Le volume du commerce mondial a chuté de 1,3% durant les deux derniers mois de l’année 2023 en Mer Rouge, selon le dernier rapport du Kiel Trade Indocator de l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale rendu public ce jeudi 11 janvier 2024, alors que l’organisme britannique de surveillance de l’industrie Clarksons Research affirme que le commerce mondial a chuté de 90% durant la première semaine de janvier 2024.
«Le nombre de conteneurs expédiés en mer Rouge a chuté de plus de moitié en décembre. Le volume actuel n’est que d’environ 200 000 conteneurs par jour, contre environ 500 000 conteneurs en novembre», lit-on dans le communiqué publié sur le site de cet institut, soulignant que «Le commerce mondial a chuté de 1,3 % entre novembre et décembre 2023».
Le volume des conteneurs transportés a chuté en effet de plus de moitié et «se situe actuellement près de 70% en dessous du volume habituellement attendu», affirme cet institut qui publie les résultats du commerce mondial tous les mois.
Le premier à subir les effets de ce ralentissement est l’Union européenne, affirme l’institut Allemand. «Pour l’UE, les chiffres des indicateurs tant pour les exportations (-2,0%) que pour les importations (-3,1%) sont clairement dans le rouge», affirme le rapport de Kiel Trade Indicator.
Ces événements ont aussi impacté le commerce aux Etats-Unis dont les exportations ont baissé de 1,5%, contrairement aux importations qui ont augmenté de 1%, «même si la route maritime passant par la mer Rouge et le canal de Suez y joue un rôle moindre qu’en Europe ».
Les navires chinois, très nombreux à emprunter les voies maritimes du Proche et Moyen-Orient, semblent s’en sortir à bon compte, selon les chiffres fournis par le même Institut allemand.
«Le commerce chinois va à contre-courant de la tendance, avec des chiffres à la fois pour les exportations (+1,3%) et pour les importations (+3,1%) en hausse », expliquant toutefois ces résultats par le fait qu’ «une partie de cette augmentation pourrait être due à un pic annuel avant le Nouvel An chinois ».
La mise en place par les Etats-Unis d’une coalition internationale pour la sécurisation des navires marchands n’a pas empêché les Houthis de poursuivre leurs attaques, en signe de soutien aux Palestiniens de Ghaza auxquels le monde a tourné le dos au profit de la politique génocidaire sioniste.
Cette baisse pourrait se poursuivre dans les mois à venir, en raison de la poursuite du climat d’instabilité dans la région de la Mer Rouge, à cause de la poursuite de l’agression sioniste qui suscite quotidiennement de nouvelles attaques aux drones de la part des Houthis.
Les géants mondiaux du transport maritime, comme Maersk, MSC et Hapag-Lloyd ont détourné leurs navires et ne se montrent pas prêt à reprendre leur trafic via le Canal de Suez, malgré la présence de cette coalition internationale.
Les chiffres de Clarksons parlent d’eux-mêmes sur la situation actuelle du trafic maritime mondial en Mer Rouge, avec un nombre total de voyages quotidiens via le canal de Suez, y compris les vraquiers, les pétroliers et les méthaniers, qui a chuté de 46% au cours de la première semaine de janvier, comparé au mois de décembre 2023.
Les données ont également révélé que quelque 364 porte-conteneurs avaient choisi de contourner le Cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud depuis l’intensification des craintes en matière de sécurité en novembre, ce total étant plus du double des 155 signalés le 21 décembre.
Des trajets plus longs et des tarifs plus élevés
«Le détour des navires dû aux attaques en mer Rouge autour du Cap de Bonne-Espérance en Afrique signifie que le temps nécessaire au transport des marchandises entre les centres de production asiatiques et les consommateurs européens est considérablement allongé, jusqu’à 20 jours», explique Julian Hinz, directeur du Centre de recherche sur la politique commerciale et nouveau responsable du Kiel Trade Indicator, expliquant que «cela se reflète également dans les chiffres commerciaux en baisse entre l’Allemagne et l’UE, car les marchandises transportées sont désormais toujours en mer et n’ont pas encore été déchargées dans les ports comme prévu».
Parallèlement à l’allongement de la durée et du trajet à parcourir, les assurances et les prix du transport ont considérablement augmenté, même si les tarifs de transport du fret sont très loin de ceux appliqués durant la pandémie de Covid-19 qui ont atteint jusqu’à 14000 dollars le conteneur entre la Chine et l’Europe du Nord.
Selon Clarksons, l’indice de fret conteneurisé de Shanghai (SCFI), a augmenté de 88 % depuis début décembre, atteignant son niveau le plus élevé, en dehors de la période de Covid-19.
Les coûts sur la route SCFI Shanghai vers l’Europe du Nord enregistré le 5 janvier dernier étaient de 2 871 dollars, soit plus du triple du niveau de début décembre 2023, selon la même source.
« La durée du trajet plus longue a considérablement augmenté les tarifs de fret, le transport d’un conteneur standard de 40 pieds entre la Chine et l’Europe du Nord coûtant actuellement plus de 4 000 dollars américains, contre environ 1 500 dollars américains en novembre », ajoute le communiqué de l’Institut Kiel, précisant toutefois que l’augmentation des coûts du transport ne signifie pas une augmentation systématique des prix à la consommation, comme cela est redouté par beaucoup de pays.
«La situation actuelle n’est pas comparable à l’environnement lors de l’accident d’Evergiven dans le canal de Suez et de la pandémie de coronavirus, lorsque les confinements ont entraîné une réduction drastique de l’offre de biens et que la demande en Europe a explosé en même temps», explique M. Hinz, concluant qu’«en dehors d’une livraison légèrement plus longue des produits en provenance d’Extrême-Orient et à l’augmentation des coûts de transport, à laquelle le réseau de porte-conteneurs devrait s’adapter rapidement, il ne faut pas s’attendre à des conséquences négatives sur le commerce mondial ».
Lyès Menacer
Les commentaires sont fermés.