Sommet Italie-Afrique : L’Algérie comme élément crucial du Plan Mattei pour la coopération afro-italienne
Premier pays européen à organiser une rencontre de cette envergure dédiée au continent, le gouvernement italien vient de confirmer sa volonté de se projeter plus loin dans le sud de la Méditerranée, avec le Sommet Italie-Afrique qui s’est ouvert ce dimanche à Rome et dont les travaux se poursuivront jusqu’à demain.
Le Sommet Italie-Afrique a pour principal objectif, la préparation du terrain pour la mise en œuvre du nouveau programme de coopération avec le continent africain que le gouvernement italien se veut axé en priorité sur l’énergie et les moyens à mobiliser pour juguler les flux migratoires vers l’Europe, le Sommet de Rome est ainsi une étape cruciale pour la nouvelle approche que vise à inculquer la présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni, aux relations de la péninsule européenne avec ses voisins du sud.
En présence de près d’une trentaine de chefs d’Etat, de gouvernement et ministres africains, ainsi que de près d’une quinzaine d’organisations internationales et régionales, notamment européennes et africaines, le point phare inscrit à l’ordre du jour du Sommet Italie-Afrique est ainsi la présentation et la discussion du nouveau programme de coopération en question, intitulé « Plan Mattei pour l’Afrique », en référence au fondateur du groupe énergétique italien ENI, Enrico Mattei, compte tenu de la forte ambition que nourrit le groupe pétrolier pour l’investissement dans le continent. A cet égard, le plan du gouvernement italien prévoit d’ailleurs un vaste programme d’investissements et de partenariats dans divers secteurs productifs dans les pays africains.
Pour ce qui est du déploiement de ce nouveau programme, il est à noter que le gouvernement italien a révélé déjà qu’il en fera une de ses priorités dès sa succession à la présidence tournante du G7 qui interviendra au mois de juin prochain.
En outre, le sommet est également une occasion de confirmer la consolidation ces deux dernières années du partenariat entre l’Italie et l’Algérie, qui est représentée à Rome par le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf.
Comme signe de l’intérêt qu’accorde Rome à ces relations de partenariat avec l’Algérie, la première ministre italienne, Giorgia Meloni, a eu à juste titre un échange téléphonique avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, vendredi dernier, soit deux jours avant l’ouverture des travaux du sommet en question.
Premier client de l’Algérie
D’ailleurs, cet échange a porté notamment sur le sommet qui s’ouvre aujourd’hui lors duquel « il sera procédé à la relance du Plan Mattei pour l’établissement d’un nouveau partenariat entre l’Italie et les Etats du continent africain », cependant qu’il a été « convenu (entre les deux parties, ndlr) d’une rencontre prochaine qui les réunit et de l’intensification des rencontres de coordination au niveau des experts des deux pays dans tous les domaines », indiquait le communiqué de la Présidence rendu public à cette occasion.
Ainsi, si l’un des objectifs du rapprochement avec le continent africain est le renforcement de la sécurisation énergétique de l’Europe, mise à mal ces deux dernières années par les retombées de la guerre en Ukraine, et dans un contexte où l’UE cherche des alternatives aux approvisionnements en gaz russe, il est naturel que l’Algérie est perçue comme un élément clé de la politique africaine du gouvernement italien. En effet, rappelle-t-on, depuis 2023, l’Algérie est devenu le principal fournisseur du pays sud-européen en gaz, avec des projections pour augmenter ses livraisons vers ce marché pour atteindre 30 milliards m3 par année à l’horizon 2030.
Cependant, compte tenu de sa position géographique stratégique dans la rive sud de la Méditerranée, l’Algérie est perçue par Rome comme une porte d’ouverture sur l’Afrique et une passerelle cruciale entre les continents européen et africain.
C’est cet intérêt qui ressort d’ailleurs des déclarations de la Première ministre italienne lors de sa dernière visite à Alger, en mettant l’accent sur les enjeux de coopération avec l’Algérie, perçue comme un partenaire stratégique aux termes du plan Mattei, et en exprimant la volonté du gouvernement italien de « réaliser avec l’Algérie davantage de croissance et de développement, d’établir des passerelles entre les deux rives de la Méditerranée et de contribuer à la stabilité dans la région ».
Au volet relatif aux échanges commerciaux, il faut dire que l’Italie est le premier client de l’Algérie, avec 32,3% du volume total des exportations réalisées au titre de l’année 2022, loin devant l’Espagne avec12% et la France 10%.
M. N.
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