Algerian General Takaful ayant pour nom commercial «El-Djazair Takaful» est une société par actions (SPA). Son capital social est de deux milliards de dinars (le montant minimum prévu par la règlementation en vigueur). Le PDG, Ziane-Bouziane Mahfoud, été installé à ce poste, mercredi 16 février 2022.
Jeune, dynamique, il est surtout très au fait de tout ce qui est assurance dommages. De prime abord, il nous précise que la société n’a pas encore son agrément : «Nous sommes en phase de constitution de notre dossier d’agrément. Disons que nous aurons notre agrément dans deux mois». Autrement dit, les activités de la nouvelle société «El-Djazair Takaful» spécialisée en assurance dommages, seront lancées officiellement au courant du 2ème trimestre de cette année 2022.
«Notre souci premier est la constitution du dossier d’agrément. En parallèle, nous sommes en train de choisir quelques sites d’implantation pour la commercialisation de nos produits». Et notre interlocuteur d’assurer : «Nous avons opté pour la création de deux sociétés au lieu de fenêtres parce que nous avons les capacités et les moyens». Toutefois, concernant la population cible, il s’agit des particuliers, des professionnels et des artisans, des TPE et PME/PMI soit, les petits risques. Quant aux grands risques des entreprises, ceux-là «demeurent de la seule compétence des sociétés conventionnelles».
Et dans cette population cible, la priorité est pour ceux qui ont acquis des produits de la finance islamique : «notre objectif premier est de répondre aux besoins des guichets bancaires islamiques. Un produit bancaire islamique doit être couvert par une assurance Takaful. Tout ce qui est financé par la banque doit trouver son équivalent en assurance Takaful». Il est aussi question de prendre en charge la migration du conventionnel vers le Takaful : «Il faut prévoir cela et proposer les bonnes solutions».
Le PDG de « El-Djazair Takaful » tient toutefois à préciser que «notre objectif n’est pas de capter ceux qui sont déjà convaincus par l’assurance Takaful mais convaincre ceux qui manifestent encore des réserves. Nous considérons que la meilleure manière de les convaincre n’est pas que d’agir sur le côté religieux, en leur garantissant que nos produits sont conformes aux préceptes de la charia islamique mais d’être compétitifs en terme de qualité des prestations». La digitalisation des process en interne et en externe aura son grand rôle à jouer en la matière.
Partage du risque entre les assurés
Dans notre échange sur les futures activités du nouveau-né du secteur de l’assurance, le PDG de « El-Djazair Takaful » insiste sur la définition même du concept Takaful. L’assurance Takaful, précise-t-il, est un mode opératoire et de gouvernance, basé sur «le partage du risque entre les assurés, différent du modèle conventionnel basé sur le transfert du risque à l’assureur».
C’est un système d’assurance basé sur un mode contractuel auquel adhèrent des personnes physiques et/ou morales appelées (participants). Ces derniers s’engagent à s’entraider, en cas de réalisation du risque ou au terme fixé au contrat d’assurance Takaful. Ils procèdent au versement d’une somme à titre de donation, appelée «contribution». Les contributions, ainsi versées, permettent la création d’un fonds appelé «fonds des participants» ou «compte des participants». Les opérations et les actes liés à l’activité d’assurance Takaful obéissent aux principes de la charia islamique.
Différences entre l’assurance Takaful et l’assurance conventionnelle
En quoi l’assurance Takaful est-elle différence de celle conventionnelle ? En bien de choses. La première en est que l’assurance Takaful est considérée comme un contrat de donation, contrairement à l’assurance conventionnelle qui est un contrat d’échange. La prime prend la forme d’une donation émise par la communauté des participants pour leur intérêt mutuel.
Selon les précisions de notre interlocuteur, contenues dans une note de présentation de la prise de participation de la SAA dans la nouvelle société, les primes d’assurance (contribution) sont la propriété exclusive de la communauté des participants. Dans l’assurance Takaful, il y a une séparation claire entre le fonds des participants et l’opérateur (la compagnie d’assurance) qui n’a aucun droit sur ces fonds.
A citer également l’obligation de la mise en place d’un organe de supervision de la charia (national) qui aura pour mission l’établissement des normes chariatiques à l’échelle du marché, de même que l’obligation pour l’opérateur Takaful de créer un «comité de supervision charaïque» au sein de ses structures. Il sera chargé de contrôler et suivre toutes les transactions de la société et émettre son avis concernant leur conformité aux normes charaîques établies par l’organe national.
Autre obligation : redistribuer les excédents techniques du fonds sur les participants (les assurés) conformément aux dispositions contractuelles. En cas de déficit technique du fonds, apprend-on du même responsable, l’opérateur est tenu d’accorder au fonds un prêt sans intérêt. Ce prêt pourra être récupéré sur les éventuels excédents des exercices à venir. Les sources de revenus et de profits pour l’opérateur Takaful proviennent des commissions de gestion (Wakala), d’une partie de retour sur investissement des fonds des participants (Moudharaba) et du retour sur investissement/placement de ses propres fonds.
Autres différences avec l’assurance conventionnelle : l’adoption de stratégies d’investissement en conformité avec la charia. Sont donc exclus les investissements dans les sociétés dont l’activité concerne les secteurs prohibés par l’islam (alcools/ armement/ jeux de hasard/ finance conventionnelle…). Aussi, le recours à la réassurance est sous forme Takaful (le Retakaful).
Produits à commercialiser
Comme susmentionnés, les produits de l’assurance Takaful sont ceux qui sont conformes aux préceptes de la charia islamique. Il s’agit aussi des produits réclamés par les clients des banques islamiques. M. Ziane-Bouzine indique que deux facteurs déterminent les produits à commercialiser par l’assurance Takaful.
Le premier consiste en la nécessité d’accompagner les banques et les établissements financiers participatifs et répondre à leurs besoins. Le deuxième est d’avoir une marge de risque minimale, avec des engagements raisonnables et une sinistralité maitrisable.
Ces produits à commercialiser sont donc : l’assurance automobile (la garantie RC obligatoire et les garanties facultatives) tout en adoptant un montage qui garantit l’équilibre de la branche, l’assurance habitation et l’assurance CAT-NAT, l’assurance multirisque professionnelle, l’Assurance multirisques dommages aux biens, l’assurance engins de chantier, les assurances RC générale et professionnelle, les assurances transport terrestre (RC Voiturer, FT Publique et FT Privée), les assurances agricoles et l’assurance-crédit à la consommation.
Karima Mokrani
In DZEntreprise numéro 50
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