Diminution de la pluviométrie, élévation des températures, envasement des barrages, érosion de plus de 13 millions d’hectares dont 4 millions d’une manière très grave à Mostaganem et Chlef, sont, entre autres, quelques phénomènes témoins que l’Algérie est bel et bien concernée par les changements climatiques qui menacent sérieusement notre biodiversité et aussi notre agriculture.
C’est autour de ce thème préoccupant que la deuxième conférence internationale sur l’énergie et l’environnement a centré le débat début juin à Alger.
[dropcap]O[/dropcap]rganisée en mai dernier à Alger par Symbiose communication environnement, qui n’est pas à sa première manifestation, cette deuxième conférence arrive à point nommé avant le sommet mondial sur l’environnement, d’abord pour décrypter tous les enjeux liés à l’environnement en Algérie mais aussi pour trouver un terrain d’entente afin d’aller vers un accord international sur les changements climatiques.
En effet, la situation de l’Algérie est, selon le secrétaire général du ministère des Ressources en eau et de l’Environnement
«préoccupante et l’Algérie est l’une des régions les plus vulnérables. L’épisode de sécheresse vécu depuis quelques années, les inondations qui interviennent dans plusieurs régions du pays ne laissent plus de doute que les changements climatiques, avec toutes leurs conséquences, font partie de notre réalité. Il faut dire aussi que ces changements nous interpellent à chaque fois et font qu’ils sont le centre d’intérêt du ministère.
Ils nous imposent de rationnaliser notre énergie et d’aller vers les énergies renouvelables, seule alternative pour préserver nos ressources naturelles et notre environnement et faire des déchets un gisement pour le développement d’une économie verte ».
L’une des conséquences des températures de plus en plus élevées et de la sécheresse est constatée au niveau des activités agricoles dont le calendrier connaît un véritable dérèglement ainsi qu’une baisse d’au moins 50% dans la production des céréales, c’est en fait le secteur le plus vulnérable et le plus touché.
Cette sécheresse a aussi engendré un déplacement agro-climatique de 100 kilomètres vers le nord du pays.
En plus de l’érosion des terres agricoles, il est aussi constaté une érosion côtière qui cause la perte de linéaires de plages.
Ces phénomènes ne sont pas sans impact sur les finances du pays puisqu’en 2009, les dommages directs ont représenté 1,8% du PIB algérien.
Lutter contre ces changements climatiques n’est pas l’affaire d’un seul secteur.
«Ceci nécessite une approche pluridisciplinaire. C’està- dire plusieurs secteurs et segments doivent impérativement adopter des politiques sectorielles cohérentes car les enjeux touchent l’environnement, mais sont aussi économiques et sociaux», affirme un cadre des ressources en eau lors de son intervention.
Cette lutte existe et concerne les secteurs névralgiques qui sont la santé, et l’agriculture.
« Pour l’année 2015, nous comptons adapter des calendriers agricoles, les campagnes menées pour la rationalisation dans la consommation de l’énergie, l’adoption d’une fiscalité nationale en la matière et le développement des emplois verts».
Les participants à la conférence sont unanimes pour affirmer que les changements climatiques ne sont plus une simple vue de l’esprit.
C’est un danger qui menace la planète.
Pour faire face à ce danger, les pays riches et les pays pauvres ne disposent pas des mêmes moyens.
Aussi, la question pertinente qui s’est imposée est comment permettre aux pays en développement d’accéder à des financements à même de les aider à appliquer des programmes de lutte et à préserver leurs ressources ?
Il était aussi question de trouver la meilleure formule pour aller vers un accord international sur les changements climatiques, car les visions sont divergentes par rapport à cette question.
L’Algérie, de même que d’autres pays, doit afficher ses ambitions sur la responsabilité des pays dans ce phénomène, ses efforts dans le cadre de la lutte et, enfin, les financements et l’accompagnement dans cette lutte.
Ces propositions seront soumises à la plate-forme de Paris où chaque pays est invité à soumettre ses ambitions et ses vues sur les intérêts qu’il y a à combattre ces changements climatiques.
Enfin, comme le résume le professeur Thomas Stocker de l’institut de physique de l’université de Berne, qui a fait partie du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat GIEC, «il ya un sentiment d’urgence pour agir et prendre des décisions pour réduire et limiter le réchauffement moyen global à 2 degrés centigrades».
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