Appartenir à un Groupe, adopter sa stratégie, ses codes, ses exigences sans pour autant abandonner son âme, c’est possible.
La preuve nous en a été donnée par SEAT, la soixantenaire.
Une délégation de journalistes algériens, accompagnée par une équipe de Sovac et menée par Adel Zerouk, le responsable de la marque, a visité cette usine, fin avril dernier.
Tous ceux que nous avons eu l’occasion de rencontrer, lors de cette incursion dans le temple SEAT, que ce soit sur site, dans les différents ateliers, au cours des briefings précédents ou clôturant la visite de l’usine de production Martorell qui se situe à une trentaine de kilomètres de Barcelone, nous ont démontré combien il était important « de garder l’esprit d’une marque sans empiéter ou adopter l’esprit de l’autre ».
Une conviction que défendra avec beaucoup « d’abnégation » le directeur de communication de la marque, Antonio Valdivieso, dont la gestuelle démontre l’appartenance et l’attachement à cette maison, qu’il connaît « sous toutes les coutures », devenue une des marques du groupe Volkswagen en 1986, après bien des péripéties vécues avec l’italien FIAT qui l’a « engendrée ».
L’histoire de la marque espagnole dont on vante souvent la fraîcheur d’esprit, le directeur de la communication la raconte comme une épopée, un parcours jonché d’expériences, quelques fois malheureuses, qui a abouti en 1990 à l’absorption totale de SEAT par Volkswagen.
« Une combinaison germano-espagnole gagnante », dira pour conclure Antonio Valdivieso qui indique que cette marque, aujourd’hui présente dans 76 pays, consacre quelque 337 millions d’euros en recherches et développement.
Design et technologie
Le design et la technologie étant le maître mot dans cette entité qui refuse de se départir de son âme espagnole et la preuve est le succès intact d’IBIZA qui en est à sa 4ème génération. C’est dire que « la personnalité et le caractère » des voitures de cette marque ont leurs adeptes.
« SEAT se veut une marque dynamique qui a sa personnalité et qui y tient », fait remarquer Tony Gallardo, Responsable du département design dans lequel oeuvrent 137 personnes dont 46 designers, répartis en 3 équipes (design extérieur, intérieur et engineering).
Si le travail sur la voiture hybride, écologique est bien amorcé, les ambitions sont ailleurs. « Le défi est que nous réussissions une voiture qui soit connectée au monde extérieur, une voiture qui communique ….. », nous précise t-on.
En attendant le département recherche et développement travaille pour faire embarquer sur les voitures de la marque des motorisations modernes (TDI, DSG et TSI).
Un département est toujours à l’affût de ce détail qui pourra relancer une gamme. Et sa longévité l’Ibiza la doit à cette quête incessante du renouveau qu’explore et met « en boîte » le centre technique, où grouillent quelques 920 personnes dont les 2 tiers sont des techniciens spécialisés, que dirige Stefan Illijevic qui affirme que ce ne sont pas moins de 360 projets et 58 prototypes que le centre met sur pied.
Les différents tests auquel est soumis chaque modèle (55 000 simulations et 1 million de km/an), sont voulus pour « asseoir » la fiabilité de la gamme SEAT qui a séduit bon nombre d’Algériens.
Contrôle et contrôle …
La visite guidée à travers l’unité de production SEAT, jadis une simple unité de montage et aujourd’hui « l’un des équipements les plus modernes de son genre en Europe » où on ne fabrique pas que des voitures de la marque, nous l’entamons par l’atelier presse où prennent corps les véhicules.
Le process, c’est Lisa Poli qui nous le fait découvrir en mettant l’accent sur la particularité de chacune des opérations de « la pièce patron » au produit fini.
Ainsi 30.000 coupes et 38.000 pièces sont réalisées par jour. 240 personnes travaillent dans cet atelier « façonnage » de pièces qui proviennent de chez Volkswagen. « En plus d’être très productifs, nous nous devons d’être très flexibles pour répondre aux attentes des prochaines étapes de fabrication..», dira notre guide à travers cet espace de 18.000 m2 où la machine robot (presses de coupe, de tassage et de transfert) règne.
L’accent sur la notion de contrôle qualité est mis alors que nous passons devant des techniciens scrutant une des pièces carrosseries sorties de la presse.
« Chaque 150 pièces, il y une vérification pour voir s’il n’y pas d’erreur. La moindre erreur entraîne le rejet de la pièce par la chaîne… ».
Ici, ce sont les carrosseries de 3 modèles Ibiza, 2 modèles Altea, la Léon et le Q3 destinée qui sont fabriquées. Le Q3 est destiné aux Etats Unis.
