En adhérant à l’initiative de commerce guidé : Nouveau pas de l’Algérie dans son ouverture sur l’Afrique en prélude à la Zlacaf
L’Algérie vient de faire un pas supplémentaire dans son ouverture sur le continent africain, constituant une des priorités de la politique d’encouragement des exportations hors hydrocarbures et de diversification de l’économie, avec son adhésion au groupe des pays faisant partie de l’Initiative de commerce guidé, qui se veut une phase préliminaire sans barrières douanières à la généralisation de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine).
Lancée en octobre 2022, à l’issue de la 10ème réunion des ministres de la Zlecaf, qui s’est tenue dans la capitale ghanéenne, Accra, l’initiative de commerce guidé, comprenait jusque là huit pays membres, qui sont le Cameroun, l’Egypte, le Ghana, l’Ile Maurice, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie et la Tunisie, alors que, désormais, l’Algérie en est le 9ème membre, en attendant son élargissement à d’autres pays du continent.
A l’annonce de l’adhésion de l’Algérie ce samedi, à l’occasion du forum économique sur «l’initiative de commerce guidé dans le cadre de la ZLECAf», en présence du Secrétaire général de ce nouvel espace de libre-échange continental, Wamkele Mene, le ministre du Commerce et de la promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a appelé les opérateurs économiques, tant ceux du secteur privé que public, à tirer profit de cette initiative en se lançant dans des échanges commerciaux avec les huit pays qui en sont membres.
Avec cette adhésion, l’Algérie confirme donc sa détermination à se positionner sur le marché continental et accélère sa démarche dans ce sens après les différents projets réalisés et différentes démarches menées dans ce sens depuis 2021.
C’est d’ailleurs ce que le Secrétaire général de la Zlecaf a souligné ce samedi à Alger à l’annonce de l’adhésion de l’Algérie à l’initiative de commerce guidé, en mettant l’accent sur les efforts consentis par l’Algérie pour son ouverture sur le marché africain et son expansion commerciale dans le continent. Entre autres actions réalisées par l’Algérie dans ce cadre, Wamkele Mene a cité l’ouverture de nouvelles lignes aériennes et maritimes vers des pays africains et l’ouverture de filiales bancaires algériennes à travers des capitales du continent, ce qui reflète pour lui « l’élargissement de la présence du secteur bancaire algérien dans les pays africains ».
Outre l’ouverture en septembre dernier de l’Algerian Union Bank (AUB) à Nouakchott, de l’Algerian Bank of Senegal (ABS) à Dakar, détenues par quatre banques publiques (BADR, BEA, BNA et CPA) et dotées respectivement de 50 millions et 100 millions de dollars de capital, et des showrooms permanents de produits algériens dans les capitales mauritanienne et sénégalaise, il faut dire que l’Algérie a également lancé de mégaprojets dont la finalité est de renforcer la connectivité de l’économie nationale avec le continent africain.
L’intégration intra-africaine ne dépasse pas 16%
C’est le cas de la route Transsaharienne qui devrait relier la Méditerranée à l’Atlantique, en traversant pas moins de six pays africains, son point de départ étant Alger et Tunis pour aller jusqu’à la capitale économique du Nigéria, Lagos, et passera par le Mali, le Niger et le Tchad.
En plus de cette liaison routière d’envergure, le plan de développement du transport ferroviaire déployé par le gouvernement comprend lui aussi l’extension du réseau national de chemin de fer jusqu’au frontières avec le Mali et le Niger, ce qui contribuera à coup sûr à l’intensification des échanges commerciaux dans la région et à la réduction des coûts de transport.
Sur le plan législatif, il y a eu la loi 22-15 du 20 juillet 2022 fixant les règles régissant les zones franches, dont l’objectif est la création, dans les régions frontalières, des espaces d’échanges commerciaux avec d’autres pays du continent, avec d’importants avantages fiscaux et douaniers.
Néanmoins, bien que sa mise en place remonte à 2021, des spécialistes et des opérateurs économiques de différents pays du continent ont régulièrement pointé du doigt des lenteurs dues notamment à la persistance de barrières non tarifaires qui empêchent l’entrée en vigueur effective de la Zlecaf.
Pourtant, le continent africain est plus que jamais dans le besoin d’accélérer son intégration économique au moment où sa part dans le commerce mondial ne dépasse pas 3%. Cependant, avec 16% seulement d’échanges intra-africains sur le volume total de son commerce extérieur, l’Afrique est la région ayant le taux d’intégration commerciale le plus faible, comparativement à l’Europe (60%), l’Amérique du Nord (40%) ou l’Asie du Sud-est -30%).
C’est pourquoi donc l’initiative de commerce guidé, étant composée de nombre réduit de pays, est perçue comme un catalyseur en mesure de donner un coup d’accélérateur à cette plus grande zone de libre échange dans le monde, qu’est la Zlecaf, compte tenu du nombre de pays dont elle est composée et de leurs populations.
M. N.
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