Fabrication du géotextile : Sebtex fibres, un exemple à suivre

Recycler les bouteilles en plastique pour en faire de la fibre de polyester dont les usages sont aussi multiples que possibles,  est une pratique courante dans les pays développés.

En Algérie, une seule entreprise, Sebtex Fibres, sise dans la zone industrielle de  Chelghoum Laïd, à Mila, a investi ce créneau depuis au moins deux années.

Le résultat ne s’est pas fait attendre puisque l’entreprise arrive à écouler son produit en Allemagne, en Belgique, en France, en Tunisie et au Liban et compte conquérir d’autres marchés encore.

Le parcours de cette entreprise, qui a fait sienne la maxime attribuée au père de la chimie Lavoisier, «rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme», Sebti Abderazak, l’un des créateurs et exclusive director, nous le retrace depuis l’année 1993 quand, avec son frère, il a créé un atelier «pour y fabriquer des salons orientaux, des couvertures et des couettes».

«Ce projet, nous l’avions concrétisé au temps des coopératives de jeunes. A cette époque, l’Etat n’accordait pas de crédits aux jeunes entrepreneurs, mais plutôt des facilitations au niveau des taxes et c’était déjà important pour une petite entreprise à ses débuts. Nous avons rencontré quelques difficultés, notamment dans la fabrication des couettes, qui nécessite de la ouate.»

«Cette matière première, nous l’achetions à une entreprise publique sise à Béjaïa, et il va sans dire que nous subissions son bon vouloir. C’est-à-dire que la matière était disponible en été, mais pas en hiver. Du coup, la fabrication des couettes s’est trouvée bien perturbée. Alors, avec mon frère, nous avions décidé de fabriquer nous-mêmes la ouate», se rappelle Abderazak.  Ainsi en 1997, ils lancent une ligne de production de la ouate qu’ils baptisent «El Djazira textile».

À partir de ce jour, ils ne dépendent que de leurs efforts pour avoir de la matière première et peuvent, de ce fait, progresser dans la production des différentes couettes. Ce n’est pas pour autant qu’ils se sont contentés de cette unité. Ils ont décidé ensuite  de fabriquer de la fibre de polyester à partir du recyclage de bouteilles en plastique. Comment l’idée leur est-elle venue alors qu’ils sont ingénieurs en génie civile ? «C’est en fait une curiosité personnelle. De plus, cette technique n’est pas nouvelle puisqu’elle existe dans les pays développés. Alors nous nous sommes mis à chercher des informations sur le recyclage et la fabrication de la fibre polyester. Pour cela, Internet est une mine d’informations. Il est vrai que cela nous a pris des années, nous avions commencé à nous y intéresser depuis l’année 2000, et nous avons enfin pu concrétiser ce projet en 2013

En effet, en décembre 2013, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, inaugure l’usine. Le principe n’est pas trop compliqué puisqu’il consiste à acheter des bouteilles d’eau minérale chez les collecteurs et les broyer pour en faire une fibre destinée à faire des couvertures, des tapis, de la moquette, etc. Mais ce n’est pas tout, car les domaines d’utilisation du géotextile sont aussi variés que possibles et touchent aussi bien le secteur médical que celui des travaux publics et du bâtiment. Les bouteilles en plastique passent d’abord dans l’unité lavage et broyage puis dans celle de l’extrusion et de la filature. Grâce à des procédés spécifiques et à des ingrédients, dont des teintes, la fibre peut prendre plusieurs couleurs ou alors garder sa couleur d’origine, c’est-à-dire le blanc.

La production qui atteint 30 tonnes par jour peut aisément être augmentée «si les marchés étaient attribués d’une manière juste», se plaint Sebti Abderazak. «A part ce souci, nous travaillons normalement et notre produit est apprécié à sa juste valeur dans les pays européens vers lesquels nous exportons, car il a un faible impact sur l’environnement», conclut-il avec l’espoir de voir de pareilles initiatives encouragées.

K. M. B.

 

 

 

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