Pour avoir une évaluation plus pertinente de la croissance de l’économie nationale, dans une ère marquée par un réel dynamisme qu’observent plusieurs secteurs d’activité, le gouvernement met le cap sur le changement de la méthode de calcul du PIB (produit intérieur brut).
Il sera procédé en effet dès 2024 au changement de l’année de référence utilisée dans le calcul du PIB, pour utiliser l’année 2011 au lieu de l’année 2001, et ce, dans le cadre de «l’amélioration continue des comptes nationaux économiques», a déclaré ce mercredi la ministre de la Numérisation, Meriem Benmouloud, expliquant que cette démarche permettra de s’adapter aux années de référence en vigueur au niveau international, qui « fourniront une série de comptes économiques de la période 2011-2024, conformément aux recommandations du système de comptabilité nationale (SCN) de l’ONU 2008».
Pour la ministre, la mise à jour de l’année de référence des comptes nationaux économiques permettra ainsi de «donner une image assez claire du développement structurel qu’a connue l’économie nationale notamment le reclassement de l’Algérie sur la scène internationale et africaine ».
Si la croissance du PIB est plus connue, étant le baromètre qui évalue la différence de valeur totale des richesses créées ou des biens et services produits pendant une période donnée (généralement une année), en tenant compte de la consommation, les investissements, les dépenses publiques et les exportations, et sa comparaison par rapport à une période similaire antérieure, ce n’est pas le cas de l’année de référence utilisée dans le calcul du PIB.
Pourtant, cette dernière, à savoir l’année de référence ou l’année de base, est le déterminant incontournable pour faire ressortir le PIB et son taux croissance, car, elle est utilisée comme repère sur la base duquel sont évalués les changements du prix, du volume (quantité) et la valeur des biens et services produits durant une période donnée, explique le leader mondial des incubateurs de startups FasterCapital, tout en nuançant que «la mesure du PIB n’est pas aussi simple que d’additionner la valeur de tous les biens et services produits.
Il nécessite une année de base par rapport à laquelle la production de l’année en cours est comparée. La sélection de l’année de base peut avoir un impact significatif sur le calcul du PIB ».
Le changement d’année de référence permet au PIB de 2022 d’augmenter de près de 13%
Pour opérer ce changement, la première responsable du département de la numérisation a révélé qu’il sera procédé à l’exploitation approfondie des résultats du recensement de la dépense de consommation finale et du niveau de vie des ménages pour l’année 2011, et de ceux du recensement structurel des entreprises économiques de 2011, rassurant que ce changement de l’année de référence « sera opéré, avec aisance, suite à l’entrée en vigueur du (SCN 2008) avec ses nouvelles recommandations techniques ».
Par ailleurs, quant au SCN (système de comptabilité nationale), dans sa nouvelle mise à jour effectuée par les Nations unies en 2008, en collaboration avec le FMI, la Banque mondiale, la Commission européenne et l’OCDE, il représente un cadre statistique standardisé qui fournit une série détaillée, cohérente et flexible de comptes macroéconomiques des différents pays, et qui est utilisée à des fins de prise de décision, d’analyse et de recherche.
Pour illustrer l’utilité de changer l’année de base qui sert au calcul du PIB pour avoir une évaluation plus réelle de la situation de l’économie nationale, il a été démontré que, par exemple, le passage de l’année de référence 1989 à l’année de référence 2001, pour le calcul du PIB de l’année 2022, a permis de passer de 28 386,5 milliards de dinars à 32 028,4 milliards de DA, soit une augmentation de 3 641,9 milliards de dinars du PIB.
En conséquence, ce changement de l’année de référence a donc entraîné une augmentation relative du PIB de 2022 d’environ 12,8%, et une réévaluation du taux de croissance du PIB de 2022 à 3,6%, soit une augmentation de 0,5% par rapport au taux ressortant sur la base d’un calcul prenant 1989 comme année de référence.
La consommation finale des ménages, elle aussi fait ressortir un différentiel important par le fait de changer l’année de référence, étant estimée à 12 081,7 milliards de dinars, avec 2001 comme année référence, contre 10 864,5 milliards de dinars, avec 1989 année de référence. C’est le même cas pour ce qui est de la consommation finale de l’administration ou de la formation brute du capital fixe.
R. N.
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