Sonatrach : Plus de 21 milliards de dollars d’exportation engrangés à fin mai 2023
La compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach a présenté des chiffres en hausse durant les cinq premiers mois de l’année 2023 par rapport à ceux enregistrés à la même période durant l’année dernière et celle de 2021, déclinant aussi un bilan positif concernant la réduction des importations des produits pétroliers ainsi qu’un plan ambitieux en matière d’investissements à réaliser pour les années à venir.
Pour la troisième année consécutive, Sonatrach n’a pas eu recours aux importations pour alimenter en carburants un marché national dont les besoins sont totalement satisfaits.
Plus de 21 milliards de dollars d’exportation d’hydrocarbures ont été engrangés par Sonatrach au titre de chiffre d’affaires des cinq premiers mois de 2023, a annoncé ce lundi la compagnie nationale lors d’une rencontre organisée à son siège à Alger, en présence de son PDG Toufik Hakkar qui a animé une conférence de presse.
En termes de volumes de production commercialisée jusqu’à fin mai dernier, cela représente pas moins de 68 millions de tonnes équivalents pétrole (TEP), dont 38 millions de tonnes sont partis vers l’export, contre 67 millions de TEP commercialisée dont 37 millions de TEP exportées, en durant la même période de 2022, soit une hausse de 2%, a expliqué Boutaleb Mohamed Rochdi, Directeur Gestion de la performance/SPE à Sonatrach, dans le bilan qu’il a présenté, faisant état d’une production primaire d’hydrocarbures qui a atteint 80 millions de TEP à fin mai 2023, en hausse également de 2% par rapport aux réalisations à fin mai 2022 (79 millions).
Revenant sur le bilan de l’année 2022, Sonatrach a affiché un chiffre d’affaires hydrocarbures global en hausse de 73% par rapport à 2021, conséquence d’une hausse des cours de l’or noir mais aussi de la relance progressive de la machine économique mondiale, très consommatrice d’énergie fossile.
Cela représente 59,8 milliards de dollars d’exportations en 2022, soit une augmentation de 69%, contre 35,4 milliards de dollars en 2021, alors que les ventes sur le marché national ont été respectivement de 431 milliards de dinars contre 352 milliards de dinars. En volume, les exportations de pétrole brut, de produits raffinés et du GPL (Gaz de pétrole liquéfié) ont considérablement augmenté. Concomitamment, la consommation nationale en produits pétroliers et gaziers a progressé de 4% en 2022 par rapport à l’année précédente.
Quant au résultat net de la Sonatrach, il était de 10,2 milliards de dollars en 2022 contre 4,4 milliards de dollars en 2021.
En effet, le prix du Sahara Blend a enregistré en 2022 une moyenne de 103,9 dollars le baril contre seulement 72,3 dollars le baril en 2021. Le conflit opposant la Russie à l’Ukraine et les tensions géopolitiques qu’il a provoquées ont été profitables au gaz algérien, permettant à l’Algérie d’augmenter ses parts de marché en plaçant davantage de volume de gaz naturel sur le marché sport, selon toujours le bilan de Sonatrach, dont le PDG a rappelé que l’Algérie n’était pas concernée par la question du plafonnement des prix que les pays occidentaux ont imposé à la Russie, un des plus producteurs de gaz dans le monde.
Les bénéfices tirés par la compagnie nationale a contribué aussi à renflouer les caisses de l’Etat grâce à une augmentation en 2022 de 113% de la fiscalité versée par rapport à l’année précédente, soit respectivement 5548 milliards de dinars contre 2601 milliards de dinars.
Renforcer les investissements
Dans un contexte géopolitique et économique international des plus instables, la compagnie nationale a dû s’adapter et revoir ses ambitions en matière d’investissements et d’exploration, du fait de la réticence des partenaires étrangers à engager de nouveaux investissements alors que le marché pétrolier connaissait la crise.
Ainsi, la compagnie nationale a réalisé pas moins de 15 découvertes d’hydrocarbures dont 12 en effort propre. Rien que durant les cinq premiers mois de l’année 2023, Sonatrach a réalisé 8 nouvelles découvertes dont 7 en effort propre, adoptant parallèlement une politique d’intégration nationale qui a ouvert la porte ces dernières années à de nombreuses entreprises nationales à tenter leurs chance dans un domaine d’activité quasi-dominé par les multinationales.
Pas moins de 84% de contrats ont été signés « avec des entreprises de droit algérien en 2022, soit 1885 contrats d’un montant global de plus de 3 milliards de dollars équivalent », dans le cadre de cette démarche de promotion du «contenu local et de l’intégration nationale », selon Boutaleb Mohamed Rochdi, précisant que «sur les trois derniers exercices, plus de 5200 contrats ont été confiés à des sociétés nationales d’une valeur de plus de 8,5 milliards dollars équivalents ».
