Nouvel aéroport international d’Oran : un joyau signé Cosider
Des péripéties, le projet du nouvel aéroport international d’Oran, venu pour doter la capitale de l’Ouest d’une aérogare digne de sa stature, en a connues. Confiée à Cosider Construction, une fois les études du français EGIS-AVIA terminées, la réalisation du projet sera confrontée à de nombreux problèmes, liés à la nature du sol et aux impacts de la pandémie, ainsi que d’ordre financier.
Le maître d’œuvre finira par trouver des solutions à toutes les contraintes, notamment techniques, non prises en charge par l’étude, en mobilisant tous les moyens humains et techniques pour livrer le projet dans les délais. Les points faibles sont transformés en points forts : les capacités d’accueil passent de 2,5 à 3,4 millions de passagers par an.
Résultat : Oran a un aéroport international digne de son statut de ville qui abritera les Jeux méditerranéens 2021. Premier ouvrage du genre réalisé par Cosider Construction, l’aéroport, qui porte le nom du défunt président Ahmed Ben Bella, est un joyau.
Un bâtiment intelligent
C’est en empruntant le parcours d’un passager, de ses bagages et du circuit des formalités, au départ et à l’arrivée, que nous avons découvert le nouvel aéroport international d’Oran, dont l’inauguration officielle est prévue pour mai prochain. L’opération d’installation des équipements aéroportuaires qui a démarré au mois de février dernier étant à présent terminée, les essais techniques d’atterrissage d’avions sur le tarmac de cet aéroport , qui porte le nom du défunt président Ahmed Ben Bella, auront lieu la fin du mois en cours.
Imposant, le bâtiment sertit d’espaces verts, dont les arbres et les plantes sont adaptés au sol salé, œuvre de Cosider Agrico, se dévoile une fois les 2,5 km de la bretelle qui y mène sont franchis.
Un tronçon réalisé par Cosider Construction, comme le précise d’emblée Ali Ousmer, directeur du pôle, avant de nous orienter vers le parking couvert d’une capacité de 1 200 places et qui fait face à l’aérogare. Aérogare qui compte deux autres parkings à ciel ouvert ceux-là, d’une capacité de 1 200 places chacun.
Nous franchissons le seuil du nouvel aéroport par la porte d’entrée départs, des équipes de techniciens s’affairent à installer des équipements destinés aux 32 guichets, équitablement répartis de part et d’autre de la zone d’enregistrement. Le bruit des chignoles, scies et autres outils résonne dans cet immense hall tapissé d’un marbre scintillant. «C’est un matériau de qualité, comme le sont d’ailleurs tous les matériaux utilisés dans la réalisation de cet ouvrage, le bois est anti-feu, l’aluminium haut de gamme, rien n’a été laissé au hasard, chaque détail a été étudié», fait remarquer notre guide alors que nos regards sont dirigés vers les luminaires suspendus dans l’enceinte habillant l’espace d’une autre touche de modernité.
«Ce sont des luminaires qui viennent tout droit de Pologne, ils ont une durée de vie de 30 ans. L’éclairage est géré par le pilote KNX qui détecte les pannes, et pour plus de confort, il gère la luminosité dans l’enceinte du bâtiment pour adapter l’éclairage au rythme naturel», indique le directeur de pôle qui tient à préciser que le bâtiment est équipé d’une station photovoltaïque. Réalisée avec la collaboration du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), elle a une capacité de 1,7 MGW, ce qui représente 25% de la consommation électrique de ce bâtiment où rien n’a été laissé au hasard.
Alors que nous nous acheminons vers l’espace formalité de police et des douanes, notre attention est attirée pars des panneaux en verre, d’une certaine hauteur, tel un rideau tombant de la toiture. «Ce sont des écrans de cantonnement pour limiter la propagation de la fumée et assurer une sécurité maximum. Il faut savoir que tous les matériaux utilisés, notamment les portes, sont anti-feu. Au sous-sol, les écrans de cantonnement sont en tissu», explique le directeur du pôle, alors que nous descendons vers le sous-sol technique.
L’espace technique 7 m sous l’eau
Un couloir, qui paraît infini dont le sol est en époxy, s’offre au regard. De part et d’autre, se trouvent les locaux techniques où travaillent de nombreux techniciens qui semblent avoir maille à partir avec des mètres de câbles électriques pour au final tenir le bon bout. «Au départ, l’étude n’avait prévu qu’un couloir technique, quand nous avons commencé les travaux, nous avons été confrontés aux particularités du sol. L’ouvrage se trouve sur une sebkha, de nombreuses cavités sont localisées, les remontées d’eau sont très fréquentes, nous nous devions d’apporter des solutions techniques pour bâtir sur du solide», explique le Ali Ousmer, ingénieur en aménagement et technicien supérieur en travaux de construction. L’enceinte est consolidée et protégée par des palplanches, tout comme il a été décidé d’installer des regards avec des systèmes d’exhaure dans les quatre coins du bâtiment pour évacuer l’eau.
La décision est alors prise de ne plus se contenter d’un couloir technique, mais de dédier tout le sous-sol, dont la surface avoisine celle du rez-de-chaussée, aux locaux techniques, dont le traitement et l’acheminement des bagages vers les 5 tapis de remises des bagages aux passagers. Espace qui était prévus dans l’étude initiale au rez-de-chaussée. Avec ce nouveau niveau totalement exploitable, la capacité d’accueil de l’aéroport est quasiment doublée. Des changements, des ajustements et des réajustements, il y en aura tout au long de la réalisation de cette infrastructure aujourd’hui livrée.
Les délais contractuels respectés
Après l’entame des travaux de réalisation de l’aéroport en 2013, certains problèmes, notamment géotechniques, ainsi que la présence d’une nappe phréatique au droit de l’ouvrage sont apparus, ce qui a nécessité, évidement, le lancement d’études supplémentaires et l’établissement de nouveaux plans d’exécution qui ont été soumis, pour validation, aux différentes parties prenantes du projet, à savoir le maître d’ouvrage et le bureau d’études. La complexité de cette opération ainsi que les délais des approbations requises pour la libération des fonds supplémentaires ont coïncidé avec la crise sanitaire, allongeant ainsi la durée d’exécution des travaux, explique Ousmer, le directeur du projet.
400 agents de Cosider mobilisés
L’approche des Jeux méditerranéens fera accélérer les choses. Les visites du ministre des Transports puis celle du Premier ministre ont contribué à débloquer la situation. Le 4 octobre 2021, le Premier ministre, en visite sur les lieux, a ordonné la reprise du chantier et fixé la date de la fin des travaux au 31 décembre 2021.
Une équipe pluridisciplinaire de 400 personnes, comprenant une centaine d’ingénieurs et d’architectes, à laquelle s’ajoutent plus de 300 agents sous-traitants, est à pied d’œuvre. «Nous avons travaillé en 3×8 heures, un défi nous a été lancé, nous l’avons relevé et nous avons même reçu les félicitations du Premier ministre», dira Ali Ousmer qui tient à préciser que Cosider Construction a également construit le bâtiment administratif, livré depuis un moment déjà, un hangar fret de 9 000 m2 et la structure du service de sauvetage et de lutte contre les incendies des aéronefs, par abréviation SSLIA.
«C’est dire que nous avons réalisé et dans les normes internationales un aéroport, et c’est une première pour Cosider, dont les filiales qui sont intervenues sur ce projet ont travaillé en toute complémentarité», dira pour conclure, non sans une certaine fierté, le directeur du pôle.
Reportage réalisé par S.A
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