«Le marché européen est très exigeant et très compétitif. Il fallait être naïf pour ouvrir les portes du marché algérien au prix d’une destruction du peu de production manufacturière nationale». Estime Omar Berkouk.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a pris la décision de revoir le contenu de l’accord d’association avec l’Union européenne, près de vingt ans après sa signature. Il a parlé d’une révision des dispositions de cet accord, «clause par clause». Cette décision annoncée lors du Conseil des ministres, dimanche dernier, semble être bien accueillie parce que considérée comme une réponse favorable aux demandes nombreuses d’opérateurs économiques et d’experts relevant que cet accord est en défaveur de l’Algérie.
Contacté par DzEntreprise, l’expert Omar Berkouk rappelle la tentative de renégociation de 2020, il affirme que celle-ci n’avait pas amélioré la position de l’Algérie dans les termes de l’échange. Pour l’expert, il ne fallait pas signer cet accord en 2002 «en raison de l’état de l’appareil de la production algérienne. Le peu de produits algériens industriels ou agricoles n’étaient compétitifs ni en prix ni en qualité. Ils ne le sont toujours pas aujourd’hui».
«Le marché européen est très exigeant et très compétitif. Il fallait être naïf pour ouvrir les portes du marché algérien au prix d’une destruction du peu de production manufacturière nationale». Fait remarquer Omar Berkouk qui soutient que l’UE est un «bloc libéral qui laisse ses operateurs économiques commercer avec qui ils veulent. L’UE ne peut pas s’engager à nous acheter quoique ce soit pour le compte de ses operateurs ou consommateurs privés. Elle s’est proposée dans l’accord à aider l’Algérie à moderniser son économie».
Côté algérien, relève Omar Berkouk, «l’Algérie n’a pas voulu faire cet effort et s’est contentée de vivre sur la rente pétrolière. L’Algérie doit revenir à la réalité du monde. Les accords de libre-échange concernent la libre circulation des biens, des services et des personnes, pas des accords pour acheter ou pour vendre».
Dans une intervention à la radio algérienne, en juillet 2020, la directrice de la chambre algérienne du commerce et d’industrie a évoqué cette nécessité de réviser «en profondeur» cet accord au «lourd préjudice» sur l’économie nationale.
De son côté, le président de l’ANEXAL, Ali Bey Nasri ne manque pas une occasion pour mettre en garde contre le démantèlement totale des barrières tarifaires. Selon le représentant des exportateurs algériens, cet accord n’a profité jusqu’ici qu’à l’Europe.
Samia Hanifi
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