L’économie algérienne s’est montrée résiliente malgré un contexte international défavorable, marqué une baisse de la croissance et une forte inflation qui ont impacté négativement l’économie mondiale dans sa globalité, en raison de l’impact de la crise sanitaire de Covid-19 et des perturbations géopolitiques liées notamment au conflit russo-ukrainien, affirme le rapport annuel de la Banque d’Algérie pour l’année 2022, publié ce samedi.
«L’activité économique en Algérie a enregistré une croissance appréciable après une forte récession de 5,1 % en 2020 suite au choc pandémique, et un rebond à 3,4 % en 2021 pour s’établir à 3,2 % en 2022 », explique le document de la BA, estimant que cette performance est le résultat d’une nouvelle dynamique que connait l’économie locale en dehors du secteur des hydrocarbures.
La situation macroéconomique globale de l’Algérie demeure solide, affichant une amélioration globale de tous les indicateurs macro-financiers, affirme le rapport annuel qui appuie son analyse par la situation générale et les éléments exogènes ayant pu impacter négativement notre économie, comme cela est le cas ailleurs.
Si l’économie a été tirée vers le haut par les exportations hydrocarbures en 2021, grâce à une reprise de l’activité économique mondiale post-Covid-19 et une augmentation des prix à cause du conflit russo-ukrainien, les performances de l’année dernière sont dues en partie à l’activité macroéconomique, notent les auteurs de ce rapport de 131 pages, avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 4,3% hors hydrocarbures en 2022 contre 2,3% l’année précédente.
«La croissance du PIB en volume hors hydrocarbures est passée de 2,3 % en 2021 à 4,3 % en 2022, tandis que celle des hydrocarbures a reculé de 0,6 % en 2022 après une forte croissance de 10,5 % une année auparavant », lit-on dans le document en question.
Forte croissance du secteur agricole
La contribution du secteur agricole est importante, selon la BA qui en fait état, même si elle est quasiment au même niveau que les autres secteurs d’activités. Mais comparativement aux précédentes années, l’agriculture connait en effet un certain boom grâce notamment à l’exploitation accrue des terres sahariennes sur lesquelles misent les pouvoirs publics pour assurer la sécurité alimentaire du pays et exporter davantage de fruits et légumes. Mais c’est «sous l’effet de l’augmentation de la production céréalière après la sécheresse de 2021» que le secteur a rebondi.
Selon les chiffres de la Banque d’Algérie, « le secteur agricole a enregistré une croissance de 5,8 % contre une baisse de 1,9 % en 2021 », alors que le «secteur industriel a enregistré une croissance quasiment stable de 5,2 % en volume en 2022 contre 5,3 % l’année précédente».
«La croissance économique hors hydrocarbures progresse à un rythme très soutenu, en hausse de 2 points de pourcentage pour s’établir à 4,3 % en 2022 contre 2,3 % l’année précédente. Cette évolution est due à une hausse de la production de tous les secteurs et au rebond particulièrement marqué du secteur de l’agriculture, sous l’effet de l’augmentation de la production céréalière après la sécheresse de 2021», lit-on dans le rapport.
Bénéficiant de meilleures conditions météorologiques, la croissance de la production céréalière a « sensiblement augmenté de 51,4 % en 2022, après une forte contraction de 37 % une année auparavant, soit une production de 41,9 millions de quintaux en 2022 contre 27,6 millions de quintaux en 2021 », note le rapport de la BA qui fait état aussi d’un bond significatif des filières oléicole, viticole et des agrumes, tandis que les cultures maraîchères qui « ont vu leur valeur ajoutée en volume baisser à 135,6 millions de quintaux en 2022 contre 146,3 millions de quintaux en 2021, soit une baisse significative de 7,3 % ».
Cette baisse, explique la BA est due aux mauvaises performances des cultures de la pomme de terre et de l’oignon, dont la production a respectivement baissé de 11,6 % et de 11,3 % « contre une croissance notable de la production de l’ail de 29,1 % ».
L’augmentation de la production a concerné toutes les filières céréalières : la récolte de blé des deux variétés dur et tendre a augmenté substantiellement de 39,4 % et de 41,6 % respectivement, au même titre que la production d’orge et d’avoine qui a suivi la même tendance, enregistrant une croissance de 98,8 % et de 28,9 % respectivement.
Le défi de la lutte contre l’inflation
Pour leur part, les services marchands ont enregistré une légère croissance de 5,5 % en 2022 contre 4,9 % en 2021, et les services non marchands une croissance de 2,8 % en 2022 contre 1,5 % en 2021, sous l’effet d’une reprise post-pandémique soutenue et l’accroissement des dépenses de l’État, ajoute la première institution financière du pays, faisant état d’un taux d’inflation annuelle de 9,70% en 2022, dont une partie a été importée, précise la même source.
«L’évolution des prix montre, qu’au niveau national, l’inflation en moyenne annuelle a atteint 9,70 %, et celle du Grand Alger a enregistré une inflation de 9,27 %. Les prix des biens alimentaires ont augmenté de 13,4 % suite à la hausse des cours mondiaux des produits de base dont les produits alimentaires », explique la BA.
Dans le détail, le rapport de la Banque d’Algérie impute la hausse des prix à la consommation aux biens «à fort contenu d’import » et qui a enregistré « un taux d’inflation en moyenne annuelle de 15,55 % en 2022 contre 6,56 % en 2021 ».
« L’inflation sous-jacente, mesurée par l’indice hors produits agricoles frais et produits à prix réglementés, s’est établie à 8,93 % en 2022 contre 6,07 % l’année précédente. Un taux inférieur à l’inflation globale (9,27 %) dénotant de la persistance de la forte contribution des produits agricoles frais à l’inflation globale », indique par ailleurs la BA.
Dans un contexte d’inflation mondiale et d’une appréciation du Dollar américain face à la monnaie européenne l’Euro, le Dinar algérien a perdu 4,9% de sa valeur face au dollar en 2022 mais s’est apprécié de 6,8% face à l’euro durant la même période, contre des dépréciations respectives de 6,1 % et de 9,3 % en 2021 en moyenne annuelle, explique le rapport de la BA
Toutefois, si l’Algérie connait «un très faible taux d’endettement extérieur », avec une dette extérieure totale de 3,036 milliards de dollars à fin 2022 contre 3,070 milliards de dollars à fin 2021, «la persistance des tensions inflationnistes, notamment d’origine importée, reste un défi majeur à court et moyen termes », avertit la Banque d’Algérie.
Lyès Menacer
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