La pérennité d’une entreprise dépend de sa capacité et de sa prétention à se perfectionner. Les organisations patronales ont, dans ce sillage, un rôle prépondérant à jouer, notamment en se focalisant sur les aspects de formation et de recyclage du personnel exerçant les métiers de base et secondaires. Et le recours aux entreprises étrangères (multinationales ou sous-traitantes) et, depuis quelque peu, aux ouvriers subsahariens, n’est pas l’alternative, comme certains tentaient de nous le faire croire, car, au contraire, cela ne fait qu’assécher davantage le tissu économique local du peu d’énergie qui lui reste, et de la perspective de celui-ci de s’intégrer dans la cour des grands.
Ce sont là, en résumé, les éléments ayant incité Nadir Cherrouk, directeur général de la Sarl Kit Construction, à lancer le 12 janvier dernier, dans la commune de Baba Hassen à Alger, le premier Centre d’apprentissage et de perfectionnement dans le secteur du Bâtiment et Travaux publics, dédié aux différents métiers du corps d’état secondaire.
« J’entends, par cet apport, mettre au diapason les métiers d’aménagement et surtout de la maintenance, et de les inscrire dans une approche attractive, et évolutive, qui requiert pour l’ouvrier, une valeur ajoutée par rapport à son métier », nous confie, Nadir Cherrouk, que nous avons rencontré au Centre de formation et qui tient à préciser qu’il a adopté le référentiel existant à l’international au contexte algérien.
« Le programme en question est constitué de six cycles annuels, de 72 heures chacun. Les apprenants disposent de tous les moyens didactiques indispensables à leur recyclage, que vous êtes en train de voir au sein de cette salle d’apprentissage. Dans la grande salle, une bibliothèque ou sont alignés des manuels de formation, un data-show, une télévision et autres supports audio-visuels constituent l’équipement retenu pour le cycle, pratique plus que théorique. »
Le Centre peut contenir jusqu’à 15 personnes, à recruter parmi les stagiaires, les apprentis, les artisans et le personnel des entreprises désireuses de rehausser le niveau et la qualité de leurs interventions.
Le certificat d’aptitude professionnelle (Cap) : la problématique !
« C’est le peu d’engouement des jeunes à l’égard des formations sanctionnées par un certificat d’aptitude professionnelle ou Cap, constaté à compter de 2009, qui m’a incité à lancer ce Centre. Les jeunes considéraient ces métiers comme salissants et mal-rémunérés. Etre plombier, électricien, étanchéiste, plaquiste, serrurier, plâtrier est à leurs yeux très peu valorisant. C’est ce qui fait que ces formations dotées de budgets par le ministère de la Formation ne sont pas prisées par les jeunes ».
C’est dans ce décor planté que ce jeune directeur général, en appoint des activités en crescendo de Kit Construction, fonctionnelle depuis 2008, a pensé y remédier, « car le manque de main d’œuvre qualifiée contribuera, dans un futur proche, à la disparition du métier du bâtiment », a-t-il argumenté.
« Outre le fait que nous en avons fait profiter notre personnel qui compte aussi des manœuvriers, chauffeurs, magasiniers, que des financiers, des comptables et des assistants, le perfectionnement assuré par notre Centre a également permis à 4 personnes, plombier, plaquiste, peintre, plâtrier, de se perfectionner durant le cycle 2016/2017, et de décrocher un diplôme au bout de 9 mois. C’est dans le cadre du Contrat d’insertion et de formation (CFI), dispositif chapeauté par l’Agence national de la main d’œuvre (Anem), qu’elles ont été recrutées, selon le mode apprentissage, une journée théorique au niveau du centre de formation, et les autres jours de le semaine, elles suivent des séances pratiques chez nous ».
Nadir Cherrouk a profité de notre passage pour dire ceci : « Je lance un appel via DZEntreprise à toutes les entreprises du Bâtiment de catégorie 4 et plus, de se doter d’un Centre de perfectionnement au sein de l’entreprise, aussi petit soit-il, comme proposé lors d’un atelier à la Confédération algérienne du patronat (Cap). Et cela ne nécessite pas beaucoup d’argent, c’est plutôt une question de mentalité, car Kit Construction, il faut bien le préciser, n’est pas une société prospère, c’est seulement les recettes engrangées par le labeur qui ont été réinvesties».
Maintenance du bâtiment : 500 000 emplois à l’horizon 2018
500 000 emplois à l’horizon 2018 dans le secteur de la maintenance du bâtiment, c’est là l’objectif fixé par Kit Construction à l’horizon 2018. « Le constat fait l’unanimité : les logements livrés dans différentes formules enregistrent un manque d’entretien, de maintenance et d’aménagement. Les promoteurs publics (AAdl, OPGI , Enpi) et ceux privés ont tous dénoncé le déficit en aménagement des cités. Une brèche dont ont profité les entreprises étrangères qui en détiennent, depuis, le monopole : les Portugais peuvent vous refiler en dix jours un logement clé en mains de 100 mètres carrées » fait remarquer Nadir Cherrouk avant d’enchainer « d’où, l’opération dans la maintenance habitation, que nous avions lancé en 2012, touchant, à ce jour, 37 wilayas, et qui devra être généralisée incessamment à travers le territoire national, afin de créer un réseau national de maintenanciers. L’accompagnement des compagnies des Assurances devra être de mise» tient t-il à ajouter
Une contre-attaque, d’ordre technique, que les entreprises locales devaient prendre pour modèle. Le directeur général de Kit Construction fait référence à 500 000 postes à créer dans le cadre de cette « solution algéro-algérienne », à recruter parmi les bénéficiaires de projets dans le cadre de l’Ansej, Angem et Cnac. « Des jeunes qui ont eu leur fourgons, mais qui n’ont pas eu de débouchés, on peut les solliciter pour nos missions de maintenance », en se faisant plus précis.
« C’était le fruit de démarcheurs qui ont sillonné plusieurs wilayas, ciblant aussi bien les cafés-maures que les Chambres d’artisanat et des métiers (Cam) ».
L’opération a été renforcée par la digitalisation des données. « Un réseau en ligne de nos prestataires devra être finalisé et consulté par le public en septembre », rapporte Nadir Cherrouk . « Récemment, poursuit-il, un ingénieur en Recherche opérationnelle, fraîchement sorti de l’Université Bab-Ezzouar, a été recruté par nos soins. Car, il faut savoir que, dorénavant, toute entreprise qui ne s’appuie pas sur la Recherche opérationnelle, est appelée à disparaitre en peu de temps ».
Parcours atypique de Nadir Cherrouk
Après presque une décennie à occuper des postes de responsabilité au sein des entreprises étrangères, Nadir Cherrouk a opté pour l’aventure privée. Constructeur manager au sein de LCC boite américaine d’ingénierie télécom, directeur commercial Idéal Standard et Porcher Algérie, boite européenne du groupe Hamiani, chef de projet, grand équipements publics et sécuritaires à Runitel, Directeur commercial Knauf Algérie. « Ce sont là les postes occupés au sein de sociétés étrangères, avant de lancer la mienne. Mon esprit était rongé par leur réussite, rigueur, discipline. Le plus important c’est l’amour de l’entreprise et l’esprit de réussite », conclut-il.
Zaid Zoheir
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