Le Digital africain summit est un évènement de grande envergure rassemble, à Alger, des décideurs africains et des acteurs du numérique, autour d’une question fondamentale : quelle est la stratégie à mettre en place pour accélérer l’évolution numérique en Afrique, avec la perspective de réaliser les objectifs du développement durable ?
C’est à l’occasion de la première édition du Digital africain summit, organisée au Centre international des conférences «Abdelatif Rahal», du 31 mai au 2 juin, à l’initiative du Groupement algérien des acteurs du numérique (GAAN).
Comme le soulignent les représentants du GAAN, le Digital africain summit se tient dans un contexte particulier, marqué par «un essor sans précédent de l’innovation digitale et l’entrepreneuriat en Afrique». En témoignent les statistiques de l’année 2021 qui révèlent que plus de 2 millions de dollars ont été levés par 564 startups africaines.
En comparaison avec l’année 2022, le montant de ces levées de fond a triplé, alors que le nombre des startups a augmenté de 42,1%. Les pays qui se sont le plus distingués par l’activité de leurs startups sont le Nigeria, l’Egypte, l’Afrique du Sud et le Kenya.
L’Algérie ne fait pas partie de ces pays qui se sont accaparés la part du lion malgré des avancées remarquables en la matière. Notre pays œuvre toutefois à apporter sa pierre au grand édifice de transformation numérique en Afrique. Pour preuve, ce sommet africain est parrainé par trois ministères, en l’occurrence celui de la Numérisation et des Statistiques, celui de la Poste et des Télécommunications, en plus de l’implication directe du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l’Economie de la connaissance et des Startups, Yacine Oualid.
Dans l’allocution d’ouverture du Digital africain summit, le président du GAAN, Tadjeddine Bachir, a souligné l’impératif d’aller de l’avant dans ce domaine pour rattraper un retard de plusieurs années dans tout le continent noir : «Nous avons aujourd’hui, plus que jamais, le devoir, la responsabilité historique de saisir l’opportunité unique que nous offre le digital et les technologies, pour rattraper le retard civilisationnel qui nous sépare du monde».
Pour le représentant du GAAN, il y a urgence de «réussir à construire ensemble les mécanismes d’intelligence collective qui nous permettront de parcourir, main dans la main, l’aventure technologique et civilisationnel qui nous attend».
Présent au Digital africain summit, le Pr Mohamed Belhocine, commissaire de l’Union africaine, chargé de l’éducation, de la science et de la technologie, est revenu plusieurs fois, dans son discours, sur la nécessité de mettre en place un écosystème adéquat qui sera à même de permettre l’accélération de l’évolution technologique, dans l’ensemble des pays africains. Le Pr Belhocine a mis en avant le rôle du secteur privé mais aussi celui de la femme dans ce processus de transformation numérique. Il y va du développement durable de l’Afrique, a-t-il soutenu.
Pour le représentant de l’Union africaine, l’évolution numérique en Afrique permettra la reprise économique et la construction de systèmes durables et plus résilients. Des services meilleurs seront fournis aux populations et aux entreprises, dans les domaines du e-commerce, la santé, la finance, l’éducation, l’agriculture et autres. Ils peuvent être fournis aussi bien par le secteur public que privé. Les PME et les startups doivent s’impliquer également.
«Dans une économie moderne axée sur le savoir, l’atout le plus précieux qu’une nation peut posséder est une ressource humaine alphabétisée, instruite et qualifiée dans le domaine numérique» affirme le commissaire de l’UA. A ce propos, a-t-il tenu à rappeler, l’UA est en train d’élaborer une stratégie d’éducation numérique pour «promouvoir la citoyenneté numérique, faciliter l’utilisation des TIC pour l’enseignement, l’apprentissage, la recherche et renforcer la compétitivité».
Et le même intervenant d’insister sur la finalité de telle démarche : «Les innovations numériques et la technologie doivent servir à aider les gens à améliorer leur vie». Cependant, pour que l’innovation numérique prospère en Afrique, fait-il observer, il y a nécessité de mettre en place l’écosystème d’innovation requis. Cela inclut, précise-t-il, «des politiques favorables, facilitantes, des compétences, une architecture de financement durable pour la recherche et le développement et une participation active du secteur privé». Pour ce qui est du rôle des femmes, plaide-t-il, «il faut soutenir l’activité des femmes dans le secteur du numérique».
Karima Mokrani
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