Respects des délais, qualité et entretien des projets : Les orientations de Lakhdar Rekhroukh aux directeurs de wilayas
Le ministre des travaux publics et des infrastructures de base, Lakhdar Rekhroukh, a réuni ce lundi à Alger les directeurs de wilayas et les cadres du secteur, auxquels il a décliné les grandes lignes de la politique des pouvoirs publics dans ce domaine.
M. Rekhroukh a profité de cette réunion pour donner de nouvelles orientations concernant la gestion, aussi bien localement qu’à l’échelle nationale, d’un secteur qui a connu ces dernières années de nombreuses réalisations ayant permis de réduire les distances entre les villes et régions et de désenclaver des zones, dont certaines étaient complètement isolées.
Il s’agit avant tout, a-t-il dit, de poursuivre les efforts de concrétisation des différents programmes de projets structurants et des infrastructures de bases, à même d’améliorer la connectivité des régions du pays et de contribuer à accélérer la dynamique économique actuelle.
Avec un réseau routier long de 141.503 kilomètres, dont 8.896 km de routes et d’autoroutes, 48 tunnels et 11.653 ponts, les défis à relever restent énormes, aux yeux de M. Rekhroukh, qui fait en effet référence à l’entretien de toutes ces infrastructures et à leur développement.
«Les routes, tout comme les autres infrastructures de base, ne sont pas éternelles à leur réalisation. Parallèlement à leur développement, il est impératif de les préserver en accordant de l’intérêt aux opérations d’entretien», rappelle Lakhdar Rekhroukh avant de préciser que son «département ministériel va se concentrer dans les prochaines années sur cet axe important, à travers plusieurs programmes de développement ».
«L’opération d’entretien est permanente. On ne peut pas attendre jusqu’à ce qu’il y ait une dégradation totale pour réparer. Cela coûte plus cher et sera un peu plus long. Donc, la maintenance commence dès les premiers signes et doit se faire tout au long de la vie de l’ouvrage », a-t-il insisté, affirmant que son ministère est en train de mettre en œuvre un système d’information qui permettra de connaitre l’état des routes de manière quasi-instantanée à travers le territoire national.
« Ce système permettra aux directions centrales d’enregistrer toutes les dégradations pour ensuite pouvoir préparer les programmes des années futures», a expliqué M. Rekhroukh, qui a enchaîné avec le volet de la formation de la ressource humaine pour lequel l’Etat est en train de mettre le paquet à travers la réalisation de plusieurs établissements.
La formation, le maître mot du discours du ministre
«La formation va nous permettre d’appréhender tous les problèmes qui pourraient surgir et prendre en charge tous les projets», a-t-il souligné, insistant sur le fait que la valorisation de la ressource humaine est la clé de la réussite de toute politique de développement du secteur et «elle est le meilleur investissement qu’on puisse avoir».
«Nous avons trois centres de formation qui se feront un devoir de prendre en charge tout le personnel et toute la ressource humaine au niveau de tout le secteur», a souligné Lakhdar Rekhroukh en faisant référence à l’école des métiers de Dejlfa, l’Ecole supérieure de Managment des travaux publics de Sidi Abdellah (Alger), ainsi que le Centre national de surveillance de la qualité d’Ain Defla.
Dans les accords conclus avec des partenaires étrangers, le volet de la formation du personnel local constitue une des conditions que pose l’Algérie aux entreprises, a précisé le ministre des Travaux publics. «Nous leur demandons de ramener des formateurs pour nos formateurs, ce qui nous permettra aujourd’hui de faire connaitre tous les rudiments de gestion des projets ou tout ce qu’il faut savoir concernant la gestion des projets et la qualité des ouvrages».
«Celui qui ne sait pas ce qu’est la qualité, il ne peut pas en donner et ne saura pas être exigeant. Donc, le chef de projet doit accompagner l’entreprise dans les étapes de la réalisation», a fait remarquer M. Rekhroukh qui, pour rappel, avait présidé durant des années aux destinées de Cosider, l’un des plus importants groupes de construction et de travaux publics au niveau national et africain. Et de rappeler une fois de plus l’importance du suivi tout au long de la réalisation d’un projet.
