAL, (Nigéria-Algérie), appelé aussi le TSGP (Tans-Saharan Gas Pipeline (TSGP), est un projet dont l’idée remonte aux années 1980, mais l’accord sur sa réalisation n’a été signé qu’en 2009 par les trois pays concernés, à savoir l’Algérie, le Nigéria et le Niger qu’il devra traverser du sud au nord de son territoire pour relier les deux gros producteurs de gaz du continent africain, l’Algérie et le Nigéria en l’occurrence, pour approvisionner le marché européen.  Selon les échéances fixées initialement, la réalisation de projet de gazoduc transsaharien devrait être  est achevée en 2027.

Etant un projet tripartite, il a été convenu entre les trois partenaires pour que le transsaharien soit détenu à hauteur de 90% par Sonatrach et son homologue nigériane, NNPC (Nigerian National Petroleum Corporation), tandis que les 10% restants seront détenus par la Compagnie nationale du pétrole du Niger.

M. Naïli

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