A l’instar de l’allemand Bosch, le chinois Haier, le turc Arçelik et tant d’autres marques internationales, les géants de l’industrie mondiale affluent de plus en plus vers l’Egypte pour des investissements de plusieurs centaines de millions de dollars.
Si depuis quelques années, l’Egypte s’impose comme première destination des IDE (investissements directs étrangers) en Afrique, selon le classement des institutions financières internationales, la question qui se pose est de savoir quels sont les facteurs qui renforcent ainsi l’attractivité de ce pays d’Afrique ?
Le dernier en date est le géant allemand Bosch, via sa filiale BSH Home Appliances, spécialisée dans la fabrication d’appareils électroménagers, qui vient de lancer la réalisation d’une unité de production au pays des pyramides, représentant un investissement estimé à 54 milliards de dollars.
Avec l’objectif de produire «350 000 cuisinières à gaz par an, en utilisant une technologie allemande innovante et neutre en carbone», avec à la clé un millier de postes d’emploi à créer à terme, annonce la filiale du groupe Bosch dans un communiqué rendu public à la fin de la semaine dernière, cette nouvelle unité industrielle cible le marché africain et moyen-oriental, en plus de répondre à une demande locale croissante en appareils électroménagers.
Peu avant Bosch, c’est la marque chinoise Haier, activant dans le même secteur d’activité, qui a annoncé un investissement de pas moins de 160 millions de dollars pour la réalisation d’une unité de fabrication d’appareils électroménagers en Egypte avec comme ambition d’aller à la conquête de nouveaux marchés en Afrique et au Moyen-Orient, a annoncé le PDG de Haier Smart Home, une filiale de Haier Group, le 15 mars dernier, prévoyant la création de 2 000 postes d’emploi en Egypte à son entrée en activité, au premier semestre 2024, et un taux d’intégration locale qui s’élèvera à 60%. Une démarche et des objectifs similaires donc avec la marque allemande.
A la fin 2022, c’est la marque turque de l’industrie électroménagère Arçelik qui annonce un investissement de 100 millions de dollars en Egypte pour la production de pas moins de un million d’appareils par an dès la fin 2023, destinés, outre le marché local, à «d’autres pays du Moyen-Orient», tel que le projet a été présenté par le ministre égyptien du Commerce et de l’Industrie lui-même en novembre 2022.
Gzale et Zlecaf : L’Egypte, un exemple à suivre
Face à une telle dynamique, il est utile de noter qu’en accueillant trois géants de l’industrie électroménagère mondiale en l’espace de quelques mois seulement, l’Egypte, en plus de la forte demande exprimée sur son marché local de plus de 100 millions de consommateurs, a bien évidemment dans son viseur les avantages et les opportunités qu’offrent les nouveaux mécanismes de libre-échange mis en place au niveau régional, à savoir la Gzale (Grande zone arabe de libre-échange) et la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine).
En outre, au même titre que l’électroménager, divers secteurs économiques, comme l’énergie (principalement le gaz), l’industrie manufacturière, le secteur des finances, la construction ou le tourisme sont fortement convoités par les bailleurs de fonds et les investisseurs étrangers en Egypte.
Dans sa dernière note d’analyse du marché égyptien, le groupe français BNP Paribas note que «malgré la pandémie de la Covid-19, l’Égypte est restée le premier bénéficiaire des IDE en Afrique (…) En juin 2021, le stock des IDE s’élevait à 134,3 milliards USD (Banque centrale d’Égypte).
Les efforts visant à stimuler la diversification des IDE comprennent l’accord pour réactiver le fonds d’investissement saoudo-égyptien de 16 milliards USD, qui répertorie le tourisme, la santé, les produits pharmaceutiques, les infrastructures, les technologies numériques, les services financiers, l’éducation et l’alimentation comme secteurs prioritaires. Le Fonds souverain d’Égypte, TSFE, cherche à attirer des IDE dans une série de projets de développement économique et social par le biais de partenariats public-privé.
Parmi les domaines couverts, figurent les usines de dessalement à énergie solaire, la numérisation du système éducatif, les transports (trains électriques), la finance, ainsi que la restructuration des actifs de l’Etat dans le secteur du pétrole et de l’eau (SWF)». Telles sont donc les priorités que se fixe le Caire dans sa démarche pour capter les IDE.
Pour ce faire, une stratégie à long terme est mise en œuvre par le gouvernement égyptien depuis plusieurs années. L’Organisme général de l’information (OGI), une entité publique en charge de la promotion du marché égyptien, décline les grands axes de ladite stratégie comme une série de mesures prises par les pouvoirs publics dans le but de mettre en valeur les potentialités et les avantages qu’offrent le marché égyptien, d’une part, et de présenter les mesures fiscales et réglementaires adoptées au profit des investisseurs étrangers potentiels, d’autre part.
A titre indicatif, dans la rubrique «mesures mises en place par le gouvernement», il est souligné que «depuis 2004, la General Authority for Investment and Free Zones (GAFI) [Autorité générale de l’investissement et des zones franches, ndlr] a mis en place un programme économique pour attirer les investisseurs étrangers, accompagné d’une réduction graduelle de 35% en moyenne des droits de douanes et d’une simplification tarifaire. Depuis 2016, l’Egypte bénéficie du support du FMI pour mener à bien des réformes économiques (nouveau taux de TVA, réduction des subventions pour le carburant et l’électricité, etc.). Cela renseigne sur la volonté gouvernementale d’améliorer le climat des affaires».
Le même organisme rappelle aussi qu’en Egypte, «la loi a également octroyé à l’investisseur le droit de transférer ses bénéfices à l’étranger», ainsi qu’une multitude d’autres mesures qui rendent le marché égyptien aussi attrayant pour les investisseurs étrangers.
Mohamed Naïli
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