Aller vers de nouvelles règles de gestion
Lors de son allocution, Lakhdar Rekhroukh s’est attardé sur la numérisation du secteur des travaux publics et des infrastructures de base, qui entre dans le cadre de la politique des pouvoirs publics visant à assurer un meilleur suivi des projets mais aussi à garantir la transparence et l’équité dans l’attribution des marchés.
« Il y aura des canevas qui seront mis en place pour suivre la gestion des projets et l’entretien des infrastructures de base. C’est pour cela que nous parlons de la circulation de l’information décisionnelle », a-t-il estimé, « parce que sans ce système d’information que nous nous attelons à mettre en place, nous ne pivons pas suivre convenablement et avec rigueur les projets lancés, apprécier les rendements de chacun, rappeler à l’ordre quand il y a défaillance et accompagner quand il y a une difficulté ».
Dans un pays aussi vaste que l’Algérie, ce système d’information s’avère être un outil indispensable pour un suivi régulier des chantiers en cours, des routes dégradées et des autres infrastructures de bases (ports, aéroports, etc.). «Pour qu’il puisse y avoir une promptitude à la décision, on doit informer dans les délais» tient à faire remarquer le ministre.
Cependant, rien de ce qui a précédé n’est possible sans l’amélioration des bases de gestion à tous les niveaux, reconnait M. Rekhroulh dans son intervention qui a été aussi l’occasion de faire brièvement le bilan des réalisations passées.
Il s’agit pour le ministre des travaux publics et des infrastructures de bases, d’en finir avec les interminables retards que connaissent souvent les projets, et ce quelques soient leurs tailles ou leurs importances. Retards qui immanquablement entrainent des réévaluations qui grèvent considérablement les finances publiques sans que cela ait permis de réceptionner certains chantiers ou d’assurer des travaux de qualité.
Vers l’introduction d’un cahier de charges
Les exemples ne manquent pas en matière de nombre de projets en souffrance ou qui ont subis moult dégradation, quelques temps à peine après leur livraison. Pour éviter les erreurs du passé, c’est tout le système de gestion qu’il faudra changer, à commencer par l’élaboration des cahiers des charges. «Tout commence par le cahier des charges qu’il faut harmoniser, parce que si l’entreprise est défaillante, on ne peut lui rien exiger. Et cette entreprise, c’est nous qui la choisissons», a rappelé M. Rekhroukh, soulignant que le choix d’une quelconque entreprise doit répondre à certains critères d’éligibilité que l’ordonnateur doit lui-même fixer, en toute transparence et équité.
«Le cahier de charges permet de mieux sélectionner les entreprises candidates. Ceci est le garant d’un meilleur choix des entreprises réalisatrices», a-t-il indiqué, insistant encore sur «la transparence et l’équité d’accès à la commande», outre le fait que les critères d’éligibilités doivent être fixés en fonction des caractéristiques et de la nature de chaque projet pour éviter d’opérer de mauvais choix et retomber dans les mêmes travers.
Revenant sur les perspectives du secteur, le ministre a insisté sur l’achèvement des projets au caractère stratégique pour l’Algérie, rappelant lors de sa conférence de presse que l’Etat a consacré, dans le cadre de la loi de Finance 2024, une enveloppe de 60 milliards de dinars pour la réalisation de nombreux nouveaux projets et la relance d’autres chantiers en souffrance. La partie entretien est également incluse dans cette enveloppe financière, assuré le ministre qui a annoncé l’acquisition de nouveaux équipements de pesages des véhicules de transports de marchandises, souvent à l’origine des dégradations subies par des routes de grande circulation.
L’éradication des ralentisseurs et des dos d’ânes anarchiques est au cœur des préoccupation du ministère des Travaux publics et des Infrastructures de base, a affirmé Lakhdar Rekhrouk, expliquant que la lutte contre ce phénomène se fera en collaboration avec Brahim Merad, son collègue du ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire.
Lyès Menacer
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