Pressés d’aller vers une indépendance énergétique et accélérer sa transition vers les énergies propres, les 27 pays membres de l’Union européenne viennent de placer la barre encore plus haut en matière d’intégration des énergies renouvelables dans leur consommation.
Pour la première fois, après plusieurs concertations et réunions, les différentes institutions de l’UE, à savoir le Parlement, la Commission et le Conseil européens, ont trouvé un accord pour relever leur objectif à 42,5% d’énergies renouvelables à l’horizon 2030, au lieu du cap de 32% convenu précédemment.
Survenant au lendemain de la visite de la PDG du groupe français Engie, Catherine McGregor, à Alger, où les questions relatives à la coopération algéro-française dans le domaine énergétique, notamment gazier, et des énergies renouvelables, et la situation du marché mondial de l’énergie ont été évoquées lors de son entretien avec le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, l’accord des 27 sur ce nouvel objectif de transition énergétique présente de nouvelles opportunités pour l’Algérie qui aspire à consolider sa position en tant que fournisseur de premier plan de l’Europe en produits énergétiques.
Ainsi, comme le souligne le quotidien français le Monde, en tenant compte des divergences qui divisent jusqu’ici les 27 sur ce taux, ce n’est pas sans surprise que les pays européens sont parvenus à un accord sur un objectif aussi ambitieux. «A la surprise générale, le Parlement, le Conseil et la Commission ont trouvé officiellement, jeudi 30 mars au matin, un accord provisoire sur la nouvelle directive concernant les énergies renouvelables, l’un des piliers du Green Deal européen», souligne le quotidien du soir.
A travers cette nouvelle directive, l’UE se fixe donc l’objectif d’atteindre 42,5% d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique au sein du marché commun. Ce taux peut aller jusqu’à 45% pour «les pays les plus volontaires», précise encore la directive, alors que lors de la précédente révision de ladite directive en 2018, l’objectif fixé a été de 32%.
Il est donc clair que les tensions que subissent les pays membres de l’UE du fait des retombées de l’embargo sur le gaz et le pétrole russes depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et les pénuries en produits énergétiques qui plombent l’économie communautaire depuis plusieurs mois condamnent les institutions européennes à trouver un consensus sur les alternatives à trouver pour assurer la sécurité énergétique des 27.
«L’Algérie pourrait attirer la convoitise des pays européens»
Bien qu’elle soit en phase de devenir un acteur central dans l’approvisionnement du marché européen en gaz, à travers l’Italie et l’Espagne, dont elle est respectivement le premier et deuxième fournisseur, l’Algérie vise aussi l’objectif de participer activement au nouveau mix énergétique européen, en devenant un fournisseur incontournable d’énergies renouvelables, principalement d’hydrogène vert.
L’entretien qu’a eu le PDG de Sonatrach avec son homologue d’Engie s’inscrit, d’ailleurs, dans cette perspective, puisque outre l’examen de «l’état des relations établies entre le groupe Sonatrach et Engie et la discussion des contrats bilatéraux conclus ainsi que des opportunités de renforcement de ces relations à l’avenir», les deux parties ont évoqué aussi «l’évolution des marchés gazier et énergétique en général et les défis auxquels fait face aujourd’hui la communauté mondiale de l’énergie», indique un communiqué rendu public par Sonatrach à l’issue de cette visite.
Toutefois, depuis 2022, lors des visites effectuées par le président Emanuel Macron, puis la Première ministre, Elisabeth Borne, à Alger, un grand intérêt a été exprimé pour étendre la coopération entre les entreprises énergétiques des deux pays aux énergies renouvelables, principalement dans le domaine de l’hydrogène vert, emboîtant ainsi le pas à l’Italie, avec laquelle l’Algérie a déjà conclu un accord de partenariat dans ce domaine.
Dans une analyse sous le titre de «Pourquoi l’Europe devrait se ruer sur l’hydrogène bleu algérien?», l’Association France Hydrogène, qui regroupe les acteurs de la filière française de l’hydrogène, dont les grandes firmes comme Engie, a estimé, en février dernier, qu’«en produisant de l’hydrogène bleu bon marché à partir de gaz fossile avec capture et séquestration du carbone (CSC), l’Algérie pourrait attirer la convoitise des pays européens».
Mohamed Naïli
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