Après avoir gagné un premier challenge en surclassant pour la première fois le G7 en termes de participation au PIB (Produit intérieur brut) mondial, le groupe des BRICS, comprenant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, semble bien parti pour bouleverser l’ordre économique mondial à moyen terme, notamment sa doctrine qu’incarnent les institutions issues des accords de Bretton-Woods.
Tel que vient de le révéler Acorn Macro Consulting, cabinet de recherche britannique, les cinq économies des BRICS ont contribué en 2020 au PIB mondial en parité de pouvoir d’achat à hauteur de 31,5%, alors que la part de leurs homologues des pays les plus industrialisés au monde, regroupé au sein du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), n’a été que de 30,7%.
Etant ouvert à accueillir de nouveaux membres comptant parmi les économies émergentes enregistrant ces dernières années des avancées appréciables en termes de PIB, dont l’Algérie, l’Arabie saoudite, l’Argentine et l’Iran, qui ont déjà formulé des candidatures officielles, le groupe des BRICS s’inscrit ainsi sur une trajectoire de renforcement de sa position dans l’économie mondiale dans peu d’années seulement.
Comme le précisent de nombreux spécialistes à la plateforme indienne Megh Updates, le groupe des BRICS est en mesure d’atteindre une contribution à hauteur de 50% au PIB mondial à l’horizon 2030, voire avant. Si les progrès significatifs enregistrés jusqu’ici par ledit groupe face au G7 sont favorisés notamment par la forte croissance que connaissent la Chine et l’Inde, comme l’explique le cabinet britannique Acorn Macro Consulting, l’apport des nouveaux membres qui rejoindront prochainement le groupe sera déterminant pour la consolidation de la position des BRICS sur l’échiquier économique mondial, note Megh Updates dans son analyse.
« Les BRICS devrait contribuer à plus de 50 % du PIB mondial d’ici 2030, l’élargissement proposé contribuant très certainement à avancer cette échéance », est-il souligné dans cette analyse, en rappelant que le renversement de la tendance entre les BRICS et le G7 a déjà été amorcé en 2015, puisqu’ « en termes de parité de pouvoir d’achat, le PIB de la Chine (dépasse) celui des Etats-Unis (depuis) 2015 ».
Au-delà des performances des économies nationales des pays appartenant que ce soit aux BRIS ou au G7, de nombreux analystes voient dans cette rivalité entre les deux blocs le début d’un processus qui conduirait à moyen terme à la réforme de l’ordre économique mondial susceptible de mettre fin au monde bipolaire actuel.
Une alternative au FMI et à la Banque mondiale ?
C’est le cas du spécialiste en sciences de la population et du développement, Arnaud Zacharie, secrétaire général du Centre belge de coopération au développement, pour qui la montée en puissance des BRICS signifie que « le temps où les Etats-Unis et l’Europe pouvaient dicter leur loi au reste du monde est révolu ».
Une hypothèse qui n’est pas moins vraie lorsque l’on sait qu’en créant leurs propres institutions financières dès 2014 déjà, à savoir une banque de développement et un fonds de réserve, les membres des BRICS visent en premier lieu à proposer une alternative aux deux institutions dites de Bretton Woods, le FMI et la Banque mondiale en l’occurrence, dans lesquelles ils ne disposent que de 15% de droits de vote, et ce, malgré leur poids économique (31,5% du PIB mondial) et démographique (3,2 milliards d’habitants de la planète).
Dans sa lecture de la décision de la mise en place de ces deux institutions financières des BRICS, Arnaud Zacharie estime qu’ « après avoir cherché à réformer les politiques et le mode de décision du FMI et de la Banque mondiale, les BRICS ont donc décidé de créer leurs propres institutions ».
A l’instar d’autres pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique Latine, l’Algérie a formulé une demande officielle d’adhésion au groupe. En mars dernier, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que la majorité des pays membres sont favorables à l’adhésion de l’Algérie aux BRICS. « La Chine et la Russie se sont montrés favorables au même titre que l’Afrique du Sud et le Brésil avec à sa tête le président Lula da Silva », a déclaré le président Tebboune, tout en nuançant que « beaucoup de travail reste à faire cette année pour augmenter le PIB et le taux de contribution du secteur industriel au PIB, ainsi que plusieurs indicateurs économiques que nous devons réformer davantage pour accéder la tête haute aux BRICS ».
Mohamed Naïli
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