Cela contribue évidemment à encourager la politique d’emploi d’une main d’œuvre et d’un encadrement local. Entre 2020 et fin mai 2023, pas moins de 4208 agents ont été recrutés dont 57% au niveau du sud du pays où les tissus économique est moins développés pour permettre d’absorber le chômage entièrement, notamment dans le milieu de la jeunesse dont une partie de plus en plus large dispose d’un diplôme universitaire. Cette politique permet en effet une «maximisation de l’utilisation de la main d’œuvre algérienne et principalement locale », explique la présentation de Sonatrach.
En matière de partenariats conclus avec des acteurs étrangers dans le domaine des hydrocarbures, d’importants contrats d’exploration et d’exploration ont été signés en 2022 et durant les cinq premiers mois de l’année en cours, mais aussi pour la promotion des énergies vertes et renouvelables que l’Algérie veut développer parallèlement sur le moyen et le long terme.
Deux mémorandums d’entente ont donc été conclus en 2022, dont le premier avec le partenaire historique italien ENI « pour le développement de projets gaziers et d’hydrogène vert », et un deuxième avec le groupe pétrolier et chimique chinois SINOPEC «pour consolider les relations entre les deux groupes ».
Plusieurs autres accords commerciaux de vente et d’achat de gaz ont également été paraphés avec les clients ENI, EDISON, ENEL, ENGIE, ENDESA, NATURGY, GEOPLIN, DEPA et GUNVOR.
Revenant sur le sujet des livraisons de gaz, le PDG de Sonatrach a de nouveau rassuré les partenaires étrangers sur le respect des engagements de l’Algérie, notamment avec l’Espagne avec laquelle notre pays a revu les relations diplomatiques depuis le revirement spectaculaire du gouvernement espagnol concernant le conflit au Sahara Occidental, en se positionnant en faveur du Plan d’autonomie défendu par l’occupant marocain.
« L’Algérie honorera convenablement ses contrats de gaz avec ces clients », a réaffirmé M. Hakkar. « De nombreux accords nous lient avec nos partenaires espagnoles Naturgy pour l’exportation du gaz naturel via le gazoduc Medgaz », a-t-il rappelé, soulignant toutefois que «les capacités de ce gazoduc sont limités ». Ce qui fait qu’«il n’est pas possible d’exporter des quantités supplémentaires ».
« Nous respectons notre engagement avec les espagnoles dans toutes les circonstances. Nous avons toujours respecté les accords signés et qui sont adaptés avec les capacités du Gazoduc Medgaz », a-t-il encore insisté, expliquant une fois de plus qu’«il n’est pas possible de répondre aux besoins de l’Union Européenne à travers ce gazoduc. Cette infrastructure vise à garantir les besoins de l’Espagne et le Portugal essentiellement ».
En amont, plusieurs projets ont été lancés et d’autres ont été mis en service pour à la fois renforcer ses capacités d’exportation et satisfaire le marché national en produits énergétiques et dérivés, en plus du développement de l’activité pétrochimique qui devra mettre fin à la dépendance de l’Algérie en certains produits et prétendre à l’exportation dans les prochaines années à venir.
Sonatrach a procédé en 2022 au « développement accéléré des découvertes de gaz réalisées dans les bassins de Hassi R’Mel, d’Ahnet et à la périphérie d’In Aménas », procédant aussi au « développement des gisements de Tinhert vers Alrar Full development, Rhourde Chegga, et unité GPL Rhourde El Baguel ».
Parmi les autres projets lancés durant la même année, l’on peut citer celui de la liquéfaction de gaz, consistant en la réalisation de Bac de stockage du GNL, au niveau de la wilaya de Skikda où Sonatrach possède déjà une grande raffinerie, alors que dans le domaine de la pétrochimie, la compagnie nationale a lancé une unité de production de méthyl tert-butyl éther (MTBE), à Arzew, dans la wilaya d’Oran qui constitue un important pôle des activités pétrolières du pays. Des projets de production huile, gaz, de centre de supervision du réseau de pipelines ont été mis en services en 2022, selon le même rapport présenté par M. Boutaleb.
Tout en avançant sur le terrain de l’exploration, de la production et de la transformation des hydrocarbures, Sonatrach œuvre aussi à réduire son empreinte carbone à travers la réduction des gaz à effet de serre, à commencer par « la réduction du torchage à moins de 1% et zéro torchage de routine à l’horizon 2030 », «la mise en œuvre des plans d’actions relatifs à l’efficacité énergétique », «la réduction des émissions fugitives de méthane » et en investissant entre autres dans l’installation des panneaux photovoltaïques pour alimenter les sites de productions implantés dans le sud du pays.
Par ailleurs, Sonatrach a signé avec l’Agence spatiale algérienne (ASAL) une convention pour la recherche collaborative et l’application des techniques satellitaires pour l’estimation des émissions de gaz à effet de serre.
Lyès Menacer
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