Finance islamique: Deux banques publiques sur le top départ
Dès le mois prochain, la finance islamique sera disponible dans deux banques publiques. L’annonce en a été faite par le ministre des finances, Aymen Benabderrahmane qui, par la même occasion, affirme que la finance islamique est devenue une réalité confortée par la promulgation par la Banque d’Algérie d’une réglementation spécifique.
Des spécialistes Algériens dans le domaine bancaire ont bien accueilli cette annonce de lancement de la finance islamique. Ils jugent cette conjoncture propice pour l’édification de ce système financier demandé par de nombreux investisseurs et opérateurs économiques.
Dans une visioconférence organisée par le Forum des chefs d’entreprises (FCE), dont le thème était « le rôle de la finance islamique dans la mobilisation des ressources », des experts ont expliqué que ce système financier devrait permettre de capter l’argent qui circule dans l’informel.
« L’ouverture de guichets de la banque islamique en Algérie contribuera à capter l’argent des épargnants. C’est un choix judicieux que nous saluons fortement surtout par le fait qu’il a été appuyé par une assise juridique à même d’aider à son développement son expansion. Certes, nous avons accusé un retard par rapport à d’autres pays de la région mais, il n’est jamais trop tard pour bien faire» explique le professeur Soualhi, chercheur à l’institut international de la recherche académique sur la charia, en Malaisie.
Aussi, l’introduction de l’assurance islamique »Takaful » dans la loi de finances 2020, est selon le professeur Soualhi, un élément central dans l’architecture d’un système financier basé sur les principes islamiques. « Cela permettra aux pouvoirs publics de procéder au lancement des sukuks, ce qui va immanquablement contribuer à lever d’importants financements auprès des épargnants et d’investisseurs qui ont boudé, jusqu’à présent le secteur bancaire classique, pour des considérations religieuses en liaison avec les intérêts ».
En effet, depuis le mois de mars de l’année 2020, un règlement est publié au journal officiel n° 16. Il s’agit du règlement n°20-02 qui vient pour définir quelles sont les opérations relevant de la finance islamique et, préciser également les conditions auxquelles ces banques et établissements financiers doivent répondre pour l’exercice de cette finance.
Par finance islamique, il est question de toute opération de banque ne donnant pas lieu au versement d’intérêts. Les opérations de banques spécifiques à la finance islamique concernent six produits à savoir, la mourabaha, la moudaraba, l’Ijara, le salam, l’istisnaa, et les comptes de dépôts et les dépôts en comptes d’investissements.
« Les banques et les établissements financiers qui veulent mettre en place des produits de finance islamique, sont tenus d’abord de disposer de ratios prudentiels conformes aux normes réglementaires et satisfaire au strict respect des exigences en matière d’élaboration et de délais de transmission des reportings réglementaires. » Précise le communiqué.
La banque ou l’établissement financier désireux de disposer de ces produits doivent au préalable obtenir l’autorisation de la Banque d’Algérie. En même temps, ils sont tenus d’avoir un certificat de conformité aux préceptes de la charia, que délivre l’autorité nationale de la fatwa pour l’industrie de la finance islamique.
En plus de ces démarches, la banque doit obligatoirement créer un comité de contrôle selon la charia. Ce comité doit être composé d’au moins trois membres, désignés par l’Assemblée générale. Le rôle qui lui incombe consiste en la surveillance et le contrôle des activités de la banque.
« Le guichet de finance islamique, doit être financièrement indépendant de des autres structures de la banque ou de l’établissement financier. La comptabilité du guichet de finance islamique doit être totalement séparée de la comptabilité des autres structures de la banque ou de l’établissement financier », est précisé dans le règlement de la Banque centrale.
Il est à rappeler que la Directrice de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde avait déjà mentionné la finance islamique comme solution aux crises mondiales récurrentes.
L’Algérie ne possède que deux banques versées dans la finance islamique, ce qui représente une portion de 3% de parts de marché, ce qui est très peu.
K.M.B
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