Des pesticides 100% naturels, ne contenant aucun produit chimique industriel ou toxique, sans effets nocifs sur l’homme et l’environnement, c’est l’innovation qui a permis à Zeino Abdelyamine, Co- gérant de l’entreprise Bit Bait, de décrocher le premier prix de l’innovation PME-PMI d’une valeur d’un million de dinars, en 2010. « Ce prix nous a permis de réaliser l’extension de notre entreprise. Il est arrivé à temps car, nous avions demandé cette extension à L’ANSEJ et n’avions eu aucune réponse » se rappelle Abdelyamine qui, avec sa sœur, ont travaillé dur avant d’en arriver là et de mériter d’autres consécrations.
Ingénieur en chimie ayant décroché son diplôme en 1995, il nous raconte comment il a quitté l’Algérie à la recherche d’une opportunité de travail. « À cette époque, il était très difficile de trouver du travail ici, alors je suis parti aux émirats arabes unies où j’avais trouvé un emploi dans une maison d’édition. Nous avions un problème de cafard et étions à la recherche d’une solution radicale pour nous en débarrasser. Des collègues syriens avaient alors une recette très efficace, il s’agit d’un mélange de lait, de farine et d’acide borique, en fait une recette de grand-mère mais, qui avait donné de très bons résultats. L’idée m’était venue alors de commercialiser cette formule mais, il fallait d’abord l’améliorer car elle séchait très vite. Ma formation d’ingénieur en chimie aidant, je me suis mis à la recherche d’une solution que j’ai rapidement trouvée. En 1997, j’ai ouvert une entreprise de nettoyage puis en l’an 2000, une petite usine pour fabriquer ce produit mais, je n’ai pas réussi à enregistrer cette invention car, des tests de toxicologie effectués par des Européens ont confirmé l’utilisation de l’acide borique. Je n’ai pas baissé les bras et j’ai continué à chercher pour trouver une formule plus naturelle ». En l’année 2002, Abdelyamine quitte les émirats et s’installe en Syrie où il relance son projet et l’année d’après, c’est-à-dire en 2003, il enregistre la marque Bit Bait à l’institut national de la propriété industrielle. La vente du produit était alors assurée par des partenaires Syriens. « il était évident pour moi que je n’allais pas rester indéfiniment à l’étranger ; dans cette optique, ma sœur qui était en Algérie a crée en 2004 une entreprise dans le cadre de l’Ansej. C’est vous dire que je préparais déjà mon retour. En 2008, j’avais enfin trouvé une solution pour un insecticide 100% algérien et complètement naturel. C’est aussi l’année où je suis rentré au pays. » Abdelyamine ne perd pas son temps puisqu’en 2009, il enregistre son pesticide à l’INAPI. Une année après, il soumet sa marque à l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle à Genève. La réponse qu’il reçoit le comble de fierté. « Vous êtes le premier arabe à avoir déposé une nouvelle technologie dans les pesticides» lui dit-on. Depuis, les consécrations se suivent, en 2011, l’entreprise décroche le prix de la créativité des entreprises crées dans le cadre de l’Ansej, en 2012, c’est le prix de l’innovation qui lui est décerné lors de la première édition de l’innovation price of Africa qui a eu lieu à Adis Abéba. En 2014, Bit Bait est élu parmi les 50 meilleures innovations en Afrique. Malgré ces prix obtenus, et beaucoup d’autres, qui sont la reconnaissance de la qualité de son produit, naturel puisqu’il est à base de gypse naturelle, il reste que les entreprises publiques ne les associent pas à leur plan de charge. « Nous offrons une solution idéale pour le rat des champs, dont souffrent les agriculteurs. Ce produit est non seulement efficace mais, il est sans effets néfastes sur les plantes. Mieux, à la longue, il devient un fertilisant » nous explique Abdelyamine Zeino et d’ajouter « nos produits sont fabriqués à base de produits naturels Algériens, nous n’importons rien. De plus, nos pesticides ne représentent aucun danger pour la santé de l’homme et de l’environnement. Nous souhaitons faire partie du plan de charge des entreprises publiques car, nous estimons que nos solutions sont très intéressantes. Elles ne nuisent pas à l’environnement et n’ont pas besoin de recourir à des produits importés » défend Abdelyamine son produit qu’il estime être intéressant sur tous les plans.
Khadidja Mohamed Bouziane