Malgré l’influence de la lutte contre les changements climatiques et la confirmation de la baisse de la contribution des industries énergétiques dans le PIB mondial, il n’en demeure pas moins que la consommation de l’énergie augmentera à long terme d’un niveau de 1,3 fois son niveau actuel, pour dépasser 17,6 milliards de tonnes équivalent pétrole (TEP) à l’horizon 2050.
C’est la conclusion d’un rapport de l’institut japonais d’économie de l’énergie, (the Institute of energy economics), intitulé «énergie, environnement et économie, les défis pour parvenir à la fois à la sécurité énergétique et neutralité carbone» (Energy, Environment and Economy, Challenges for achieving both energy security and carbon neutrality).
Pour répondre à la demande mondiale avec un tel niveau de croissance, les analystes de l’institut japonais estiment qu’ «à partir de 2030, l’OPEP, en particulier ses membres du Moyen-Orient avec leurs réserves pétrolières abondantes et des coûts de production réduits, deviendront des acteurs de plus en plus importants sur le marché, malgré une augmentation de la production en Amérique latine».
Dans ce scenario, les auteurs du rapport tablent sur une augmentation significative de l’ordre de 10% de la part du pétrole OPEP dans l’offre mondiale qui passera de son niveau actuel de 34% à 44% à l’horizon 2050.
Pour ce qui est de l’évolution de la croissance par zone géographique, le rapport relève qu’en dépit de la baisse de celle-ci dans l’espace OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), comprenant essentiellement les pays européens et nord-américains, dans d’autres régions du monde, principalement en Asie, les besoins en pétrole augmenteront à un rythme plus accéléré, précisant que « la dépendance de l’Asie à l’égard des importations continuera de croître, et (…) le Moyen-Orient restera le plus grand fournisseur (des pays asiatiques, ndlr).
Pour ce qui est des zones de provenance du brut, contrairement à la zone Moyen-Orient, dont les exportations connaitront une croissance significative, la Russie « connaitra un déclin accéléré de ses exportations vers l’Europe et deviendra plus dépendante du marché chinois ».
L’Afrique recevra 6,1% des investissements dans le secteur énergétiques
Face à une demande croissante en produits énergétiques, les investissements dans ce secteur, avec ses différents segments (hydrocarbures, électricité, énergies renouvelables), connaitront eux aussi une croissance notable durant les trois prochaines décennies, souligne le rapport qui les estiment à 2 015 000 milliards de dollars (2 015 trillions). La répartition des investissements énergétiques par région fait ressortir que la part du continent africain sera de l’ordre de 6,1%, répartis entre les hydrocarbures, l’électricité et des projets d’efficacité énergétique.
En outre, avec ce scenario, les prévisions de l’institut japonais concernant l’évolution de l’industrie pétrolière concordent avec celles réalisées en début du mois courant par l’OPEP, estimant l’augmentation de la demande mondiale de pétrole à moyen terme à 109 millions b/j en 2027, puis elle passera à 110,2 millions b/j en 2028, avant de connaitre, à plus long terme, une croissance de 16,5% à l’horizon 2045, pour s’établir à 116 millions de barils par jours, contre 106,9 millions de barils/j à la fin 2022.
Concernant la consommation de produits énergétiques autres que le pétrole, les auteurs du rapport sont en revanche moins optimistes pour ce qui est de l’Afrique, où la consommation d’énergie électrique demeurera à son faible niveau par rapport autres régions du monde, avec un volume qui n’atteindra pas 2 500 TWh à l’horizon 2050, sachant que, pour rappel, actuellement le continent enregistre le taux le plus faible d’accès à l’électricité, avec des pays dont le taux ne dépasse pas les 10%, notamment dans le Sahel.
Au volet relatif à la transition énergétique, les schémas des prévisions contenus dans le rapport de l’IEE Japan font ressortir qu’à l’échéance 2050, l’Afrique dépassera des pays comme ceux d’Europe de l’Ouest ou d’Amérique latine en matière d’émission de Co2 provenant de produits énergétiques, alors qu’actuellement, elle participe à moins de 4% des émissions totales dans le monde. Si l’Afrique dépassera ces pays, fortement industrialisés de surcroit, ce n’est pas du fait de développement des économies du continent, c’est plutôt en raison de la baisse de l’utilisation des énergies comme le pétrole dans ces régions, notamment dans l’Union européenne.
M. N.
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