Un peu comme pour enfoncer le clou, sur cette notion de précision, de qualité, de dextérité, la visite de l’atelier « estampation », pour reprendre notre guide espagnole, se termine devant un tableau récapitulatif des blisters des voitures de la marque.
L’accent est mis sur cet interstice qui sépare le capot de l’aile de la voiture et que l’on veut infinissime : « pour la Leon, il est de l’ordre de 2,2 mm, pour une Golf7, il est de 4mm et de 3,1mm pour une Audi A3. C’est dire le degré de précision de nos équipes et de nos équipements »
De la particularité de la soudure
«Les équipes et les équipements » ! L’argument nous est également avancé alors que nous entamons la deuxième étape de notre visite de l’usine de production Martorell, inaugurée en 1993 par le roi d’Espagne, qui s’étale sur 2,6 millions de m2, morcelés en ateliers et bâtisses et ponctués par des espaces verts . L’atelier d’assemblage, où les employés se déplacent à vélo sur 120.660 m2 et où se côtoient robots et personnels, est impressionnant par la justesse et la complémentarité des mouvements de la machine et de l’homme.
« Ici sont assemblés la base, les latéraux et le toit de la voiture pour faire la carrosserie. Nous livrons 2900 pièces par jour… », explique Ignassi Serra, Responsable de l’atelier carrosserie, alors que nous évoluons dans le module où sont fabriqués 3 modèles de la Ibiza.
« Et il y a possibilité de fabriquer un 4ème modèle… », fait remarquer, mine de rien, le responsable de l’atelier carrosserie qui clôt la visite devant une cabine de soudage au laser : « Voyez, c’est une géométrie parfaite pour réussir la soudure. C’est une technique qui coûte cher, mais le résultat est là, la soudure est uniforme sur toute la ligne du toit… ».
Une voiture chaque minute trente…
Le toit, les latéraux, le châssis définitivement scellés sont envoyés pour le montage final.
La peinture faite, le numéro de châssis gravé, l’ossature de la voiture arrive par voie aérienne vers une plate-forme intelligente où le moteur et les éléments électroniques sont intégrés en une fraction de seconde, les 106 vis qui scellent l’assemblage, sont serrées.
« Si une vis est mal mise, la ligne s’arrête automatiquement et l’ingénieur procède à la vérification», précise Ramon Cassas, le directeur de l’atelier montage final où, au fur et à mesure que nous avançons, l’élément humain devient important, « durant ce processus de montage, n’importe quelle personne, quel que soit le sexe ou le physique, peut monter une pièce indépendante même lourde et imposante…».
Aidées par des machines, des femmes « installent » une pièce de l’avant de la voiture. Elles sont en nombre dans cette unité où travaillent 4000 personnes ! « Pas tant que ça, elles constituent 25% de l’effectif », rectifie Ramon Cassas qui nous convie à suivre une Seat Leon jusqu’à sa sortie d’usine.
Un bon point pour SEAT Algérie
La Léon, véhicule qui se vend bien en Europe, a été consacrée voiture de l’année 2014 par le club algérien des journalistes automobiles.
« C’est la première fois que SEAT reçoit ce prix dans le continent africain », confie Jürgen Stackmann, à la tête de SEAT depuis une année, au cours du point de presse organisé à l’arrivée de la délégation algérienne sur le site de Martorell.
Bien que « la marque progresse bien dans le marché mondial », il reconnaît que le marché algérien a joué une dynamique dans le pourtour méditerranéen. « L’Algérie est un pays phare pour nous. Il détient 5,6% des parts de marché, juste derrière l’Espagne qui en détient 5,8% et l’Autriche, 7%.
Dans les autres pays, ce chiffre ne dépasse pas les 2% »
A l’occasion, il souligne le succès de la Léon dans les différents marchés où, elle a été introduite en 2013, et qui a connu une progression de 66%.
Le marché algérien n’est pas en reste, le travail de l’équipe de SEAT Algérie et le Groupe Sovac est chaleureusement signalé par le numéro un de la marque espagnole qui a su s’amarrer au Groupe allemand et profiter des moyens mis pour la recherche et le développement.
« Notre équipe en Algérie possède la force mentale et les compétences pour avancer avec fierté et poursuivre la réussite »
Et c’est avec le sentiment que le travail paie toujours que nous quittons l’usine que nous avions rejoint à partir de Valence, à bord de différentes gammes de voitures de la marque.
Valence que nous avions ralliée la veille à partir de Barcelone à bord de ces mêmes voitures pour des essais presse.
Seat, c’est 11 500 emplois directs, presque autant d’emplois indirects puisque pas moins de 35 équipementiers se sont installés autour de l’usine qu’ils fournissent.
Ce sont 355 000 ventes en 2013 réparties sur 76 pays et un chiffre d’affaires de 6,8 milliards d’euros.
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