En plus des milieux purement industriels ou commerciaux, la mise en œuvre de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine) nourrit un intérêt notable auprès des sphères financières du continent. C’est ce qui ressort d’une étude rendue publique ce mois d’avril par le réseau de cabinets d’études Deloitte.
Intitulée «baromètre de l’industrie financière africaine» et dont les résultats sont obtenus à l’issue des enquêtes et entretiens menés auprès des établissements financiers dans les différents pays du continent, cette étude fait ressortir en effet que le paysage bancaire en Afrique mise dans sa grande majorité sur des retombées positives de la zone Zlecaf sur l’industrie financière dans la région à moyen terme.
Ainsi, «plus de 70% des institutions financières estiment que la Zlecaf aura un impact positif sur l’industrie. Les opportunités de commercialisation de produits et services en monnaies africaines, le système de paiement homogénéisé (PAPSS ou Pan-African Payment and Settlement System) et le financement des chaînes d’approvisionnement qui vont se multiplier dans les années à venir pourraient jouer un rôle moteur», soulignent les experts du réseau Deloitte à l’issue de l’analyse des réponses recueillies à la question «quand estimez-vous que la Zlecaf aura un impact positif sur votre industrie?»
Dans le détail, 39% des représentants des établissements bancaires du continent estiment que la Zlecaf aura un impact positif sur le paysage financier régional à moyen terme, soit entre 5 et 10 ans, 30% à court terme, (dans moins de 5 ans), 27% à long terme, soit au-delà de 10 ans après son entrée en vigueur, tandis que seule une infime minorité de 4% d’établissements bancaires qui se dit n’attendre «aucun impact significatif» de la Zlecaf.
D’un point de vue global, l’optimisme des établissements bancaires africains est reflété par la vision projetée sur l’avenir. A la question «quelles sont vos perspectives économiques pour les 3 prochaines années?», les institutions financières du continent sont positives dans leur majorité, avec 52% prévoyant des perspectives positives, 33% des perspectives stables et seulement 15% ont exprimé des perspectives négatives.
Des pressions à court terme dues à l’inflation
En revanche, par rapport à la conjoncture économique mondiale actuelle, notamment en raison de l’inflation galopante qui plombe plusieurs secteurs économiques, l’étude du réseau Deloitte met en exergue des inquiétudes exprimées par les milieux de la finance en Afrique. «L’industrie financière africaine reconnaît, toutefois, faire face à des pressions à court terme, telles que l’inflation. En effet, si elle persistait, cette pression pourrait contraindre les institutions financières à adapter leur approche commerciale (pour plus de 40% des répondants) ou leur tarification (pour plus de 50% des répondants) afin de limiter l’impact sur leur rentabilité et leur solvabilité», souligne l’étude en question.
Au volet relatif aux vulnérabilités auxquelles fait face le marché bancaire africain, le baromètre de Deloitte souligne que les ambitions optimistes à moyen et long terme de l’industrie financière africaine «restent néanmoins entravées par des difficultés structurelles dont la faible profondeur des marchés financiers, la limitation des instruments d’atténuation des risques et la faiblesse, voire l’absence de réglementation sur certaines thématiques émergentes, dont la finance digitale».
Cependant, l’étude relève aussi une faible intégration des enjeux du développement durable au sein de la sphère financière du continent. Pourtant, l’énergie solaire est perçue comme un créneau d’avenir pour l’investissement. «L’industrie financière peine à jouer un rôle moteur dans la transition énergétique. Seule une minorité d’institutions financières (23%) déclarent avoir déjà défini une trajectoire de décarbonation. Le solaire constitue l’investissement énergétique privilégié pour les cinq prochaines années», notent les experts du réseau.
Enfin, il est utile de noter que la présence du réseau Deloitte en Algérie remonte au début des années 1990, à travers deux cabinets, à savoir, Deloitte Algérie qui réalise des missions de conseil, et le cabinet Deloitte Audit Algérie, menant des missions d’expertise comptable et de commissariat aux comptes.
M. Naïli
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