L’activité du secteur des produits rouges (briques, tuiles, etc.) a connu ces deux dernières décennies, une croissance qui a atteint les 700%, selon les chiffres fournis par Salah Eddine Miloudi, président de l’Association des briquetiers algériens (ABA) à DZEntreprise, pourtant de nombreuses briqueteries sont menacées de faillite, en raison de la baisse de la commande publique.
«Entre 2000 et 2020, notre croissance a atteint les 700%. Ce qui satisfait amplement les besoins du marché national en produits rouges», a déclaré Miloudi en marge du salon Batimatec qui a eu lieu du 7 au 11 du mois en cours au Palais des expositions de la Safex, à Alger.
Le nombre de briqueteries existantes actuellement s’élève à près de 200, dont la capacité de production est de 40 millions de tonnes de briques et autres produits rouges par an, alors que ce chiffre était de seulement 6 millions de tonnes par an au début des années 2000.
«Cette croissance réalisée par les briqueteries est le résultat de l’importante demande générée par les grands programmes de construction lancés par l’Etat et des incitations à l’investissement à travers l’octroi de crédits à taux bonifié, d’assiettes foncières ainsi que les dispositions fiscales avantageuses au profit des entreprises», explique encore Miloudi.
Aujourd’hui, avec le ralentissement de l’activité du bâtiment, une grave crise touche la filière et menace ses briqueteries de faillite. Plusieurs d’entre elles sont déjà à l’arrêt, car n’arrivant plus à écouler leurs produits et certaines ne disposent pas de suffisamment d’espaces de stockage. Cette situation a induit une concurrence acharnée, parfois déloyale. Selon le président de l’ABA, «pour la plupart des opérateurs, le produit des ventes ne couvre plus toutes les charges».
«Aussi, les grands chantiers de logements utilisent de plus en plus un procédé de construction du tout-béton en voiles porteurs et en enveloppe et ont abandonné la brique et ses qualités exceptionnelles dont la conformité aux règles de l’efficacité énergétique», regrette notre interlocuteur, précisant que plusieurs usines ont cessé leurs activités par manque de matières premières.
Certaines briqueteries, acquises sans gisement dans le cadre de la privatisation des entreprises publiques et d’autres ayant connu l’épuisement de leurs réserves voient leurs démarches pour l’acquisition de carrières d’argile buter souvent sur le rejet des services de l’agriculture. «Pourtant, l’extraction de cette matière n’implique pas un déclassement de ces sols de leur nature agricole, mais fait l’objet de l’occupation temporaire d’une surface réduite», explique Miloudi.
En effet, «après exploitation, les terrains sont restitués à l’activité agricole après leur remise en état», insiste le président de l’ABA. Certaines entreprises achètent au prix fort leurs matières chez des fournisseurs privés, grevant ainsi leurs produits de surcoûts importants les disqualifiant de la concurrence du marché. Le ministère de l’Agriculture est saisi pour trouver une solution au problème. Ceci sans oublier le coût du transport qui augmente.
Aussi, des mesures sont prises par l’Etat pour l’accompagnement des entreprises endettées par l’intermédiaire de dispositifs de rééchelonnement de leur dette à mettre en place par les banques et dont des mises au point pour leur application sont en cours. Malgré cela, certaines entreprises sont mises aux enchères faute d’avoir pu honorer leurs obligations financières vis-à-vis des établissements bancaires.
Toutefois, les opérateurs nourrissent un grand espoir que la situation évoluerait positivement dans les mois et les années à venir.
Lyès Menacer
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