Le stand de « Cuir GS », ne désemplît pas en ce samedi 09 janvier, dernier jour de l’exposition de Yennayer organisé sur trois jours à la ferme pédagogique de Zéralda, où nous sommes allés à la rencontre de Sami Guessoum, dont les initiales GS forment le label de ses créations de sacs en cuir.
Une marque qui suscite la curiosité de celles qui se sont arrêtées devant le stand de Sami Guessoum, admiratives pour la diversité, toute en couleur, de sacs qu’il propose à la vente, mais pas que. « C’est une occasion pour Sami de faire découvrir ses créations, celles qui les connaissent reviennent, ici, c’est pour elles l’occasion de voir, de toucher et même de sentir le cuir.
Je suis agréablement surprise par l’intérêt que les travaux de mon frère ont suscité » confie Soulef, sa sœur, son premier fan, son commercial lors de cette exposition vente, mais aussi et surtout son digital marketeur. C’est d’ailleurs par une de ses publications que nous avons eu l’information de la présence de ce Constantinois à cet évènement.
Discret, Sami Guessoum suit de près les échanges de Soulef avec les clientes, un échange qui, confie-t-il, lui « permet de voir ce qui plait et ce qui ne plait pas, de relever les remarques qu’il retient pour améliorer ses produits qu’il veut « souples, faciles à porter, légers, pratiques mais aussi jolis».
Cet artisan en maroquinerie, qui travaille à perpétuer le savoir-faire familial, souhaite donner des ailes à « Cuir GS ». Il est installé à la vieille ville de Constantine (Souika), là où son père, Mahmoud, avait commencé. Sami Guessoum, synthèse d’un parcours familial aux multiples détours, évoque avec beaucoup de tendresse et de respect celui auprès duquel il a tout appris.
« Mon père réparait les chaussures sous le colonialisme, il fabriquait des sacs pour femmes quand l’Algérie est devenue indépendante et il a loué puis acheté cet atelier en 1968, mais il a ensuite fait faillite quand l’Algérie a décidé d’ouvrir le marché à l’importation aveugle. Il est devenu alors artisan à tout faire dans la maroquinerie afin de survivre et faire vivre sa famille. J’ai atterri dans l’atelier de mon père après mon échec scolaire, je n’avais d’autres choix que d’aider mon père et apprendre un métier manuel ». Une obligation qui deviendra très vite pour Sami Guessoum une passion.
Sami Guessoum décide alors d’en faire son métier, d’en vivre, mais aussi et surtout de reprendre la confection de sacs et autres objets de maroquinerie. Hélas, l’importation des sacs, pour la plupart de contrefaçon de marques, s’installe et anéantit les efforts et les rêves de toute la corporation de Sami.
L’artisan, dont la carte ne sert finalement pas à grand-chose de produire à nouveau ou de créer, reprit « l’atelier a continué d’exister mais dans la réparation de sacs ou de vestes en cuir.» La fabrication de sacs, il s’y remet mais pour une seule cliente, sa sœur, Soulef. « Des années durant, j’ai fabriqué des sacs pour elle.
Elle est, en quelque sorte, mon égérie. Fonctionnaire aux Nations unies, Soulef voyage énormément et a constamment besoin de sacs, qui soient solides, légers et élégants à la fois, donc en cuir. Elle dit toujours : « Je n’aime pas les sacs de marque car à chaque fois que je craque pour un, je ne l’utilise pas car il est simplement lourd ».
Pour répondre à la demande de sa sœur, Sami a donc supprimé d’abord la doublure car elle alourdit le sac, travaille sur des dimensions pratiques pouvant contenir un ordinateur, un bloc note et autres objets de son globetrotter de sœur. Et au grand bonheur de cette dernière, Sami joue avec les matières et les couleurs et donne naissance à des produits uniques.
Les efforts de Sami Guessoum paient, le cercle de ses clientes s’élargit aux amies et collègues de sa sœur qui ont aimé le concept et les couleurs.
L’espoir nait de la crise…
La fermeture des frontières pour cause de la pandémie de la Covid 19, l’émergence du service de livraison et de la vente en ligne a encouragé Sami à créer en août 2020 ses pages sur Facebook et Instagram. La livraison de ses créations est enfin possible.
L’intérêt est tel qu’il décide d’organiser en octobre 2020 sa première exposition à Riadh El-Feth à la Galerie Dar. « Cette exposition était pour moi très importante, je voulais rencontrer les clientes car la vente en ligne ne permet pas de toucher l’objet, d’évaluer le travail et les finitions et encore moins de sentir le cuir ou toucher sa texture » explique Sami qui, lors de cette exposition, se rend compte que beaucoup de femmes avouent être en quête de produits locaux de qualité, même si parfois elles « rechignent » sur le prix.
« Souvent, je fais des efforts sur le prix, même si, à mon avis, le rapport qualité/ prix y est. Le rapport serait meilleur si mon plan de charge était plus important car il faut savoir que souvent, je m’approvisionne en petite quantité de peaux et en deuxième main. J’aurais aimé me fournir directement chez les tanneurs, pour une plus grande quantité et un meilleur prix, mais hélas, je ne peux le faire car ma production est très modeste. Reste que les prix de « Cuir GS » sont les plus bas sur le marché, » confie Sami Guessoum qui rêve de s’agrandir et de rendre le cuir accessible à tous mais aussi et surtout pouvoir commander des peaux avec ses propres couleurs et travailler sur une nouvelle collection.
Encouragé et aidé dans le choix des modèles, des couleurs et dans la gestion de sa page « Cuir GS », par sa sœur et sa nièce, Sami Guessoum, motivé, est plus que jamais décidé à présenter de nouveaux modèles pour le printemps 2021.
Sabrina Mouloud
Publié in DZEntreprise numéro 41
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