[dropcap]D[/dropcap]ans cet entretien, le président du collège national des experts architectes (CNEA) dresse la situation du secteur de l’habitat de manière globale et du marché de la location particulièrement. Il rappelle que le coût du mètre carré à été multiplié par 128 entre 1969 et 2015.
[highlight color=”DZE”] DZEntreprise : [/highlight] Quelle évaluation faites-vous du marché de l’immobilier en Algérie ces dernières années ?
Il est important de souligner que compte tenu d’une forte demande au niveau des grandes villes d’une part, et du coût élevé de la construction d’autre part, le prix du logement proposé a atteint des sommets, ce qui rend les logements inaccessibles à la majorité des usagers.
C’est ce qui explique notamment la ruée de tous les fonctionnaires vers les logements AADL et LPP.
A titre indicatif, le coût du m2 est passé de 750 DA en 1969, à 96 000 DA en 2015, soit 128 fois le prix.
A ne pas oublier aussi que la grande majorité des demandes en logements se concentre au niveau des grands pôles urbains du nord du pays.
Ce qui est à l’origine d’un déséquilibre flagrant entre la ville et la campagne sans compter l’absence totale d’une politique de la ville.
[highlight color=”DZE”] DZEntreprise : [/highlight] Comment expliquez l’anarchie qui caractérise ce secteur ?
Il est toujours utile de répéter que les raisons profondes du marasme du secteur sont dues essentiellement à la marginalisation des professionnels de la construction qui est gérée par des profanes.
La véritable question qui se pose est de savoir s’il existe réellement une crise de logement en sachant que le dernier recensement (du 08 avril 2008) de la population et de l’habitat a fait ressortir 1,5 million de logements inoccupés, et sans compter un nombre identique de bâtisses inachevées.
Sur les 1 541 communes du pays, combien d’entres elles disposent d’un fichier exhaustif reprenant le parc existant, les réserves foncières, les besoins réels de la population, les capacités matérielles et humains de réalisation.
On peut dire que peu d’études ont procédé à ce type de recensement, notamment pour ce qui est du logement vétuste et précaire.
Là dessus, on remarque le paradoxe qui consiste à se soucier uniquement du logement neuf sans se préoccuper de la réhabilitation du parc vieillissant.
[highlight color=”DZE”] DZEntreprise : [/highlight] Quid du contrôle du marché de la location ?
Il faut souligner que la réglementation en la matière est étoffée mais le problème réside dans sa méconnaissance et dans la non-application des textes de lois.
De même qu’on enregistre un taux important de personnel non qualifié (un manque d’environ 10 000 cadres).
S’agissant du secteur privé, c’est le gain financier (la prédominance de ceux qu’on appelle les «smasra») et non pas la règle de l’offre et de la demande qui l’emporte sur le niveau des prix appliqués.
En plus de cela, ceux qui ont recours à la location, sont souvent confrontés à des contentieux et des tracasseries administratives qui prennent beaucoup de temps avant d’être réglés.
Dans certains cas, les loyers sont devenus incompatibles avec le portefeuille des ménages. Car, le marché est livré à lui-même depuis des années.
[highlight color=”DZE”] DZEntreprise : [/highlight] Quelles sont les mesures à mettre en application pour organiser le secteur ?
Le mal du secteur réside dans l’absence de stratégie avec des objectifs minutieux en moyen et long termes.
Cette stratégie ne peut émaner que de professionnels dont les architectes, urbanistes, ingénieurs, géomètres, sociologues, anthropologues et spécialistes.
Celle-ci doit entrer dans le cadre de l’aménagement du territoire qui devra garantir un équilibre géographique et préserver les réserves agricoles.
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