Les pertes causées par les incendies de forêts, dans notre pays, en moins d’une semaine, en août dernier, sont immenses. Elles vont au-delà des préjudices causés aux écosystèmes et aux dommages financiers.
Dans un entretien accordé au journal El Moudjahid, publié le 07 septembre, Samir Grimes, expert international en environnement, affirme que contrairement aux idées reçues, les dégâts ne se limitent pas à la dégradation du couvert végétal et à l’accélération de la fragmentation des écosystèmes mais aussi il y a un impact direct sur climat.
Selon le spécialiste, ces incendies de forêts génèrent des particules et des gaz, principalement le CO2, la fuite de minéraux et la dégradation du sol par perte de son capital organique. Ce qui se répercute directement sur la capacité d’infiltration de l’eau dans le sol et rend les surfaces brûlées très vulnérables à l’érosion. M. Grimes prévient que ces situations peuvent provoquer des coulées de boue, des glissements de terrain et aggraver le risque d’inondations durant la saison des pluies.
Aussi, poursuit le même expert, si ces incendies deviennent fréquents et qu’ils soient combinés à l’élévation de la température et aux sécheresses successives, ils accélèreront la désertification et la dégradation du climat local. Plus précis, M. Germes rapporte que les terrains incendiés vont avoir leur capacité de rétention des eaux de pluies diminuer fortement et provoquer des phénomènes d’inondation.
Pour cette année justement, les eaux de pluies risquent d’être ravageuses sur les terrains incendiés mais aussi sur les populations et les habitations. De grands risques d’inondations sont à prendre au sérieux. Aussi, apprend-on, la durée nécessaire pour la reconstitution des forêts détruites est de 15 à 20 ans mais elle est d’au moins 50 ans pour voir revenir toutes ses fonctionnalités écologiques. Pour accélérer cette régénération, une intervention humaine est bien souhaitée, à travers notamment une stratégie et un plan d’actions ciblées et efficaces.
Dans le même entretien, il est rappelé que les départs de feu qui ont eu lieu, en moins d’une semaine, durant ce mois d’août, sont au nombre de 1050. Les surfaces décimées, selon les données fournies par la Direction générale des Forêts, sont estimées à 62 000 ha dont 60% annuellement. Habituellement, les chiffres oscillaient entre 30 000 et 50 000 ha par an. C’est dire l’ampleur de la catastrophe de l’été de cette année 2021. Parlant argent, les pertes sont estimées à 32 milliards DA, sans compter les coûts d’intervention pour l’extinction des feux, les indemnisations et autres.
Samia Hanifi.
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