Eaux d’irrigation : les secteurs de l’agriculture et de l’hydraulique mettent le cap sur la valorisation des eaux recyclées

En plus des eaux conventionnelles, souterraines et superficielles, le gouvernement vient d’opter pour l’optimisation des ressources non conventionnelles, en mettant le cap notamment sur le recyclage des eaux pour leur utilisation dans l’agriculture, et ce dans le but de renforcer les disponibilités du pays en eau d’irrigation.

A cet égard le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Abdelhafidh Henni, vient d’annoncer à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, intervenant le 16 octobre de chaque année et célébrée en Algérie cette année sous le thème de «l’Eau c’est la vie, l’eau nous nourrit. Ne laisser personne de côté», que son département ministériel œuvre actuellement, en coordination avec le secteur de l’hydraulique, à élaborer un projet de convention entre les deux secteurs sur la valorisation des réserves des eaux usées par l’irrigation agricole sécurisée à travers le recours aux techniques modernes d’épuration.

Représentant un potentiel non négligeable pouvant contribuer au renforcement des ressources hydriques mobilisables pour l’agriculture, il convient de souligner qu’en 2022, le volume des eaux usées épurées a atteint le niveau de 500 millions m3/an, produits au niveau de 200 stations d’épuration installées à travers différentes wilayas du pays, indiquait un bilan établi par le ministère des Ressources en eau et de la sécurité hydrique l’année précédente.

Pour ce qui est des projections à moyen terme, comptant s’appuyer sur le potentiel que représente cette ressource non conventionnelle, le ministère de tutelle a dévoilé au début de l’année en cours un vaste programme visant à accroitre le volume d’eaux usées recyclées pour atteindre à l’horizon 2030 pas moins de 1,2 milliard de m3/an, avec l’installation de nouvelles stations d’épuration devant permettre d’augmenter les volumes produits actuellement de 700 millions de m3 supplémentaires.

«Par cette démarche, il s’agit en effet d’assurer des ressources hydriques supplémentaires au profit du secteur agricole, réduisant ainsi la pression sur les eaux souterraines et les eaux de surface, impactées par la faible pluviométrie », expliquait le ministère de tutelle tout en précisant que la mobilisation des eaux usées issues des stations de recyclage est en mesure de répondre aux besoins en ressources hydriques destinées à l’irrigation de 24 000 hectares de terres agricoles d’ici à 2024 et atteindre, à l’horizon 2030, quelque 400 000 hectares, dont 16 000 hectares dans les wilayas des hauts plateaux.

5% seulement des eaux recyclées sont utilisées actuellement

Pour sa part, le professeur Ahmed Kettab, expert et consultant dans le domaine des ressources hydriques, indiquait récemment qu’en plus de la mobilisation des eaux superficielles, à travers le renforcement des capacités de stockage, comme les barrages, ayant atteint actuellement 10 milliards m3, l’autre domaine où l’Algérie dispose d’un potentiel non négligeable, est l’utilisation des eaux usées recyclées au niveau des stations d’épuration.

Néanmoins, en évoquant ce volet, le professeur regrettera qu’à peine 5% de ces eaux sont utilisées actuellement, avant de proposer «la généralisation du recyclage, en multipliant les stations d’épuration, et proposer cette eau pour des usages autres que l’eau potable».

En effet, outre le secteur agricole, les efforts de développement des capacités d’épuration visent l’utilisation de cette ressource dans d’autres domaines, tels l’industrie, l’irrigation des jardins publics, les stations services pour le lavage de véhicules, le lavage des routes et espaces urbains, la lutte contre les feux de forêts ainsi que le projet du barrage vert, note le programme de renforcement des capacités de recyclage des eaux usées du ministère de l’Hydraulique.

Par ailleurs, outre le dossier relatif à la généralisation du recours aux eaux issues des stations d’épuration dans le secteur, le ministre de l’Agriculture précisait dans son intervention, à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation de cette année, que son département a consacré «un programme ambitieux» pour élargir les superficies irriguées qui ont atteint près de 1,5 million d’hectares en 2023, précisant que 67% de ces superficies sont équipées de systèmes d’irrigations économes en eau.

M. N.

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