L’affaire des 200 importateurs qui ont laissé pourrir leurs marchandises depuis 2008 au port d’Alger a fait réagir le ministre des Transports, Lazhar Hani.
Ce matin, lors de la première édition du Forum du transport dédié au transport maritime des marchandises, Lazhar Hani, ministre des transports a indiqué qu’«une amende devra être mise en œuvre à l’encontre des opérateurs économiques ayant leur conteneurs retenus au niveau des infrastructures portuaires du pays, ce qui engendre des frais supplémentaires en devises sur l’opération d’importation», affirmant que «les surestaries, les frais de rétention de conteneurs, représentent un réel fléau ».
Décision prise, les conteneurs retenus au niveau des infrastructures portuaires feront l’objet d’amendes graduelles au-delà de trente jours. Pour Lazhar Hani, «il y a des frais normaux liés à l’opération commerciale à travers les différentes procédures permettant la réception de la marchandise par l’opérateur, mais il faut que cela soit dans un cadre acceptable».
En ce sens, il révélera que, durant l’année 2019, le coût des frais supplémentaires dus aux surestaries représente près de 9,7 milliards de dinars, alors que les importations étaient faibles.
«Il est vrai que ces pratiques sont essentiellement dues au retard de modernisation de notre infrastructure portuaire existante, auquel s’ajoute des équipements d’exploitation inadaptés expliquant la faiblesse des rendements et les longs séjours des navires à quai», déplore le ministre, révélant, par ailleurs que les faiblesses dans la chaine logistique font du transport de marchandise vers l’Algérie le plus coûteux du bassin méditerranéen.
En revanche, Lazhar Hani accuse les opérateurs nationaux du commerce extérieur qui, selon lui, «ont la fâcheuse habitude de ne pas restituer les conteneurs dans des délais raisonnables», non sans relever les lenteurs observées lors de l’accomplissement des formalités administratives du contrôle transfrontalier. D’ailleurs, regrette-t-il, «ces contraintes conduisent à des immobilisations exagérées des conteneurs qui donnent lieu à d’importants transferts de devise à l’étranger».
Pour rappel, le groupe services portuaire (Serport), relevant de l’entreprise portuaire d’Alger, a mis en demeure, le 18 octobre dernier, 200 importateurs pour régulariser leur situation des marchandises en souffrance au niveau du dépôt des douanes de Sidi Moussa.
Selon la commission chargée de l’inspection et de l’évaluation des marchandises avariées ou en séjour prolongé au port d’Alger, ces conteneurs ont été entreposés entre 2008 et 2013 et contiennent toutes sortes de marchandises, dont la friperie et la pièce de rechange détériorées, les articles électroniques et électroménagers, les shampoings périmés, l’habillement, les articles scolaires abîmés, les jouets, la vaisselle, la quincaillerie et plusieurs autres articles et produits de consommation endommagés. Devant cet état de fait, le port d’Alger a donné un délai de 5 jours aux propriétaires de ces marchandises, faute de quoi des poursuites judiciaires seront entreprises à leur encontre.
Les opérateurs répondent à Lazhar Hani et proposent un palliatif
Visiblement gênés par la mise au point du ministre, les acteurs de la chaine logistique et du fret maritime ont riposté, arguant qu’il y a manque flagrant de synergie entre les acteurs du commerce extérieur.
Pour parer à cette difficulté, ils proposent la création d’un conseil national de facilitation des échanges économiques doté de mécanismes formels et contraignants.
C’est ainsi que le P-DG du port de Bejaia, Halim Kasmi, jugeait impératif d’encourager le dépotage des conteneurs au niveau de zones logistiques ou de ports secs voire même le dépotage direct au niveau des usines avec un contrôle à postériori.
A ce propos, il dira qu’«au niveau du port de Bejaia, nous avons expérimenté la réservation de fenêtres d’accostage dédiées aux conteneurs, nous permettant de réduire le séjour en rade des porte-conteneurs».
Pour sa part, le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey-Nasri a relevé «la nécessité de mieux contrôler les frais de manutention portuaire à travers les ports nationaux».
Toutefois, d’autres opérateurs ont été sévère dans leurs plaidoiries allant jusqu’à mettre à l’index certains importateurs qui ne maitrisent guère les procédures liées à l’activité, rallongeant les délais pour apporter la documentation nécessaire.
Selon ces opérateurs, «les établissements bancaires doivent également contribuer à réduire les délais administratifs du commerce extérieur».
Yanis Oumakhlouf
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