Malgré une conjoncture mondiale difficile, marquée encore par les retombées de la pandémie de Covid-19 mais aussi de la guerre en Ukraine sur les marchés mondiaux, l’économie algérienne se requinque sur plusieurs registres, tel qu’il ressort de la dernière note de la Banque d’Algérie.
Hormis la persistance de l’inflation, qui d’ailleurs met à mal plusieurs économies au monde, y compris les plus fortes, comme les Etats Unis, la Chine ou celles de l’Union européenne, tous les indicateurs semblent passer au vert, selon la dite note analysant l’évolution de la situation macroéconomique à la fin du 3ème trimestre de 2022.
Que ce soit la balance des paiements dans son ensemble, la balance commerciale, la croissance, les crédits à l’économie ou l’évolution de la valeur du dinar, la Banque d’Algérie fait ressortir ainsi une amélioration notable de ces différents indicateurs à la fin septembre dernier comparativement à la même période de l’année d’avant.
Précisant à priori que cette amélioration a été favorisée par le redressement des cours des hydrocarbures sur le marché mondial, la BA relève en premier lieu une augmentation significative des réserves de change, passant de 44,724 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre de 2021 à 52,763 milliards USD à la fin septembre 2022, soit une hausse d’un peu plus de 8milliards USD.
Si elle affichait un solde négatif de – 2,5 milliards USD à la même période de l’année 2021, la balance des paiements fait ressortir un résultat excédentaire significatif de 11,8 milliards USD à la fin du 3ème trimestre de 2022, gagnant ainsi pas moins de 14,3 milliards USD en l’espace d’une année.
Le prix du gaz a plus que doublé
Poursuivant la même tendance, la balance commerciale elle aussi a enregistré un excédent de 18,06 milliards USD à la même échéance de l’année 2022, contre un solde déficitaire de 790 millions USD à la même période de référence de 2021. Ce résultat a été enregistré grâce à la nette hausse des exportations en hydrocarbures qui ont atteint en valeur 42,58 milliards USD durant les 9 premiers mois de l’année 2022, contre 24,10 milliards USD à la même période de l’année d’avant. Avec une telle valeur, la BA précise que les exportations d’hydrocarbures ont atteint un niveau jamais enregistré depuis 8 ans, soit le niveau d’avant l’effondrement des cours du brut en 2014.
Cette amélioration a été favorisée, précise la Banque d’Algérie. dans sa note, par le net raffermissement des cours du pétrole sur le marché mondial, dont le niveau moyen s’est établi à 109 dollars/baril durant les 9 premiers mois de 2022, contre 72,7 dollars durant la même période de 2021. Mais pas que. Le prix du gaz lui aussi s’est fortement redressé, en passant du simple à plus que le double durant la même période.
De 5,2 dollars à la fin septembre 2021, le cours du gaz a en effet atteint 11,5 dollars/1 million BTU à la fin du troisième trimestre 2022. Il y a aussi les exportations hors hydrocarbures qui ont contribué au solde excédentaire de la balance commerciale, atteignant 4,35 milliards USD à la fin septembre dernier, contre 3,08 milliards USD seulement à la même période de l’année d’avant, est-il souligné dans la note de la Banque d’Algérie..
Au chapitre des importations, la note de la banque des banques relève également une hausse de près de 900 millions USD, soit 3,21%, passant de 27,97 milliards USD à la fin septembre 2021 à 28,87 milliards USD durant les 9 premiers mois de l’année 2022.
Dans ce contexte, c’est l’encours de la dette extérieure qui poursuit sa tendance baissière, en s’établissant à 2,914 milliards équivalent dollars seulement à la fin septembre dernier, alors qu’il était à 3,062 milliards équivalent dollars à la même échéance de 2021, un niveau déjà jugé faible.
Une croissance tirée par l’industrie, l’agriculture et le BTPH
Concernant la situation globale de l’économie nationale, le même document de la Banque d’Algérie relève en premier lieu un taux de croissance de 2,8% durant les 9 premiers mois de 2022, précisant qu’hormis les hydrocarbures ayant connu une croissance négative de – 1,5%, tous les secteurs économiques ont contribué à cette croissance, dont principalement l’industrie qui a enregistré une croissance de 5,1% durant la période de référence, l’agriculture 4,5%, le BTPH ainsi que le secteur des services marchands qui ont enregistré une croissance de 4,2% chacun.
La dynamique qu’ont observée ainsi les différents secteurs économiques durant l’année précédente a entrainé aussi une augmentation des crédits à l’économie de l’ordre de 4,17% durant les 9 premiers mois de l’année 2022 ayant atteint le niveau de 10 202,9 milliards de dinars, contre 9 794,7 milliards DA durant la même période de l’année 2021. Une grande part des crédits à l’économie a été allouée au secteur privé, précisaient précédemment diverses analyses émanant du gouvernement.
Sur le plan monétaire, la liquidité globale des banques elle aussi a enregistré une augmentation significative de 579,4 milliards de dinars, atteignant 1 809,1 milliards DA à la fin septembre 2022, contre 1 331,9 milliards DA à la même période de l’année d’avant, note également le document de la Banque d’Algérie..
Raffermissement du dinar face à l’euro
Profitant d’un climat peu favorable au sein du marché européen qui subit les conséquences de la guerre en Ukraine, dont les tensions sur les produits énergétiques plombant la machine économique de l’UE, ce qui a d’ailleurs fait passer la monnaie unique à son plus bas niveau depuis sa création de moins d’un dollar l’été dernier, le dinar algérien a gagné des points face à l’euro durant la période de référence, relève la Banque d’Algérie. dans sa note.
Selon le document en question, la monnaie nationale s’est appréciée de 11,92% face à la monnaie unique durant les 9 premiers mois de 2022, ce qui est considéré comme une «forte appréciation. Sur le marché des changes, un euro atteint 138,29 dinars durant cette période, contre 157 DA précédemment.
Outre l’euro, le dinar s’est également raffermi face au dollar américain et s’apprécie de 3,9% à la fin septembre 2022, note également la Banque d’Algérie, expliquant cette tendance par « la volonté de la Banque d’Algérie de lutter contre l’accélération de l’inflation importée en contexte de sous-évaluation ponctuelle du dinar, par rapport à ses fondamentaux, et de la faiblesse conjoncturelle de l’euro ».
Une inflation qui frôle les deux chiffres
Néanmoins, en dépit des efforts consentis pour l’endiguer, l’inflation, elle, n’a pas cessé de s’accentuer. Estimée précédemment entre 8 et un peu plus de 9%, l’inflation s’est finalement rapprochée de 10% durant les 9 premiers mois de 2022, en atteignant 9,73% selon la note de la Banque d’Algérie qui précise que « l’inflation s’est avérée persistante et a atteint des niveaux jamais observés depuis plusieurs décennies ».
A ce niveau, l’inflation a donc persisté durant cette période de l’année 2022 et enregistre 1,72% de plus, après avoir été à 8,01% à la fin du troisième trimestre de 2021. La hausse des prix à la consommation a atteint des niveaux différant d’un groupe de produits à un autre, précise la note de la Banque d’Algérie, citant le groupe « éducation, culture et loisirs » qui a enregistré une hausse de 14,61%, le groupe « alimentation et boissons non alcoolisées » 13,38% et le groupe « divers » 11,34%.
Mohamed Naïli
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